En novembre 1996, lorsque sort Wax, INDOCHINE n'est plus que l'ombre de lui-même. La gloire des années 80 est bien loin. Le précédent album Un Jour Dans Notre Vie (1993) a été un échec commercial total. La tournée qui l'a accompagné en 1994 s'est déroulée dans un climat particulièrement délétère.Et pire que tout, Dominik Nicolas le discret et talentueux compositeur de tous les hits a claqué la porte. Les jumeaux Sirkis se retrouvent donc seuls, comme orphelins. Que faire ? Continuer ? Oui, en embauchant en mode mercenaire Alexandre AZARIA, l'ancien guitariste du groupe alternatif LE CRI DE LA MOUCHE et Jean-Pierre PILOT qui travaillera par la suite aussi bien avec ZAZIE que THIEFAINE.

Comme d'habitude depuis le début de cette décennie l'album sort dans une totale indifférence. C'est la routine pour les frangins mais que ceci doit quand même être dure pour eux. Ils peuvent compter sur un noyau fidèle de fans qui parfois conscients des faiblesses artistiques ne disent pas cependant amen à chaque nouvelle production indochinoise. Ce fut mon cas. Wax est sans conteste l'un des plus mauvais albums (avec 13) d'INDOCHINE. Il ne faut pas toujours regarder en arrière, c'est certain, mais l'identité, la diversité mélodique estampillée Dominik Nicolas manquent à l'évidence cruellement. Sirkis n'a pas encore trouvé son fidèle Olivier GERARD (oLi dE SaT) qui composera la quasi totalité des titres à compter de Paradize.

Sirkis a toujours plus ou moins avec bonheur humé l'air du temps. En 1996, la Britpop n'est pas encore totalement moribonde mais il déclare qu'elle est l'une de ses principales influences pour Wax. Objectivement, à l'écoute de ces treize très très longs titres, je ne décèle pas de SUEDE ou d'ELASTICA...mais bon... Le seul point positif que l'on pourra trouver à cette galette, c'est son large éventail d'ambiances. Cette diversité souffre cependant de ne pas posséder de réel fil conducteur. Ce manque flagrant de cohérence sur le fond affaiblit le propos. Voila pourquoi je ne retiens vraiment que quatre titres. L'electro émouvant «Ce Soir,Le Ciel» composé par Stéphane a cette accroche immédiate qui fait les belles ambiances addictives. Puis «Je N'embrasse Pas» et «Les Silences De Juliette» se distinguent du reste par la qualité des mots et ses ambiances pop léchées et bien travaillées.Et pour finir l'ultra efficace «Kissing My Song», une pop song parfaite qui allient cordes voluptueuses et guitares tranchantes.

Quatre titres sur Treize, la récolte est quand même plus que famélique. Le reste est particulièrement plat et ennuyeux. Que dire des chœurs plus que crispants qui accompagnent les faibles et FM «Unisexe» et «Révolution» ? INDOCHINE désire changer de style. Il fait dans le Gospel façon NICOLETTA sur la fin des morceaux. Pourquoi pas.Mais on ne perd pas si facilement ses mauvaises habitudes, surtout sur le plan des mots. Ainsi le leader se fend de textes que l'on qualifiera pudiquement de gênants. Que ce soit «Mire -Live» ou «Peter Pan» (syndrome dont souffre le leader) les paroles de Nico laissent dubitatif (qui a dit comme d'habitude?). Ceci n'aide aucunement à l'adhésion de l'ensemble. INDOCHINE semble chercher sa voie,s'éparpille entre pop désespérante (le rabâché «Drugstar») et ambition totalement creuse («L'Amoureuse»). Naufrage complet.

Wax est sans appel. C'est un album raté qui est tout simplement indigne d'un groupe comme INDOCHINE. En 1996, le groupe n'était tout de compte fait même pas l'ombre de lui-même.Il n'existait même plus.