Plus d'une décennie après la mort de Florian Fricke, voilà que sort une compilation digne de son talent. Comprenez par là que je parle d'un disque qui est autre chose qu'une collection hétéroclite et insensée, voire pire, mercantile, de morceaux divers et variés. Créé par ses proches, Kailash est une occasion en or de découvrir de nouvelles compositions jamais éditées jusqu'alors.

Enfin... comme le dit la kro d'Aigle Blanc, le deuxième CD, BO d'un documentaire dans lequel Fricke et Frank Fiedler étaient impliqués, est gorgé de morceaux au moins évocateurs d'albums préexistants, Aguirre (1975) en premier lieu. Cependant, ils gardent leur identité propre, et sont dans l'absolu très bons, et surtout très beaux. Que dire par exemple du magnifique "Last Village", si ce n'est qu'il apparaît ici dénué des beats techno qui le défiguraient sur l'horrible City Raga (1991) ? Et comment prétendre aimer POPOL VUH en passant à côté de "Valley of Gods" ? Oui, décidément, le deuxième CD de Kailash est un indispensable pour le fan du groupe, et pour qui veut du grand new-age, le vrai, celui qui n'est pas souillé par des doctrines à la con.

Le premier CD, pour sa part, me laisse personnellement perplexe. On y entend Fricke seul au piano, et qui laisse ses doigts filer sur l'instrument. Assez décousus pour certains, les morceaux se laissent agréablement écouter, mais ce n'est pas la folie totale. À la rigueur, on pourra facilement retenir le coeur de "Moses" et son piano rythmé tout en faisant preuve de retenue, et qui ne tourne pas en rond.

Un premier CD assez sympa, un deuxième exceptionnel, Kailash peut donc paraître déséquilibré. Mais en fait non, quand on y regarde de plus près. Il s'agit simplement de la présentation de deux facettes philosophiquement identiques mais concrètement différentes, qui méritent toutes deux une attention particulière, plus fort que le minimal syndical.

Note réelle : 3,5/5