Ce n’est pas sans une certaine appréhension que j’achetai ce disque, le premier de l’ère Hogarth. Comment en effet succéder à un chanteur comme Fish sans aussitôt attirer la méfiance des admirateurs de l’Ecossais ? D’autant que la couverture de l’album se révèle hautement provocatrice pour les habitués du groupe, puisque tous les symboles associés à l’ère Fish sont brûlés, noyés ou éparpillés aux quatre vents.

Le premier titre se laisse écouter, mais n’annonce pourtant rien de bien passionnant pour le reste de l’album. Et pourtant… Au cours des 8 chansons qui suivent, MARILLION offre une preuve incontestable de son talent, et en particulier de celui de son nouveau chanteur. Bien moins théâtral que Fish, Hogarth possède dans sa voix une élégance et une douceur ambiguë qui transfigurent chacun des morceaux. L’album comporte ainsi quatre chefs-d’œuvre incontestables de la carrière de MARILLION : "Easter", ballade acoustique sur les déchirements du peuple irlandais, "Seasons End", sur le changement climatique, mais surtout "Berlin", pièce épique où le saxophone vole presque la vedette à la guitare de Rothery. L’album se referme de façon parfaite sur "The Space", une chanson grandiose dont l’écoute provoque toujours de longs frissons.

Bien moins noir et torturé que Clutching at Straws, Seasons End annonce les grands changements qui vont survenir dans la musique du groupe. Paradoxalement, bien qu’il soit le premier album de cette nouvelle ère, il en est également un des meilleurs. Seuls Brave et Marbles peuvent prétendre également à ce titre.