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ROCK  |  STUDIO

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The ROLLING STONES - Exile On Main Street (1972)
Par A.T.N. le 19 Janvier 2010          Consultée 24854 fois

Accueilli tièdement à sa sortie en 1972, Exile On Main Street est finalement devenu un des STONES préférés des chroniqueurs de tous poils.

J’ai une théorie sur cette évolution de l’opinion. Cela tient, je crois, à ce que nous avons appris entre 1972 et aujourd’hui, après moult interviews, témoignages et biographies. Nous savons désormais tout du contexte de l’enregistrement de ce double 33-tours (les ROLLING STONES quittant l’Angleterre pour échapper au fisc et s’installant sur la Côte d’Azur où la villa Nellcôte devient vite le temple de la consommation d’héroïne, des filles et du rock’n’roll). C’est pour cela que l’album gagne en reconnaissance : pour son aura fantasmatique. Ce disque titille notre inconscient car il a capté les vibrations orgiaques de Keith Richards (il s’agit davantage de son album qu’un pur album des STONES). Exile On Main Street, certes, nous fait ressentir la moiteur du Tennessee ou de la Louisiane, mais il diffuse surtout la chaleur du sous-sol de la villa. Il exhale le plaisir, il magnifie la transgression. Keith incarne un mythe : l’artiste multi-millionnaire, dans une immense propriété, qui flambe des liasses de dollars en substances illicites et s’auto-détruit au soleil avec des potes et des groupies, en enregistrant du rock la nuit avec qui veut bien se joindre à lui. Une vie hors de la vie. La rock star en villégiature. D’autres l’ont fait aussi, mais il s’agit ici de l’autoproclamé 'plus grand groupe de rock du monde', d’où l’impact dans nos imaginaires.

De mon côté, je trouve que cet exil (fiscal, géographique, social, spirituel…) sur les terres d’origine du blues a accouché d’une œuvre surévaluée.

C’est vrai qu’il possède une énergie, un souffle. La meilleure preuve en est le "Rocks Off" d’ouverture. Ca déboule riff en tête (meilleure intro de tous leurs albums), un piano de saloon s’invite pour diaboliser l’ambiance. Jagger zippe through the days at lightning speed, et les cuivres étincelants emballent l’affaire sur les refrains, avec en bridge un intermède psychédélique parfait (voix distordue, grosse reverb). La première fois que l’on écoute cette première des 18 pistes, on prend presque peur : si tout le reste est de cette stature, notre palpitant risque de rendre l’âme avant le dessert, tant cette pêche est contagieuse.

C’est hélas le meilleur morceau.

On ne peut bouder son plaisir, cela dit : on se chauffe avec bonheur, comme un gros matou, aux chœurs black de "Tumbling Dice". On chante à tue-tête le très bon "Sweet Virginia" comme des boys-scouts au coin du feu. On frappe du pied comme un fou sur "Happy", chanté par Keith lui-même (ce morceau, qui deviendra sa signature lors des concerts, est communicatif, l’écouter rendant vraiment ‘happy’ et les cuivres encore une fois n’y sont pas étrangers, c’est génial). On se laisse également envoûter par le mélancolique "Let it Loose".

Mais beaucoup de titres sont trop similaires. Les chansons tournent souvent autour de ce même blues/gospel, empreint des racines de la musique américaine. Quand une intro arrive, je ne sais jamais – malgré de nombreuses écoutes – s’il s’agit de "Sweet Black Angel", de "Shake Your Hips" ou "Turd on the Run" (j’exagère un peu). Les accords sont les mêmes, le feeling aussi, même si Jagger donne tout ce qu’il a (et il est phénoménal). Si on aime les atmosphères du Mississipi, comme le standard de Robert JOHNSON "Stop Breaking Down", l’album est probablement un régal. Mais si on attend des STONES davantage de mélodies, de variations et de tranchant (comme c’est le cas de la précédente livraison), la double galette paraît bien épaisse.

Le grand Mick Taylor est enfin crédité d’un titre : "Ventilator Blues", clin d’œil à la chaleur de la Côte d’Azur. Pauvre riff (qui lui a donc valu le seul et unique adoubement de Richards), morceau faible, loin des fulgurances de Sticky Fingers. Tout ça pour ça.

La relative faiblesse du disque s’explique aussi par le fait que les nuits que Richards a passées à enregistrer – surtout accompagné du producteur Jimmy MILLER et de Mick Taylor, également défoncés à l’héroïne – n’étaient pas des moments de groupe. Jagger ou Watts (Wyman ? C’est qui ?) ne voulant pas suivre la descente aux enfers de leur compositeur, ils ne passaient pas souvent à la villa : la batterie de "Happy" est assurée par MILLER, par exemple, et la moitié des parties de basse est jouée par Taylor ou Richards. Jagger a ainsi passé beaucoup de temps à enregistrer la voix à Los Angeles où ont été ajoutés les claviers, les chœurs, certains morceaux comme "Torn and Frayed" ou "Loving Cup" ayant été enregistrés directement là-bas.

Nous sommes donc loin de la communion d’un studio, d’un véritable travail collectif, et ça s’entend parfois. La voix est en retrait (c'est l'album de Keith, on le disait), le mix n’est pas bon – mais cela fait aussi partie du charme des STONES.

Exile on Main Street est sans conteste un bel hommage aux origines du blues, à la musique noire, un hommage vitaminé sur lequel la patte des Glimmer Twins est incontestable. Il est le témoignage d’une ambiance. Même en pleine consommation massive de drogues, Richards montre que ce qu’il préfère dans la vie, c’est jouer du rock et composer des chansons, et des bonnes. Le fait qu’il soit sorti vivant des années 70 est d’ailleurs un mystère (mais son visage prendra 20 ans en quelques années).

Beaucoup de fans, s’ils sont honnêtes, vous le diront : Exile ? Un des meilleurs albums. Mais je ne l’écoute jamais jusqu’à la fin. Un aveu, à demi-mot, que ce n’est finalement pas un si bon disque que ça. Trop long, pas assez intense. Il souffre aussi de la superbe réussite du précédent. En cette année où paraîssent Transformer, Ziggy Stardust ou Harvest, Exile… est au final un peu décevant.

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   (3 chroniques)



- Mick Jagger (voix, guitare, harmonica)
- Keith Richards (guitares, basse, piano, chant)
- Mick Taylor (guitares, basse)
- Bill Wyman (basse)
- Charlie Watts (batterie)
- Nicky Hopkins (piano)
- Bobby Keys (saxophone)
- Jim Price (trompette, trombone, orgue)
- Ian Stewart (piano)
- Billy Preston (piano, orgue)
- Bill Plummer (basse)
- Al Perkins (steel guitar)
- Jimmy Miller (percussions)
- Clydie King (choeurs)
- Vanetta (choeurs)
- Jerry Kirkland (choeurs)
- Joe Green (choeurs)
- Kathi Mcdonald (choeurs)
- Tammi Lynn (choeurs)
- Shirley Goodman (choeurs)
- Mac Rebennack (choeurs)


1. Rocks Off
2. Rip This Joint
3. Shake Your Hips
4. Casino Boogie
5. Tumbling Dice
6. Sweet Virginia
7. Torn And Frayed
8. Sweet Black Angel
9. Loving Cup
10. Happy
11. Turd On The Run
12. Ventilator Blues
13. Just Wanna See His Face
14. Let It Loose
15. All Down The Line
16. Stop Breaking Down
17. Shine A Light
18. Soul Survivor



             



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