Oui, bon, impossible d'être totalement indulgent avec ce premier Depeche Mode. Un disque frustrant car il n'est certainement pas du niveau, aussi bien par rapport aux autres groupes de new wave de la même époque qu'au vu de la suite glorieuse de leur carrière. En fait, c'est surtout au niveau mélodique qu'est le problème. Tout ça est tellement convenu que la relativement bonne maîtrise des synthétiseurs ne sert pas à grand chose...

Le responsable est certainement Vince Clarke, qui menait le groupe à ses débuts. Manifestement, il avait la tentation commerciale et n'a pas hésité à rendre la production alléchante tout en composant des mélodies trop banales et peu variées pour être satisfaisantes. Malgré cela, je pense qu'il y a pas mal de mérite car l'électropop n'en était qu'à ses balbutiements en 1981... à part OMD, Human League et certains projets disco, il n'y a pas grand monde qui faisait une musique commerciale uniquement jouée au synthé à l'époque.

Si la plupart des chansons se ressemblent un peu trop, il y a quand même suffisamment de variété, au moins au niveau du rythme, pour que je l'écoute jusqu'au bout sans trop de lassitude. En dehors des deux singles – je préfère nettement «New life» à «Just can't get enough» - on peut quand même noter quelques bons moments. Sans casser la baraque, j'aime bien l'ambiance dramatique de «Puppets», où les synthés sont plutôt chouettes... ils valent bien l'eurodance que la chanson préfigure. Les deux morceaux de Martin Gore, «Tora Tora Tora» et «Big Muff» sont pas mal non plus, ils montrent bien que celui-ci a toujours été un meilleur compositeur que Clarke... il y a plus d'idées et de diversité sur ces neuf minutes que sur le reste de l'album. Notons enfin «Any second now» écrite par Clarke mais manifestement chantée par Gore.

Un début presque prometteur donc, amusant voire agréable mais sans plus. Rarement le départ d'un membre d'un groupe aura été une telle bénédiction.

Note : 2,5/5