Recherche avancée       Liste groupes



      
NEW-WAVE  |  LIVE

Commentaires (2)
L' auteur
Acheter Cet Album
 



INDOCHINE - Radio Indochine (1994)
Par RICHARD le 15 Novembre 2018          Consultée 1383 fois

Même si c'est quelque peu douloureux à admettre, lorsque sort à la fin de l'année 1994 ce live, INDOCHINE est totalement anachronique. En effet, à l'heure de l'explosion du grunge et du rap made in France, le groupe des jumeaux Sirkis et de Dominik Nicolas face à Kurt Cobain ou IAM semble définitivement d'une autre époque. Le trio n'avait vraiment pas bonne presse, encore moins que d'habitude. Il n'existait plus pour la majeure partie des personnes et à peine pour ses peu de fans encore fidèles. Dans la cour de lycée, défendre ce groupe, c'était prendre le risque définitif d'être un ringard, un adolescent dénué de goût. Rude et belle époque en même temps. Celle d'apprécier INDOCHINE, un peu contre tous, non pas par posture mais parce que son univers réussissait encore à nous toucher.

Radio Indochine s'inscrit dans la tournée que le groupe a entamée au Printemps 1994 suite à la sortie récente du dernier album Un jour dans notre vie. Si ce dernier est un échec commercial total (60 000 ventes), la qualité artistique, pourtant présente, est loin d'être inintéressante. Enregistré aux Francofolies de Spa en Belgique, ce live témoigne rétrospectivement d'un groupe au bord de l'implosion.
Difficultés internes tout d'abord. Dominik Nicolas, le compositeur, ne supporte plus le leader et inversement. Le torchon brûle, chacun ayant une équipe de tournée séparée. Stéphane sombre quant à lui encore un peu plus dans ses addictions. Ambiance, ambiance. La rupture est proche. Elle sera de fait effective durant l'année 1995 lorsque le trop discret et talentueux Dominik claquera la porte.
Difficultés également à porter simplement le nom d'INDOCHINE. Marqué aux fers rouges des terribles années 80, affaibli par le sketch culte des INCONNUS ("Isabelle a les yeux bleus"), ostracisé totalement par les médias, le groupe doute et en souffre. Ce sentiment est d'autant plus prégnant que la tournée ne débute pas sous les meilleurs hospices. Des trois dates prévues initialement à l'OLYMPIA de Paris par exemple, seule une date subsiste, faute de ventes. INDOCHINE se réfugie donc en Belgique, terre d'enfance des jumeaux et pays où l'amour pour le groupe ne s'est jamais démenti.

Alors, qu'en est-il de ce live ? S'il y a un seul reproche à lui faire, et il est quand même de taille, c'est que la plupart des morceaux proposés manquent parfois un peu de force et d'âme. Un comble pour un enregistrement public. Non pas que l'interprétation soit mauvaise en soi, mais par moment, elle est comme aseptisée, terriblement lisse. Cela se ressent par exemple sur les classiques que sont "Kao Bang" et "La Machine à rattraper le temps" où le rendu sonne malheureusement trop propret. La fougue initiale se transforme en morceaux sans véritable relief. La précision de l'orchestration prenant le pas ici sur l'émotion.
L'émotion, il en est quand même question lorsque le groupe entame l'un de ses plus beaux morceaux, le superbe "More" ou l'intergénérationnel "3ème Sexe", repris ici tout simplement au clavier, comme ce fut le cas en 1986 en duo avec William SHELLER lors de l'émission POLLEN. Clavier-voix qui deviendra d'ailleurs la norme pour ce titre lors des nombreuses tournées futures.

La communion avec le public est une nouvelle fois présente. C'est aussi la force d'INDOCHINE, ce qui lui permet de tenir la tête hors de l'eau. Elle est palpable sur un titre à haute teneur émotionnelle comme "Tes Yeux Noirs" ou, évidemment, avec les intemporels enlevés que sont "L'Aventurier" ou "Trois Nuits par Semaine". Le public est là, réceptif, mais surtout aux déjà vieux hits. L'écoute générale laisse parfois insatisfait. Ce n'est pas ce que l'on recherche nécessairement dans un live, mais il n'y a pas ces petites imperfections, ces légères fautes (et pourtant avec Nico, les oublis, les inversions sont monnaie courante en concert). Les quatre titres extraits du dernier album sont sur le même plan. Pas de saveur particulière, juste le minimum syndical. "Savoure le Rouge" par sa sensualité et la guitare de Dominik se distingue cependant nettement, mais ceci fait trop peu. Non, le plus marquant de ce live, ce sont les progrès très nets du chant de Nicolas Sirkis. On a souvent raillé sa voix, sa justesse, ses intonations. Ici, elle se fait grave et sensuelle. Elle se fond parfaitement dans les ambiances tissées par le guitariste. Est-ce suffisant pour apporter une totale adhésion ? Probablement pas.

Radio Indochine est l'album de l'amertume, de la rancœur et, surtout, celui de la dernière trace discographique de Dominik Nicolas avec ce groupe pour lequel il a tant donné de sa personne. Il referme une période particulièrement difficile pour INDOCHINE. Nous, les fans, ne savions strictement rien. Les chansons étaient là. En 1994, cela nous suffisait.

Note réelle : 2,5/5

A lire aussi en NEW-WAVE par RICHARD :


WILD NOTHING
Gemini (2010)
Premier essai et première pépite dream pop.




3 + DEAD
3 + Dead (2019)
Excellente pop froide romaine


Marquez et partagez





 
   RICHARD

 
  N/A



- Nicola Sirkis (voix)
- Dominik Nicolas (guitares)
- Stéphane Sirkis (guitares rythmiques)
- Jean-my Truong (batterie, chœurs)
- Jean-pierre Pilot (claviers)
- Marc Elliard (basse)


- Radio Indochine
1. Savoure Le Rouge
2. 3 Nuits Par Semaine
3. Canary Bay
4. Un Jour Dans Notre Vie
5. Tes Yeux Noirs
6. 3ème Sexe
7. More
8. La Machine A Rattraper Le Temps
9. Des Fleurs Pour Salinger
10. Kao Bang
11. Bienvenue Chez Les Nus
12. Les Tzars
13. Crystal Song
14. L'aventurier



             



1999 - 2024 © Nightfall.fr V5.0_Slider - Comment Soutenir Nightfall ? - Nous contacter - Webdesign : Inox Prod