Après le succès mondial et mérité de Violator, le groupe revient avec le disque qui provoquera la rupture avec les fans nostalgiques du DM des années 80. SOFAD est un album unique dans la discographie du quatuor, car il s’agit peut être de leur disque le plus rock. Comme nous somme en pleine période grunge, cette volonté d’aller voir ailleurs a dû être prise plus comme de l’opportuniste plutôt qu’une volonté d’évoluer.

On remarque que les boites à rythme ont disparus au profit d’une batterie martyrisée par Alan Wilder. Du gospel apparaît désormais dans les chœurs, voir carrément dans la structure d’un morceau ("Condemnation"). Nous avons du mal à reconnaître le groupe qui a jadis composé le très naïf (voire idiot) "Just Can't Get Enough".
Heureusement, ces expérimentations sont en général maîtrisées. On ne présente plus le torturé "I Feel You" avec sa guitare saturée et bien sûr "In Your Room", où Dave Gahan n’a jamais aussi bien chanté (je ne vous cache pas qu’il s’agit de mon titre préféré du groupe).

On trouve bien sûr comme d’habitude du tube en veux-tu en voilà, comme le mélodieux "Walking In My Shoes" ou le romantique "One Caress". Et aussi d’autres morceaux sombres avec "Mercy In You" aux accents gothiques ou bien l’urgent "Rush".
Pourtant SOFAD a tout de même un sacré défaut, il est trop hétérogène. Il n’est pas aussi immédiat que leur précédent album et il faudra donc un peu de temps pour l’apprécier.
Autre point à éclaircir: la production. Le son n’a pas vieilli mais il sonne live voire organique contrairement aux autres disques du combo, ce qui gênera ou emballera certains.

Il me reste plus qu’à parler de la très jolie et atmosphérique conclusion "Higher Love", qui m’a toujours fait ressentir que le groupe semblait être sur le déclin moralement parlant. Ce qui est malheureusement vrai car Gahan passait son temps à se droguer et Wilder ne supportait plus l’ambiance qui régnait dans le groupe. Et surtout, il ne supportait plus que ses compositions soient ignorées et pas incluses dans l’album (un problème qui existait justement déjà dans les précédents travaux de DM).
Tout cela ne sera pas sans conséquence, Wilder claquera la porte et ira voir ailleurs. Le groupe perd un de ses plus importants piliers créatifs et Dave Gahan est devenu un toxico qui se prend pour une rockstar.
L’avenir est sombre pour DM et il le sera, Ultra en est la preuve.