Des Nouvelles du Monde, vous m’en direz tant, naquit le 28 octobre 1977, sixième souveraine de la dynastie. Elle connut un succès certain et contribua à exporter l’image de marque du royaume qui vit sa notoriété croître à l’étranger, notamment au pays du King.

Cet album se remarque tout d’abord à sa pochette devenue célèbre, d’après une peinture originale de Frank Kelly Freas de 1953 (ce grand nom de l’illustration S.F vient d’ailleurs de quitter notre monde en cette aube de 2005 : R.I.P), qui montre le groupe à l’agonie, dans les mains d’un gigantesque robot.
Si News of the World a surtout marqué les esprits avec les inévitables 'tubes ultimes' qui ont fait le bonheur de toutes les associations sportives depuis 77, "We Will Rock You" et "We Are the Champions", pour ne pas les nommer, il paraît cependant moins convaincant que les opus précédents et le suivant. L’album sonne ici de manière moins faste, moins excentrique et, par voie de conséquence, se révèle moins enthousiasmant, en dépit de son lot habituel de bons morceaux. Mais reconnaissons au moins que le groupe fait des efforts appréciables pour évoluer.
Indépendamment de la qualité du disque, notons que la guitare est davantage en retrait, moins flamboyante, permettant de ce fait au piano d’occuper davantage l’espace sonore. Encore une fois, le chant de Freddy Mercury s'améliore, par petites touches, mais avec certitude.

Quoi qu’il en soit, la variété des genres est au rendez-vous, mais de manière plus épurée. On peut évoquer tout d’abord le hard-rock frénétique de "Sheer Heart Attack" et son côté un poil dissonant et cru. Pour la petite histoire, Roger Taylor avait commencé à composer ce titre pour l’album éponyme, mais de toute évidence, il a un peu traîné, le morceau ne trouvant sa forme définitive que 3 ans plus tard. On a droit aussi à la touche de funk austère de "Fight From the Inside", chanté par Taylor, assez moyen. On apprécie la complainte, aux accents minimalistes, "All Dead, All Dead", qui met en avant la mélodie au piano, chantée avec bonheur par Brian May, ou encore la ballade rock et accrocheuse "Spread Your Wings" (plus tard reprise à la façon 'massacre à la tronçonneuse' par nos amis de BLIND GUARDIAN. Notez que j’aime bien Massacre à la Tronçonneuse.)

Pour l’originalité, on pourra écouter le psychédélique "Get Down, Make Love", avec son rythme brisé, sa petite ritournelle au piano, et surtout son côté expérimental bien barré, à défaut d’être vraiment convaincant. Evoquons aussi le rock old school "Sleeping On the Sidewalk", chanté par May, ou encore la chanson pop, exotique (vive les maracas) et glamour, "Who Needs You", deux titres sympathiques, mais qui manquent quand même d’ambition.

Cela dit, on se rattrape vers la fin avec le gros titre de six minutes trente, "It’s Late", mid-tempo hard-rock et lyrique qui, même s’il a un peu vieilli, avec sa montée en puissance inéluctable et son refrain accrocheur, vient réveiller les oreilles assoupies de l’auditeur, sans pitié aucune. Et pour finir sur une note intimiste, apprécions "My Melancholy Blues", un blues mélancolique, je parie que vous ne vous en doutiez pas, où Freddie nous offre une interprétation de diva tout à fait exquise, my dear.
Les deux tubes internationaux, quant à eux, bien qu’ils soient dans l’esprit de l’album (peu d’arrangements : le célèbre gimmick de batterie de "We Will Rock You" ; le leitmotiv au piano de "We Are the Champions"), paraissent un peu en marge : placés au début, dans leur configuration canonique, on n’a pas vraiment la sensation qu’ils s’intègrent au reste de N.O.T.W. Mais il ne s’agit peut-être que d’une impression parce qu’on les a bien davantage entendus que le reste de l’album. En d’autres termes, j’ai le sentiment que leur succès planétaire a un peu nui à la cohérence du disque, mais sans pouvoir l’affirmer de manière péremptoire : il ne s’agit peut-être que d’une illusion issue de mon cerveau déliquescent.

News of the World me laisse une impression assez tiède. Le groupe donne à croire qu’il se repose des monstres dont il a accouché précédemment, et c’est sans doute l’explication la plus logique. Troquant sa défroque d’effets chatoyants pour un costume plus sobre et décontracté, QUEEN continue de changer de chemise car la reine sait très bien qu’en définitive c’est la routine qui tue l’amour, et tant pis si cette fois son habit ne procure pas les frissons de passion escomptées, elle continuera de chercher à nous séduire par la suite, pour le pire et pour le meilleur. Surtout pour le meilleur. Comme d’habitude.