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VANGELIS - Reprise 1990-1999 (1999)
Par AIGLE BLANC le 21 Décembre 2015          Consultée 2229 fois

Ce n'est pas tant la légitimité d'un Best Of qui pose problème que les conditions aberrantes présidant presque toujours à son élaboration. Un Best Of ne peut avoir du sens que s'il a suffisamment de matière pour constituer sa sélection. Or, il est fréquent qu'un label en propose un alors que l'artiste concerné n'en est qu'à son quatrième ou cinquième album : une telle précocité est un non-sens artistique (pas commercial bien entendu). De plus, une rétrospective devrait couvrir pas moins de dix ans d'une carrière discographique, l'idéal selon moi étant de vingt ans, sauf si la carrière de l'artiste a pris fin bien avant cette belle date d'anniversaire. En 1999, la discographie de VANGELIS couvrait déjà près de 26 ans de carrière. Cette compilation aurait dû être (dans l'idéal donc) la première en date. Or, il en existait déjà au moins 17 parues dans le monde. Quelle absurdité !

Qu'est-ce qui vaut alors à cette rétrospective l'honneur de la présente chronique? Reprise 1990-1999 ne couvre pourtant que dix ans de la carrière de VANGELIS, soit moins de la moitié de sa longévité, et sélectionne des titres issus d'une moisson assez maigre de 6 albums : les B.O de l492, Conquest of Paradise (1992) et de Blade Runner (1994), The City (1990), Voices (1995), Oceanic (1996) et El Greco (1998).
En fait, la grande qualité de cette opération commerciale, une fois n'est pas coutume, réside dans le confort d'écoute qu'elle offre à l'auditeur. En effet, les 17 pistes de la galette s'enchaînent avec une telle fluidité et présentent une telle homogénéité des ambiances qu'un auditeur néophyte (ou pas d'ailleurs) peut l'apprécier comme un album à part entière.

La B.O de 1492 est la plus représentée ici avec 5 pistes et, quand on sait son exceptionnelle qualité, il n'y a là rien d'étonnant. Bien sûr, nous avons droit à l'inévitable tube international "Conquest of Paradise" dont il n'est plus besoin de présenter le beau choeur masculin de l'armée rouge. Cet hymne à la conquête de l'Amérique par Christophe Colomb demeure aujourd'hui le plus célèbre de VANGELIS qui excelle dans ce registre choral et orchestral, même s'il a tendance à avoir la main lourde, ce que tendent à prouver plusieurs écoutes de ce morceau qui finissent par le rendre agaçant. "Monastery of La Rabida" et "West Across the Ocean Sea", infiniment moins connus, déploient un climat plus discret où le choeur intervient parcimonieusement avec plus de subtilité.

L'album El Greco est présent avec 3 extraits aux climats voisins de ceux de 1492. Pas de choeur grandiloquent cependant, mais un chant soliste lyrique plutôt bien exécuté, sur fond d'ambient électronique. Dans "Movement 6", le ténor Konstantinos Paliatsaras s'en tire avec les honneurs en réussissant à se fondre dans les très jolies ambiances que lui tisse le synthétiste grec. Quant au "Movement 4", il est pris en charge au chant par la soprano espagnole Montserrat CABALLE, habituée du grand écart entre l'art lyrique et la musique populaire depuis son duo de fameuse mémoire avec Freddy MERCURY, et pour laquelle VANGELIS a écrit une partition parfaitement adaptée à sa tessiture vocale, sachant que sa voix n'est plus celle de son âge d'or, comme les sopranos l'apprennent à leur dépend au fil des ans. Dans ce registre, VANGELIS se montre assez convaincant, même si le présent exercice devrait faire ricaner les puristes de la musique classique.

Avec deux titres à l'honneur, l'album Voices présente la chanson atmosphérique "Come To Me" interprétée par l'excellente Caroline LAVELLE dont le timbre et les inflexions vocales tout en retenue se fondent harmonieusement dans le tissu liquide que lui tisse le compositeur. Voilà un titre emblématique du talent du bonhomme qui n'a pas toujours su se montrer aussi inspiré avec Jon ANDERSON.

De Blade Runner, il n'a été sélectionné qu'une piste, la délicieuse et envoûtante mélopée "Rachel's Song" où brille la voix cristalline de Mary Hopkin. Il est dommage qu'une telle collaboration entre les deux artistes n'ait pas abouti à un album complet car c'est sans doute la chanteuse qui se meut avec le plus de grâce dans les harmonies électroniques de VANGELIS. Comment résister à un tel concentré de sensualité ? Magique.

Oceanic livre trois pièces instrumentales. Autant je ne goûte pas cet album plat et peu inspiré, insipidement new-age, autant quelques titres insérés judicieusement dans cette compilation parfont la douceur de l'espace sonore et contribuent à lier des titres issus de sources très différentes.
"Bon Voyage" et " Dreams Of Surf", qui ouvrent agréablement la rétrospective, doivent être appréhendés comme une délicate mise en bouche. Il est étrange de constater d'ailleurs que ces deux pistes sont aussi les deux premières de l'album Oceanic, entrée en matière apte donc à tromper l'auditeur qui connaîtrait bien l'opus précité. Plus loin, "Fields Of Coral" séduit par sa séquence liquide et ses sonorités carillonnantes.

Deux inédits nous sont offerts en guise de cerises sur le gâteau. "Theme From Bitter Moon" nous rappelle que VANGELIS avait composé un joli thème amoureux pour le "Lune de Fiel" de Roman Polanski, bien que ce score n'ait toujours pas été édité.
Quant à "Psalmus Ode", c'est le thème du film La Peste d'après le célèbre roman d'Albert Camus. J'ignorais l'existence de ce film et de sa B.O jusqu'à la présente compilation. Et c'est une autre très grande réussite de VANGELIS qui s'offre à notre admiration. "Psalmus Ode" semble une miniature extraite d'un Requiem. Son ambiance gorgée de ferveur et d'émotion nous renvoie directement au "Miserere" de Gregorio ALLEGRI et c'est un euphémisme d'affirmer que cette composition n'a aucune raison de rougir à côté d'un tel patronyme. Ce qui renforce le lien avec le "Miserere" de 1638, c'est la présence ici d'une voix d'enfant, celle du soprano Jeremy Budd, d'une pureté angélique absolument renversante. Son chant habité est de ceux qui occasionnent des picotements le long de l'épine dorsale. De nouveau, un choeur masculin semblable à celui de "Conquest Of Paradise" soutient admirablement le jeune soliste prépubère. Une merveille de lyrisme à l'intensité croissante. Vraiment, un beau cadeau que ce thème pour un film que personne n'a vu !

L'équilibre entre les passages vocaux (choristes, solistes lyriques ou chanteurs pop) et les pièces instrumentales fait la force de ce disque beau et apaisant. C'est ainsi que le programme se clôt sur les très reposants "Dawn" (extrait de The City) et "Prelude" (de Voices), fin de voyage idéal avant de reposer le pied sur la terre ferme.

Note réelle : 3.5/5

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   AIGLE BLANC

 
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- Vangelis (tous les instruments électroniques, percussionsthe)
- Guy Protheroe (chef de chœur, pistes 4, 5, 15)
- Caroline Lavelle (chant, piste 6)
- Mary Hopkin (chant, piste 13)
- Jeremy Budd (soprano soliste, piste 15)
- Konstantinos Paliatsaras (ténor, piste 10)
- Montserrat Caballe (soprano, piste 14)
- Roman Et Emanuelle Polanski (bruit de pas et dialogue)


1. Bon Voyage
2. Dreams Of Surf
3. Opening
4. Conquest Of Paradise
5. Monastery Of La Rabida
6. Come To Me
7. Light And Shadow
8. Fields Of Coral
9. Movement 5
10. Movement 6
11. West Across The Ocean Sea
12. Theme From 'bitter Moon'
13. Rachel's Song
14. Movement 4
15. Psalmus Ode
16. Dawn
17. Prelude



             



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