Urba est sans doute l'album le plus "lourd" et le plus "noir" de Tri Yann, et ce n'est pas seulement parce qu'une chanson nous offre une vision du soleil de cette couleur, ou plutôt absence de couleur. Le plus "lourd" en raison du caractère militaire et militant de certaines chansons ("Kerfank 1870", où il y a même un clairon), mais aussi et surtout parce que le virage "électrique" pris par la musique sur le précédant album La Découverte ou l'Ignorance, est négocié à fond, si l'on peut dire. Il n'y a qu'à voir, la basse est de plomb (gérée par Bernard Baudriller et le petit nouveau, l'excellent Gerard Goron) et la guitare électrique, oscillant entre sons vibro et distordus, tenue par trois des membres (Gerard, Jean et Jean-Paul) !
Si le côté très électrique séduit d'emblée dès la première écoute, ce n'est pas forcément le cas des compositions et peut-être plus encore que le précédent disque, Urba demandera du temps avant de se délivrer entièrement et de prouver que le groupe est alors bien décidé à aligner les chefs-d'oeuvre.
On pourra noter ça et là quelques excellent(issim)es idées, comme les superbes et longs "L'aimante à la Grand'Messe" (qui rappelle les travaux de Malicorne, il y a même une voix féminine de choix) et "An Distro Euz a Vro-Zaoz", et le fait que Jean-Louis Jossic interprète le registre de chanson qui est d'habitude celui de Jean-Paul Corineau ("Francez"), enfin, le fait que chaque membre du groupe chante un couplet sur "Le Soleil Est Noir"...