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MUSIQUE ÉLECTRONIQUE  |  B.O FILM/SERIE

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VANGELIS - Blade Runner Trilogy (2007)
Par AIGLE BLANC le 17 Mars 2015          Consultée 3098 fois

AVERTISSEMENT : cette chronique de bande originale de film est également susceptible de contenir des révélations sur le film

A Noël 2007, soit 25 ans après la sortie en salles du chef-d'oeuvre de Ridley Scott, VANGELIS a offert aux fans de sa B.O un fort beau cadeau pour le moins généreux. Jugez donc : un coffret digipack de trois volets ouvrants contenant trois galettes. Atteint de folie mégalomaniaque, le compositeur grec aurait-il plongé tête la première dans le délire des oeuvres jamais abouties dont il vendrait ad vitam nauseam aux geeks les plus mordus des versions incessamment remaniées? Il faut rappeler que Ridley Scott lui-même a attendu 2011 pour vendre le director's cut définitif de Blade Runner après avoir lancé pas moins de 5 versions alternatives de son film sur le marché.
Un retour en arrière s'impose pour démêler l'imbroglio relatif à la musique de ce film référent de la Science-Fiction moderne.

Le générique de fin de Blade Runner stipule que la Bande Originale est éditée par Polydor. Un disque avait bien paru en 1982, mais il ne s'agissait point de cette édition. D'ailleurs, Polydor n'a jamais édité à ce jour la musique du film.
Corsée fut la douche froide pour les fans le jour où ils ont constaté avec fureur que la galette tant convoitée n'était nullement la version originale de VANGELIS, mais une version au rabais transposée pour Orchestre et interprétée par le New American Orchestra, version insipide et terriblement tronquée d'où avaient disparu la magie des sons électroniques et les atmosphères futuristes! Les fans du film n'ont eu que cette mascarade à se mettre dans les oreilles jusqu'en 1989, année de la sortie de Themes, une superbe compilation qui, comme son titre l'indique, rassemblait des musiques de VANGELIS composées pour le cinéma et dans leur version originale !
Themes permet de découvrir des B.O inédites de VANGELIS : celle du film Missing de Costa Gavras, celle de Mutiny On The Bounty et, cerise sur le gâteau, deux titres extraits de Blade Runner : le fameux "Love Theme" au saxophone et le générique de fin aux accents futuristes. Mais une telle mise en bouche ne pouvait rassasier la frustration de ceux qui espéraient depuis 1982 la sortie de la B.O originale et complète.
Il fallut patienter jusqu'en 1994, soit douze ans après la sortie du film, pour enfin découvrir 'la bête'. Cependant, des voix se sont élevées, passé le premier quart d'heure d'éblouissement, pour fustiger VANGELIS de n'avoir pas sorti la version intégrale. En effet, manquaient à l'appel des thèmes d'envergure comme celui de la mort de Tyrel et celui du combat final entre Roy et Deckard sur les toits dégoulinants du Los Angeles enfumé, plus quelques passages ambient soulignant les scintillements de la ville.

C'est alors qu'entre en scène ledit coffret dont le second CD offre aux fans transis tout le matériel absent de la version officielle de 1994.
Soyons honnête. Si le disque retranscrit toutes les ambiances fascinantes de Blade Runner, il ne saurait s'écouter comme une B.O normale. En effet, ce serait une B.O délestée de ses thèmes principaux les plus fédérateurs qui se trouvent quant à eux tous présents dans la version de 1994. VANGELIS disposait apparemment d'un matériel très important pour l'époque qui couvrait en durée quasiment 80 minutes soit la grande majorité du long-métrage. Si vous y prêtez attention, vous remarquerez qu'il y a fort peu de séquences sans musique dans Blade Runner. Même quand elle ne s'impose pas à la scène, la musique est là qui tisse un univers fascinant fait de bruitages électroniques et de nappes synthétiques atonales. Si cette musique subliminale se fond parfaitement dans l'image au point de suggérer plus que ce qu'elle montre, en revanche, elle s'écoute plus difficilement sans son appui. Les 45 minutes de la galette recueillent la veine ambient de l'oeuvre et ne valent que pour la richesse des textures sonores : une sonate pour tintements cristallins et stridences synthétiques. Pour ma part, je trouve que ces travaux expérimentaux anticipent l'album atonal et avant-gardiste du VANGELIS de 1985, Invisible Connections, qui n'est pas loin s'en faut l'opus le plus connu du maître. Les adeptes d'Ambient Music s'y plongeront avec délice et les vrais fans du film boiront du petit lait.
Ce CD propose quand même deux moments essentiels de la B.O : le duel entre Roy et Deckard, ce que VANGELIS a composé de plus puissant selon moi ("Deckard and Roy's Duel") et surtout l'époustouflant choeur vangelisien qui retentit dans le sublime "Dr Tyrell's Death" avec des accents Carl Orffiens du plus bel effet qui magnifiaient la séquence où Roy assassine son créateur. A l'exception de ces deux plages de renom, le reste risque de ne pas intéresser un large public.

Passons maintenant à la troisième galette composée elle aussi d'inédits mais contemporains cette fois dudit coffret, datant donc de 2007. Ce que nous propose ici VANGELIS est très original, du moins c'est la première fois qu'un artiste à ma connaissance adopte une pareille démarche. Il ne s'agit pas de réinterpréter la B.O de Blade Runner pour en livrer une version techniquement supérieure à l'originale. Ca, c'est ce qu'ont fait Jean-Michel JARRE et MIKE OLDFIELD avec Oxygene et Tubular Bells pour un résultat très proche de l'original mais amélioré du point de vue technique d'enregistrement. VANGELIS ne s'inscrit pas dans cette démarche passéiste puisque sa nouvelle version de Blade Runner, intitulée Blade Runner 25, propose un tout nouveau matériau de base où le musicien revisite son oeuvre pour nous en livrer sa nouvelle vision. L'artiste a évolué (du simple fait déjà qu'il a pris 25 ans dans le bide) et sa vision de Blade Runner a suivi l'évolution de son regard.
Stylistiquement parlant, B.R 25 ne dépareille pas de B.R 82. VANGELIS y distille des sonorités empruntées à ses anciens albums comme par exemple ce son de piano Fender si caractéristique de son très beau Opera Sauvage. On retrouve aussi un saxophone jazzy qui rappelle celui de Dick Morrisey dans le célèbre "Love Theme" sans que jamais Dimitris Tsakas ne copie son modèle. Et plusieurs bruitages empruntés à ceux du film (cliquetis de machines et autres sirènes nocturnes de source plus urbaine) saupoudrent l'ensemble des titres pour former une couche atmosphérique à la saveur de madeleine pour les fans.
La nouveauté vient des voix. Il ne s'agit pas des voix de Don Percival (chanteur de la love song rétro "One More Kiss Dear") ni celle de Mary Hopkin (la voix suave du classique "Rachel's Song") dont VANGELIS réutilise des samples dans le titre d'ouverture "Launch Approval" et le troublant "Perfume Exotico". Ce sont au contraire les spoken words de Ridley Scott dans "Up And Running", de Oliver Stone dans "B.R Downtown", de Rutger Hauer dans "No Expectation Boulevard" ou ceux de Edward James Olmos dans "Perfume Exotico" et de Roman Polanski dans "Spotkani Z Matka". Toutes ces voix parlées sont celles d'acteurs qui ont joué dans le film (E.J. Olmos, R. Hauer) ou de cinéastes avec lesquels VANGELIS a travaillé (R. Scott, O. Stone et R. Polanski). Le musicien leur a demandé de se laisser enregistrer soit au cours d'une conversation ou d'une conférence (R. Scott et O. Stone) soit en train de lire un poème dans le cas d'E.J. Olmos. La multiplicité des sources sonores servant de background à la plupart des titres (on y entend même Zhao Yali l'ambassadeur de la République Populaire de Chine) révèle en VANGELIS un talentueux autant que méconnu Sampleur et recrée parfaitement l'univers cosmopolite et foisonnant de Blade Runner.
On y savoure les mêmes climats feutrés qui distillent une saveur de Polar des années 30. VANGELIS recrée un univers musical rétro teinté de jazz où transpire une solitude suintante de spleen malgré de subtiles consonnances exotiques. Seulement, B.R 25 ne se hisse jamais au niveau d'un grand album. Aucun titre faible n'est à déplorer, mais aucun d'excellent non plus. C'est ce qui fait sa limite.

P.S : Pour la chronique du CD1, je vous renvoie à celles de Maniac Blues et de ARP2600.

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   AIGLE BLANC

 
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- Vangelis (claviers, percussions)
- Dimitris Tsakas (saxophone)
- Sir Ridley Scott (discussion)
- Oliver Stone (discussion)
- Rutger Hauer (discussion)
- Roman Polanski (discussion)
- Edward James Olmos (lecture)
- Irina Valentinova (discussion)


- cd1
1. Voir La Chronique De La Version Simple De Blade Ru

- cd2
1. Longing
2. Unveiled Twinkling Space
3. Dr Tyrell's Owl
4. Leo's Room
5. One Alone
6. Deckard And Roy's Duel
7. Dr Tyrell's Death
8. Desolation Path
9. Empty Streets
10. Mechanical Dolls
11. Fading Away

- cd3
1. Launch Approval
2. Up And Running
3. Mail From India
4. Br Downtown
5. Dimitri's Bar
6. Sweet Solitude
7. No Expectation Boulevard
8. Vadavarot
9. Perfume Exotica
10. Spotkanie Z Matka
11. Piano In An Empty Room
12. Keep Asking



             



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