Goats Head Soup, c'est un peu le lendemain de fête. Rien d'étonnant au fait qu'après avoir tant donné pendant de si bonnes années consécutives (notamment 71-72), les ROLLING STONES apparaissent fatigués sur cet album-là.

Non pas qu'il soit jetable : agréable, bien fait, mais pas pour autant mémorable. Les rocks mordants à la "Silver Train" et "Dancing With Mr. D" remplissent leur rôle et continuent de faire du faux quintette les chefs de leur rang 'classic'. De même, le blues rural jusqu'à l'os de "Hide Your Love".

En revanche, "Star Star" et "Doo Doo Doo Doo Doo (Heartbreaker)" au son cuivré apparaissent forcés. "100 Years Ago" se perd dans ses méandres brumeux, tout comme la ballade "Coming Down Again" chantée par 'Keef'. Est-ce un simple manque de conviction ou le trop plein d'arrangements ?

Pourtant, les cordes sur "Angie" fonctionnent bien mieux que sur "As Tears Go By", quelques dix années plus tôt. Une jolie ballade folk tubesque pour faire écho à "Wild Horses" deux ans plus tôt, sur-entendue mais toujours agréable, raison première d'avoir ce disque. D'aucuns racontent que Mick et Keith l'ont piquée à des musiciens de rue ; toutefois, en termes STONES, c'est l'évidence !

Outre le jeu imparable de Mick Taylor pour ses avant-dernières heures, on retient un "Winter" plutôt inspiré, ainsi que le bien caché "Can You Hear the Music?", avec ses gammes pentatoniques autrement enracinées que celles du blues, directement imprégnées d'Asie, à la flûte à bec comme au piano de Niky Hopkins. Le genre d'escapade trop rare sur Goats Head Soup, pour éviter les redites !