Et voici venir le premier album électronique de VANGELIS, j'ai nommé Heaven & Hell. Le compositeur grec se met à faire usage de manière intensive de tous types de claviers et synthétiseurs. Ceci étant, il fait encore appel à bien des instruments plus traditionnels (choeurs, piano, percussions), qu'il maîtrise avec un talent indéniable – certains pourraient même évoquer le génie.

Heaven & Hell, c'est tout d'abord une aberration flagrante et immanquable : sa tracklist. La présence de deux mouvements est terriblement trompeuse, puisqu'on compte effectivement 8 sous-morceaux bien distincts, aussi étranges que passables. Ensuite, quitte à parler des défauts de l'album, VANGELIS présente ici une certaine propension à la pompe. Il faut être honnête, il ne fait pas partie des musiciens les plus modestes qui soient, et il aura tout le loisir de le prouver tout au long de sa carrière. C'est ainsi que la seconde moitié de la face A paraît assez boursoufflée et prétentieuse, avec des envolées symphoniques pour le moins ridicules. Le pire arrive cependant avec Jon Anderson et son "So Long Ago, So Clear". Pour rappel, VANGELIS avait auditionné sans succès pour remplacer Rick Wakeman chez YES en 1974, mais une amitié l'a lié au chanteur du groupe. Dans les faits, elle a donc abouti à cette chanson (la première pour VANGELIS depuis APHRODITE'S CHILD), horriblement sirupeuse, mièvre.

Par contre, pour la deuxième partie, c'est du tout bon ou presque. Le 'presque' vaut pour le final, assez anecdotique comme le dit Arp2600, mais il souffre surtout de la grande qualité de ce qui le précéde. "Intestinal Bat", "Needles and Bones", et surtout l'incroyable "12 O'Clock", ou comment VANGELIS enchaîne trois pièces essentielles de son oeuvre globale – et je pèse mes mots. Oscillant entre minimalisme relativement pop ("Needles and Bones") et froide grandiloquence martiale ("12 O'Clock"), le compositeur frappe fort, et sait surtout être mesuré, là où il s'épanchait de l'autre côté du vinyle.

Malgré quelques boursoufflures, Heaven & Hell est un album des plus remarquables, et dont on ne saurait que trop conseiller les meilleurs moments à qui que ce soit. VANGELIS abandonnera cependant son habit symphonique pour une musique encore plus électronique, plus progressive, mais surtout meilleure.