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Nicolas PEYRAC - Vice Versa (2006)
Par MARCO STIVELL le 15 Décembre 2023          Consultée 570 fois

Un des albums de Nicolas PEYRAC que les sites de streaming ont un peu oublié, Vice Versa, faisant le choix d'une photo un rien floue, est enregistré à Boulogne-Sur-Mer avec la même équipe que Seulement l'Amour (2003). On retrouve cet esprit de chansons folk plus ou moins intimistes, transposé au son des années 2000, avec des sonorités électroniques, même si à un degré encore léger, bien dosé.

Si l'artiste ne cherche plus à innover, au moins la qualité est-elle toujours de la partie. Annette Wyle l'aide à écrire des paroles qui ne se veulent pas que personnelles, comme en témoigne "Laisser Glisser", ballade latino avec un très joli arrangement de cordes veloutée où PEYRAC passe en revue les manières d'oppositions pour lui superflues entre civilisations et religions.

C'est surtout "Ne Me Parlez Pas de Couleurs", seule chanson enregistrée au studio Davout à Paris (de même que la voix de Mathilde Seigner dans la version duo de "Deux Inconnus Qui S'Aiment", qui fait preuve de colère, sans doute nourrie depuis les dernières élections présidentielles, les émeutes etc., à l'encontre de la xénophobie et de la stigmatisation. Une chanson poignante portée par une boîte à rythmes très 90's, vaporeuse, avec de belles guitares slide mais des cordes orientales un peu 'too much', musicalement parlant, bien qu'accordées au propos.

Le reste du temps, comme sur "Et Vice Versa" (rien à voir avec la chanson parodique des Inconnus/TRANXEN 200, qui s'appelle de toute façon "Vice et Versa"), Nicolas PEYRAC opte pour d'autres messages profonds tel le rêve perpétuel d'une existence meilleure, facilitée par les publicités, belles affiches et autres. Avec la rythmique diversifiée, la nappe de synthétiseur, le son particulier apporté aux guitares, cette complainte moderne pose le son de l'album, très appréciable. Dans une ambiance bossa-nova, bugle/trompette en prime, "Les Filles Qu'on Aime" traite de l'aspect volage de la féminité tout en critiquant ceux (au masculin) qui voient leur contrôle se perdre avec les nouvelles tournures sociologiques.

À propos de femmes, "Et Je T'aimais Déjà", à la fibre très organique, intime, sur fond de violon coloré et autres éléments voulus, raconte une rencontre avec une Chinoise désormais plus que chère au coeur de l'artiste/narrateur. Personnellement, et sans être concerné, j'ai toujours souri de cette attirance pour les filles d'Extrême-Orient par des hommes à la fois gentils et rêveurs, souvent à lunettes, informaticiens ou docteurs (PEYRAC rappelle un peu plus loin sur l'autobiographique "Même S'il N'en Reste Rien" qu'il devait porter la blouse blanche à la base), et cela s'est souvent vérifié depuis John LENNON, jusque dans le film Tanguy de Chatiliez (2001), c'est dire !

Autre voyage amoureux, vers Los Angeles cette fois, avec "Les Fantômes de Sunset Boulevard", dans le souvenir lointain, défraîchi par le temps, des gloires et idoles féminines du cinéma et de la chanson (Marilyn, Lauren Bacall, Barbra, Liza MINNELLI). La chanson évoque aussi avec force les jeunes filles venues d'états plus modestes comme le Wisconsin et qui rêvent d'être stars, évoluant dans un monde de mensonges et d'abus. On note une rythmique électro-pop plus appuyée, tout comme plus loin sur la carrément techno-folk de "M'attends Pas", tout aussi bien écrite.

Quelques slows s'ajoutent, telle "On Ne Dit Plus Jamais" à propos de l'oubli et de la confiance en soi, qui n'est pas sans rappeler l'époque Tempête Sur Ouessant (1993), délicate depuis son intro vocale, progressive et crème. Gros coups de coeurs pour "Même S'il N'en Reste Rien", son picking printanier et ses mots humbles, très personnels, retraçant un parcours musicien de longue date, ainsi que pour "De l'Autre Côté d'la Lune" (texte de Pascale Fritz) à l'ambiance valsée, feutrée, magnifique.

Enfin, "Deux Inconnus Qui S'Aiment", sucrerie-portrait d'un couple soudé qui continue de s'aimer malgré tout, avec guitares multiples (classique, acoustiques, électrique) et claviers délicieux (nappe, piano Fender Rhodes). La version de PEYRAC seul est déjà belle, mais, en fin de disque, la voix de Mathilde Seigner, enfantine et voilée, apporte vraiment quelque chose de plus, dans la forme et l'idée de dialogue, beau comme tout.

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   MARCO STIVELL

 
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- Nicolas Peyrac (chant, guitares acoustiques, claviers, progra)
- Fabrice Gratien (claviers, bugle, trompette, choeurs, arrange)
- Marc Davidovits (basses)
- Christophe Gratien (batterie, percussions)
- Bruce Gaitsch, Eric Pâque (guitares)
- Patrick Manouguian (guitares)
- Florence Nivalle, Marc Gosselin (violons)
- Véronique Lentieul (violoncelle)
- Anne Gravouin, Arnaud Nuvolone (violon)
- Mathilde Sternat (violoncelle)


1. Et Vice Versa
2. Laisser Glisser
3. Les Fantômes De Sunset Boulevard
4. Deux Inconnus Qui S'aiment
5. M'attends Pas
6. Les Filles Qu'on Aime
7. On Ne Dit Plus Jamais
8. Ne Me Parlez Pas Des Couleurs
9. De L'autre Côté
10. Et Je T'aimais Déjà
11. Pourquoi Pas
12. Même S'il N'en Reste Rien
13. Deux Inconnus Qui S'aiment (avec Mathilde Seigner)



             



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