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VANGELIS - Rosetta (2016)
Par AIGLE BLANC le 29 Novembre 2016          Consultée 3001 fois

La recherche spatiale s'intéresse depuis des années aux comètes qui errent dans l'espace. Selon la communauté scientifique, elles pourraient fournir à l'homme des renseignements précieux qui favoriseraient sa compréhension du processus mystérieux de formation de notre système solaire. En effet, en tant que résidus du Big Bang, les comètes contiennent dans leur structure l'empreinte de la Création du monde.
Rosetta est la sixième sonde spatiale envoyée en mission afin d'étudier la composition du noyau d'une comète. Mais c'est la première à se mettre en orbite autour de celle-ci et à y envoyer un atterrisseur se poser afin de recueillir des images vidéo et des analyses de son sol. Cette mission sous la responsabilité de l'ASE (l'Agence Spatiale Européenne) vise la comète 67P Churyumov-Gerasimenko surnommée 'Tchouri'. Commencée en 2004, l'opération suivit plusieurs étapes : il s'agissait tout d'abord pour Rosetta de se rapprocher de la comète afin de se mettre ensuite en orbite autour de celle-ci. Cette phase à elle seule nécessita un voyage de dix années dont la destination fut atteinte en janvier 2014. Le 12 novembre 2014, après avoir enregistré des images autour de 'Tchouri', Rosetta procéda au lancement de Philae, l'atterrisseur chargé de se poser sur la comète. Le petit appareil, prenant le relais de la sonde, put ainsi recueillir des informations géologiques. Son autonomie n'outrepassant pas trois jours, il rendit l'âme non sans avoir récolté une foule d'informations qui aideront l'homme à mieux comprendre ses origines. Enfin, fière du succès technologique et humanitaire de sa mission, l'ASE libéra Rosetta de ses obligations, lui offrant une retraite bien méritée sur le sol de 'Tchouri' où elle se posa le 30 septembre 2016 pour y demeurer ad vitam eternam.

VANGELIS se trouva à sa grande surprise enrôlé dans cette mission le jour où il reçut de l'ASE une invitation à communiquer avec André Kuipers, l'astronaute qui se trouvait en 2012 au-dessus de la terre dans la station spatiale internationale. Au cours de la conversation avec son idole, A. Kuipers, qui passait ses journées en orbite spatiale bercé par la musique de VANGELIS, lui offrit une visite virtuelle de la station dans laquelle il vivait depuis six mois. Le compositeur grec dont la passion pour l'astronomie ne surprendra personne lui posa toutes les questions voulues relatives à ce domaine. Quelques mois plus tard, VANGELIS eut l'honneur de recevoir chez lui l'astronaute accompagné de membres éminents de l'ASE venus lui proposer une collaboration musicale dont le présent album est le résultat.

Etant donné la nature exceptionnelle du projet à l'origine de cet opus, le choix de VANGELIS pour en composer la musique a tout d'une évidence pour qui n'a pas oublié l'imposant Mythodea, sa collaboration de 2001 avec la NASA pour commémorer sa mission vers Mars. Mythodea et Rosetta s'offrent en quelque sorte comme la bande originale de deux missions spatiales, œuvres solennelles s'il en est comme les affectionne tant l'artiste.
Rappelons à juste titre qu'il a signé en 1976 et 1977 les albums Albedo 0,39 et Spiral, inscrits à l'époque dans le courant spatial initié par PINK FLOYD et poursuivi par TANGERINE DREAM (Zeit -1972), Klaus SCHULZE (Cyborg -1973) et Jean-Michel JARRE (Oxygene -1976).

Autant dire que Rosetta se présentait a priori sous les meilleurs auspices, offrant à VANGELIS l'opportunité de revenir sur le devant de la scène après un quasi silence de 15 ans. Bien que le compositeur n'eût pas vraiment mis fin à ses activités, composant sa version 2007 de Blade Runner à l'occasion du coffret commémoratif des 25 ans du chef-d'oeuvre de Ridley Scott, composant aussi la bande originale d'une adaptation théâtrale des Chariots de Feu, rien ne laissait présager la sortie d'un album aussi ambitieux.
L'affection de l'artiste pour les hymnes ("Alpha", "To the Unknown Man", "Les Chariots de Feu", "1492 Conquest of Paradise", "Voices", "Anthem -2002 Fifa World Cup"), son talent inné dans la création de fresques visuelles ("Heaven & Hell", "Flamands Roses", "Himalaya", "Theme From Antarctica"), sa précocité à élaborer des ambiances sonores fascinantes ("Création du Monde", "La Mer Recommencée", "Invisible Connections"), sa poésie spatiale planante ("Spiral", "Blade Runner Blues"), tout portait à penser que le maître des claviers électroniques combinerait dans Rosetta toutes les facettes de son génie. Un mélange de musique spatiale spectaculaire rappelant les grandes heures des années 70, des passages plus expérimentaux dans la lignée de Beaubourg ou d'Invisible Connections, le tout agrémenté, entre les titres, de transitions ambient. Il se dégageait même de la belle histoire de Rosetta une dimension philosophique voire métaphysique qu'il avait su explorer magnifiquement à l'époque de L'apocalypse des Animaux.

Ce que j'ai pu croire en ce nouvel album ! La douche après la première écoute n'en fut que plus froide. Pourtant, de prime abord, tous les éléments semblent réunis pour marquer le grand retour de VANGELIS, et en priorité ce qui a contribué à sa renommée internationale : le son orchestral dont il a le secret, sa signature la plus évidente.
Ce qui déçoit en premier lieu, c'est l'absence de mélodies mémorisables, ces hymnes dans lesquels il excellait. Des mélodies, Rosetta n'en manque pas, elles fourmillent. Certes, mais alors dans quelle banalité sont-elles tombées ! Tous les plans amorcés ici ont déjà été maintes fois entendus en bien mieux inspirés. Même son album Direct de 1988, dont je n'ai jamais été fan à cause de sa nature si commerciale et de sa paresse artistique, déployait une palette sonore autrement plus riche. Les 13 titres de l'opus, entre 3 et 6 minutes, ne permettent jamais à l'auditeur d'atteindre l'état de contemplation visé pourtant par le sujet de l'oeuvre. C'est d'autant plus étonnant que c'était là encore l'un des points forts du maître : sa capacité à s'emparer de l'auditeur et à l'entraîner dans un voyage envoûtant où brillent de superbes arrangements soutenant un sens visionnaire d'exception. Il n'est qu'à comparer la plus modeste des compositions de Opera Sauvage pour mesurer l'écart entre le génie qu'il était en 1979 et son image affadie d'aujourd'hui.
Aucun titre ne sombre dans la nullité certes, VANGELIS a trop de métier pour cela, mais ce qui se produit est pire : Rosetta souffle l'eau tiède que ne viennent égayer aucun moment magique, aucune fulgurance, même sporadiques. Les pistes s'enchaînent comme à son habitude dans un confort d'écoute appréciable duquel est absente toute trace d'émotion, un comble pour le compositeur sensible de "La Petite Fille de la Mer", "Le Singe Bleu", "Theme From Missing". A peine peut-on retenir le titre "Rosetta", celui où transpire le plus la sincérité du musicien. Pour le reste, en guise de voyage spatial au long cours, c'est le calme plat. On peut sauver aussi "Philae's Descent" qui évoque, il est vrai, par ses sonorités et ses rythmes pulsés, les grandes heures de Soil Festivities.
L'hymne que voudrait être "Rosetta's Waltz" reste trop collé à son illustre prédécesseur ("Conquest of Paradise") pour réellement convaincre. En revanche, le titre qui suit, "Perihelion", a le mérite d'introduire une séquence du plus bel effet. On se prend à regretter que VANGELIS n'ait pas davantage joué sur ce cliché de la musique électronique qui aurait propulsé Rosetta dans une tout autre dimension.
On peut affirmer que le meilleur du disque est relégué dans son dernier tiers, soit quatre titres d'une envergure plus conforme à ce qu'on attend communément d'un VANGELIS moyen. "Return To the Void" conclut l'opus sur des tintements cristallins bienvenus, réminiscences des ambiances polaires d'Antarctica, qui voudraient nous aider à reposer doucement le pied sur terre. Oui mais voilà, encore eût-il été préférable qu'eût lieu le voyage tant promis.

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- Vangelis (tous les claviers)


1. Origins
2. Starstuff
3. Infinitude
4. Exo Genesis
5. Celestial Whispers
6. Albedo 0.06
7. Sunlight
8. Rosetta
9. Philae's Descent
10. Mission Accomplie (rosetta's Waltz)
11. Perihelion
12. Elegy
13. Return To The Void



             



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