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YELLO - Baby (1991)
Par WALTERSMOKE le 10 Janvier 2016          Consultée 1904 fois

Est-ce qu'un groupe comme Yello était condamné à ne pas exister fort longtemps ? En d'autres termes, une fois son apogée artistique atteinte, n'aurait-il pas été judicieux de fermer boutique ? Ce genre de question, pour être franc, doit être vu comme un purulent déchet qui mérite de finir à la poubelle. Ne plus rien apporter de nouveau ne veut en aucun cas dire ne plus rien apporter du tout, et les exemples ne manquent pas. Dans le cas de Yello, tout ce qui pouvait avoir été dit d'innovant l'a été jusqu'à Stella (1985), ce qui ne veut pas dire que les albums suivants ont pu être mauvais, même si Flag (1988) a pu être décevant. Et si à l'orée des années 90 les nouveaux loups de la meute électro débarquent en force, le duo suisse a encore des forces à jeter dans la bataille.

Nanti d'une pochette-vague hommage à Gustav Klimt (et pas si moche en plus), Baby, septième opus de Yello, présente donc Boris Blank et Dieter Meier dans la nouvelle décennie. Comment vont-ils faire face à la vague IDM et autres ambient techno qui commence à faire fureur ? Hé bien ils vont... accentuer leurs penchants world/pop. Tout simplement. Qui s'attendait à voir Yello se déchaîner comme jamais avec de nouveaux joujoux sera bien déçu. De plus, il faut reconnaître qu'aussi bon ou mauvais soit l'album, il paraît être en retard d'une guerre. Il serait paru à la fin des années 80, voire au milieu, nul doute qu'il aurait attiré l'attention et qu'un critique aurait écrit « en tout cas, cet album est bien original ». En 1991, on ne s'en fout pas, mais l'arrière-goût de décalage est bien flagrant.

Mais on s'en fout en fait, surtout quand seule la musique en elle-même intéresse. Et que dit-elle, cette musique ? Hé bien, Yello reste Yello, à savoir un univers bariolé et fou furieux, avec des crooners à la voix puissante et un délire musical fort travaillé. La question, cependant, est de se demander si le duo a réusi à faire mieux que Flag. La réponse est indubitablement oui : si l'ambiance générale est la même partout, la répétition n'a pas lieu d'être sur Baby. Du moins, ça c'est quand on ne rentre pas dans les détails ni quand on ne connaît rien d'autre de Yello. Car du recyclage saute aux oreilles dès qu'on débarque sur "Rubberbandman". Le chant de Meier est exactement le même que sur Bimbo, morceau ouvrant le tout premier album, Solid Pleasure (1980). Seules les paroles changent, et il faut un certain moment pour s'en accomoder. De même, les cuivres de "Jungle Bill" ne manqueront pas de renvoyer au coeur de "The Race", le fameux tube de 1988. Doit-on pour autant parler de manque de créativité ? Non, car Yello se réutilise pour avancer et proposer de nouvelles pièces, qui plus est bonnes. Car oui, "Rubberbandman" et "Jungle Bill" font partie du meilleur de Baby. S'il fallait créer une compile de Yello, nul doute que ces deux-là y figureraient.

Le reste de l'album est plus inconsistant. Côté pile, "Capri Calling" propose une nouvelle chanson à la James Bond, avec Billy MacKenzie qui revient au poste de chanteur après quelques choeurs sur Flag. Seul mais notable défaut, cette chanson si sensuelle (bon, un peu cliché aussi) est terriblement courte. "Who's Gone" ne paraît pas très original au sein même de l'univers Yello, mais le refrain a un petit quelque chose d'accrocheur. Enfin "Drive/Driven" complète en vérité le trio gagnant de l'album, avec un Dieter Meier au sommet de son art dans un décorum latino et onirique. Quant au côté face, hé bien ce n'est pas la joie. "Sweet Thunder" propose un final dramatique mais trop long, tandis que "On the Run", s'il n'a aucun rapport avec le machin de Pink Floyd (ouf), aurait pu tout simplement être écarté de la sélection ici présente.

Baby est en définitive un bon album. Yello a su offrir un album influencé par l'Amérique latine, et qui a également bénéficié de la touche magique du groupe, qui avait déjà pondu de véritables perles par le passé. Les choses ont quelque peu changé depuis la décennie précédente, mais qu'importe, tant que la musique est bonne, inutile de chercher à regarder dans le rétroviseur, si ce n'est pour se perfectionner.

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- Dieter Meier (chant)
- Boris Blank (claviers,choeurs, production)
- +
- Billy Mackenzie (chant sur 6, choeurs sur 2 et 7)
- Beat Ash (percussions sur 2, 3, 5 et 7)
- Marco Colombo (guitare sur 3, 7 et 9)
- Ernst Gamper (guitare sur 6)
- Rolf Aschwanden (accordéon sur 7)
- Patrizia Fontana (choeurs sur 8)


1. Hommage To The Mountain
2. Rubberbandman
3. Jungle Bill
4. Ocean Club
5. Who's Gone
6. Capri Calling
7. Drive/driven
8. On The Run
9. Blender
10. Sweet Thunder



             



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