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INDOCHINE - Rafaelle Hirsch-doran (2021)
Par RICHARD le 17 Octobre 2021          Consultée 1676 fois

512 pages, 49 euros et les éditions du Seuil. Voici laconiquement comment pourrait se résumer ce nouveau livre officiel qui vient souligner les 40 ans d'existence d'INDOCHINE. Il s'inscrit pleinement dans les publications plus ou moins stimulantes qui sont censées nous rappeler opportunément, au cas où nous l'aurions d'ailleurs oublié, que Sirkis, oups, lapsus, INDOCHINE plutôt, est toujours là et bien là. Si le groupe n'occupe plus vraiment l'espace artistique depuis au moins Paradize, son leader demeure par contre maître de l'espace médiatique. Mais pourquoi en fait une énième publication coécrite voire codirigée par son autocrate chanteur, pourrait-on légitimement se demander ? La simple mention de livre officiel doit susciter de plus une attention particulière. Sirkis peine à dévoiler la cuisine interne indochinoise, quitte le plus souvent à bien s'arranger également avec la vérité des faits.

Alors, certes, esthétiquement, ce livre est beau. C'est plutôt un bon postulat de départ, même si un esprit critique dira sans doute que c'est le seul. Le fan en aura en effet assurément pour son argent. Il pourra pester toutefois contre les près de trois kilos du pavé qui ne lui faciliteront pas la tâche. INDOCHINE, c'est physique à défaut d'être parfois cérébral. Sirkis a fait travailler sa mémoire et a ouvert en grand cette fois-ci sa malle à souvenirs. Objectivement, le passionné avec recul et le curieux pourront se délecter de la richesse de l'iconographie inédite proposée. C'est un large éventail d'archives qui sont comme autant de balises mémorielles pour les membres, naturellement mais aussi pour les fans. On peut juste regretter que la partie la plus conséquente du livre expose encore une fois l'histoire la plus récente, celle justement où Sirkis débute la réécriture du groupe en modifiant, voire en effaçant, toute trace des anciens membres et compagnons de route.

Ne boudons quand même pas notre plaisir. Évidemment, si l'univers indochinois vous rebute, les exemples qui suivent vous feront forcément sourire dans le meilleurs des cas. Pourtant, ce n'est pas sans émotion que l'on découvre des clichés des jumeaux enfants et tout sourire ou les lettres écrites au pensionnat à leurs parents divorcés. Le corpus est suffisamment riche pour ne pas susciter de redite. Il est difficile d'échapper aux clichés de concerts mais découvrir ceux initiaux du Rose Bonbon 1981, de l'Olympia 1983 ou du festival de Roskilde deux ans plus tard, entre autres, est pour tout fan un moment précieux. Tout ceci peut sembler bien futile car quel est l’intérêt de voir le storyboard du clip "Les Tzars", les ébauches des pochettes d'albums, les carnets et écrits (fautes du leader comprises) ou les costumes de scènes de Sirkis présentés comme ceux de BOWIE lors de ses expositions rétrospectives ? Aucun, si ce n'est celui de vous dire que ce groupe (quelle phrase cliché, mais tant pis) a été une partie de la bande son de votre vie.

A ce stade, vous vous dites sans doute que ça fait cher le livre d'images. Même si les apparences sont trompeuses, il y a des mots pour les accompagner. Écrits par qui alors ? Par Rafaelle Hirsch-Doran, jeune journaliste et fan d'INDOCHINE qu'elle a découvert en 2007, à 11 ans. L'auteure dans ses dernières lignes précise qu'elle s'était promis de ne pas faire une hagiographie. Elle devait fortement s'en douter car c'est naturellement raté et son but est parfaitement atteint en tout point. Voilà pourquoi le nombre d'étoiles de la notation fond comme neige au soleil. A défaut de développer l'esprit critique de la plupart des fans qui ont pris le wagon avec l'opportuniste Paradize, il permettra sans conteste de renforcer le culte à saint Nicolas et à toutes ses reliques sacrées. Tout est vu, expliqué, raconté à travers son prisme et de ce point de vue, le livre n'apporte objectivement rien.

On nous explique de nouveau que Sirkis est ouvert, cultivé, tolérant, en rien rancunier, mal aimé, que son public est le meilleur du monde. Plutôt que cette autosatisfaction vide de sens, quid par contre des essentiels Dominique Nicolas, Jean-Pierre Pilot ou Alexandre Azaria, Jean-My Truong dans une moindre mesure, qui à un moment ou un autre ont façonné le son, l'esprit et l'identité d'INDOCHINE. Le petit Nicolas a la rancune tenace. Les virés n'ont aucunement le droit de cité. Ils sont simplement expédiés par l'auteure en quelques lignes. Ce n'est même pas le minimum syndical puisque Hirsch-Doran reprend la vulgate habituelle. Cette partie qui aurait été la plus instructive n'existant pas, le lecteur doit se contenter du catéchisme aux propos orthodoxes consensuels à défaut d'appréhender le processus créatif de ces grands absents. Ce n'est donc sans doute pas un hasard si les interviews des principaux protagonistes débutent à partir de Wax, l'album où le leader commença son travail de sape pour faire oublier les anciens membres et refaire l'histoire de ce groupe, de 'son groupe' à l'image de l'intégralité de ce livre. Alors, oui, l'éventail des invités interrogés est néanmoins pertinent et varié. Que ce soit les souvenirs de Chloé Delaume, fan de la première heure, de Michèle Sirkis, la maman des jumeaux ou ceux de Béatrice Dalle, Xavier Dolan par exemple, ils font sens car le particulier devient général, mais pour le reste ? Comment voulez-vous que les membres actuels puissent publiquement avoir un avis quelque peu différent de celui du grand patron ? Le reste n'est dès lors qu’accessoire et sans aucun intérêt ou presque.

La photographie de couverture est en définitive des plus révélatrices. Sirkis en gros plan, seul, "l'aventurier contre tout guerrier". Je sais que la parole est toujours donnée au vainqueur, mais de là à proposer 512 pages. C'est un beau livre, oui, mais après ?

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