Douze chansons par cinq artistes : 12x5, les génies de la mercatique musicale ont encore frappé. Niché entre Les Nouveaux faiseurs de tubes venus d’Angleterre et Pierres qui roulent : maintenant !, ce Douze fois cinq est le second album de reprises des PIERRE QUI ROULENT sorti aux Etats-Unis. Ce début de chronique vous est offert par l’Association des francophones loufoques du Québec.

Enregistré au printemps de 1964 entre Londres et Chicago, 12x5 est la copie conforme de l’album précédent, à ceci près qu’il est d’abord sorti en E.P sur le marché anglais, et non en album. Comme les Américains n’aiment pas trop ce qui est petit, London Records s’est finalement décidé à ajouter sept chansons à l’œuvre originale. En bons renards des étalages, les petits gars de la maison de disques ont pensé à caler un classique au début et à la fin du vinyle. La reprise qui ouvre l’album, "Around and Around", est un hommage bien rythmé à Chuck BERRY. La voix de Jagger est toujours aussi juvénile, la production aussi imparfaite, mais les six rockeurs en herbe font preuve d’une énergie communicative. Autre standard, "Susie Q" est un bon moment de rhythm and blues, que l’on doit cette fois à Dale HAWKINS. Accessoirement, "Susie Q" sera le premier succès des CREEDENCE CLEARWATER REVIVAL, quatre ans plus tard.

Les autres reprises présentes sur le disque sont plus surprenantes. Sur "Confessing the Blues", Brian Jones et sa bande se lancent dans un blues classique réjouissant, avec un solo de guitare renversant pour ne rien gâcher. "Under the Broadwalk" marque une incursion inattendue sur les terres de la soul, preuve que les STONES s’intéressent à TOUTE la musique noire américaine, y compris les slows sirupeux ("If You Need Me", piqué à PICKETT). Le célèbre "Time Is on My Side" est également de la partie, avec son introduction à l’orgue originelle. C’est sans doute la seule reprise de cet album qui soit plus connue que le morceau original, composé par Jerry Ragovoy.

Comme sur England’s Newest Hit Makers, le duo Jagger/Richards s’est fendu de quelques compositions un peu bancales. "Good Times, Bad Times" est un blues lent qui copie maladroitement les classiques du genre. "Congratulations" et "Grown Up Wrong", sur la face B, ne font pas mieux : tout cela est bien trop sage. Au contraire, "2120 South Michigan Avenue", composé sous le pseudonyme de Nanker Phledge, est un instrumental blues vraiment bien pensé, avec une courte introduction à la basse et un bel échange entre l’orgue, les guitares et l’harmonica. Dommage que "Empty Heart", un peu brouillon, ne récompense pas un bel effort collectif de composition.

Entre reprises faciles et compositions hésitantes, les ROLLING STONES poursuivent leur apprentissage de la musique noire. Le groupe trouve peu à peu ses marques et Andrew Long Oldham doit prendre son mal en patience. Ses BEATLES à lui ne composeront leur premier album véritablement personnel qu’en 1966, mais quel album !