Recherche avancée       Liste groupes



      
VARIÉTÉ FRANÇAISE  |  STUDIO

L' auteur
Acheter Cet Album
 


Nicolas PEYRAC - Nicolas Peyrac (1983)
Par MARCO STIVELL le 4 Janvier 2022          Consultée 851 fois

1983, deuxième album pour CBS. Nicolas PEYRAC, avec ses fidèles accompagnateurs (notamment son guitariste et ami Philippe Pelet), voit son équipe augmentée d'un certain André Manoukian. Celui-ci, pianiste-arrangeur virtuose de l'éphémère groupe soul/jazz/funk français HORN STUFF (deux albums en 1981 et 82) est dans une courte phase de transition, car sur le point de rencontrer sa muse et dulcinée Liane FOLY, la même année.

L'album éponyme n'a plus rien de la détente californienne ensoleillée du précédent disque de PEYRAC, même si entre-temps il a connu une brève parenthèse et rafraîchissante de concerts en Polynésie. Effort parisien jusqu'au bout des ongles, capté entre le labo personnel Amanda et le studio professionnel Gang, le sobrement nommé Nicolas Peyrac est produit par Guy Pons qui travaille avec Francis CABREL sur tous ses albums des années 80, depuis Fragile jusqu'à Sarbacane inclus. Les musiciens de session haute qualité française pullulent : Claude Salmiéri (batterie), Christian Padovan (basse), Patrick Bourgoin (saxophones), Marc Chantereau (percussions). Les arrangements de cordes sont signés de Michel Bernholc, principal collaborateur de Michel BERGER.

Pourtant, dès la première chanson, "Flashback", l'artiste à qui l'on pense le plus, c'est Bernard LAVILLIERS, et Nicolas PEYRAC n'en cache guère l'inspiration directe, suite à un concert du Stéphanois qui l'a marqué au plus haut point. Certes, le chanteur 'gentil' ne peut paraître aussi mordant en textes comme en musique, mais "Flashback" est un bel hommage à l'album O Gringo (1980) et notamment au morceau "Sertaõ". Le narrateur est un braqueur fugitif dans un hôtel miteux d'Amérique du Sud, qui s'exprime sur un ton désabusé. Les paroles sont chouettes, PEYRAC use comme rarement du talk-over/parlé-chanté sur les couplets. Pour l'originalité, des cordes néo-baroques s'ajoutent pendant l'envolée finale de Slim Pezin à la guitare.

L'esprit BERGER se retrouve un peu mieux dans la funky et gentillette "J'traîne". Toutefois, il s'agit d'un titre bavard, à l'instar de "On va se faire la belle", rock élancé et urbain tout à fait dans le ton d'époque en Hexagone. Malgré l'une des thématiques chéries de Nicolas PEYRAC (quotidien morne dans l'administratif, besoin d'échappatoire et possibilité apparente dans le dernier couplet), le titre est indigent, et les claviers de 'Dédé' Manoukian bien trop cheap malgré l'effort musical global. La rythmique Padovan-Salmiéri brille sur "J'm'oublierai", titre symbolique d'une cohésion de groupe de tueurs avec les saxos de Bourgoin et le piano Yamaha CP-70 de Manoukian en syncopes. Ses intentions plus enfantines, sautillantes, le rendent plus appréciable que les autres.

Avec "Les eaux du Mékong", Nicolas PEYRAC rend, à travers une fille (autre sujet de prédilection !), hommage aux personnes réfugiées venues d'Asie dans des conditions si difficiles (les boat-people) et dont, une fois arrivées à destination, la reconstruction n'est pas toujours plus aisée. Un grand slow typiquement 80's (batterie Simmons comprise) au message touchant, mais sans plus du reste, comme tant d'autres morceaux présents. Après BERGER et LAVILLIERS, c'est clairement à Jean-Jacques GOLDMAN et à son deuxième album paru l'année précédente en 82 que fait penser "À six ans", ballade brumeuse où le sax de Bourgoin fait son apparition. Pour être plus précis, dans cette mélodie nostalgique, il y a clairement du "Comme toi". Néanmoins, PEYRAC n'avait pas tant attendu cette chanson pour mentionner le nazisme dans ses textes et ici, le ton semble plus paternel.

Cet album à la pochette noire, une de ses plus belles jusqu'alors, de huit chansons à la durée de trente grosses minutes, ne sombre pas grâce à la présence de ces quelques menues qualités, en dehors de l'habit musical (presque) impeccable. Dans ce dernier, un mot double manque cruellement : guitare acoustique.

"Assise au bar de l'hôtel", qui raconte une princesse russe ou d'Europe de l'Est attendant son heure (Anastasia ?) mais vieillissant à chaque couplet, voit les paroles troublantes dont PEYRAC est coutumier revêtues de quelques arpèges folk délicats, ainsi que des cordes suaves. Tout comme "Une fille qui pleure au feu rouge", le costume électrique subsiste toutefois, et même côté guitare pour cette dernière. Fort jolie, pleine de pensées amoureuses post-rupture, elle se prête mieux que bien d'autres à la simplicité voulue par le chanteur et jusque dans son interprétation. Ces deux titres rehaussent un peu l'intérêt, mais nul doute : dans ces années-là pour PEYRAC, l'album d'avant est préférable.

A lire aussi en VARIÉTÉ FRANÇAISE par MARCO STIVELL :


Jacques DUTRONC
Dutronc Au Casino (1992)
Un des plus grands disques live français




Nicolas PEYRAC
Et La Fete Est Finie (1977)
Album magique


Marquez et partagez





 
   MARCO STIVELL

 
  N/A



- Nicolas Peyrac (chant, guitares, piano, claviers, basse, prog)
- Philippe Pelet (guitares)
- André Manoukian (pianos, claviers, synthétiseurs)
- Claude Salmiéri (batterie)
- Christian Padovan (basse)
- Nicolas Vardis (basse fretless)
- Patrick Bourgoin (saxophones)
- Marc Chantereau (percussions)
- Slim Pezin (guitare solo)
- Patrice Locci (batterie électronique simmons)
- Michel Bernholc (arrangements et direction des cordes)


1. Flashback
2. À Six Ans
3. J'm'oublierai
4. Assise Au Bar De L'hôtel
5. On Va Se Faire La Belle
6. Les Eaux Du Mékong
7. J'traîne
8. Une Fille Qui Pleure Au Feu Rouge



             



1999 - 2024 © Nightfall.fr V5.0_Slider - Comment Soutenir Nightfall ? - Nous contacter - Webdesign : Inox Prod