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Nicolas PEYRAC - J't'aimerai Trop, J't'aimerai Tellement (1989)
Par MARCO STIVELL le 31 Janvier 2022          Consultée 1027 fois

1989, l'année où sort J't'Aimerai Trop, J't'Aimerai Tellement de Nicolas PEYRAC, en plus d'une fin de décennie réglementaire, est aussi celle où, sur la scène francophone, ont fortement émergé des chanteurs tels Patrick BRUEL ou Florent PAGNY, le Canadien Roch VOISINE également. Cela peut expliquer certains choix artistiques liés à ce disque, y compris la pochette. Jean-Jacques Tazartez n'est pas de ceux qui comptent parmi les 'beaux gosses séducteurs' de la chanson française, ainsi nommés par les médias, et qui font hurler les filles lors des concerts. De plus, il a une bonne génération d'écart, sans parler de l'expérience familiale et professionnelle (au moins une dizaine d'années dans tous les cas) avec les gars susmentionnés et, à l'époque, s'approche déjà de la quarantaine. Toutefois, sur les photos de Pierre Terrasson (en pleine période 'phare', pas qu'en France !), on n'y voit que du feu.

En revanche, ce disque est à prendre avec des pincettes, surtout pour le public de la veille, celui de "So Far Away From L.A.". Nous sommes toujours dans les années 80, et l'écriture de Nicolas PEYRAC n'a jamais été aussi directe, 'économique' dans certains cas. Il est beaucoup question de je et de filles dans les paroles justement, plus que d'éléments sociaux, et le blouson de cuir des photos de Terrasson ne dément pas les intonations rock qui visent un certain public. Néanmoins, pour peu qu'on aime le style et, contre toutes attentes en conclusion d'une décennie inégale, ce disque de Nicolas PEYRAC est l'un de ses meilleurs publiés jusqu'alors.

De nouveau écarté des grandes maisons de disques, faute de soutien pour la réalisation (EMI se charge de la distribution), le chanteur complète son disque de façon artisanale et grâce à quelques amis. Parmi ceux-ci, Sebastian Santa Maria toujours mais légèrement moins que sur le précédent de 86, et Olivier Zdrzalik-Kowalski, producteur aux studios Davout, bassiste virtuose, ancien membre des groupes KOMINTERN et (surtout) MALICORNE. En tant que spécialiste de la quatre-cordes, il fallait quelqu'un à la hauteur si ce n'était pas lui, et cela se trouve à merveille en la personne de Bernard Paganotti. L'album, débuté à la maison selon l'habitude, est encore renforcé par la présence aux guitares principales du musicien américain Bruce Gaitsch, collaborateur proche de MADONNA (il a entre autres co-écrit "La Isla Bonita") et que PEYRAC rêvait vraiment d'avoir.

La seule chanson 'sociale' en début de disque, "Vivre ici", dépeint les différences marquées d'une femme immigrée, étrangère à son environnement, avec des mots simples mais suffisants pour la forme et la qualité du texte équivalente à celle de la musique, une grande constante du disque. De même, la basse goulue de Paganotti, les guitares funk comme plaintivement rock de Gaitsch, aux côtés des percussions de Philippe Chauveau, des synthés et autres intonations world bien d'époque, majoritairement voulus par Santa Maria. Quand Nicolas PEYRAC ne chante pas avec douceur, il met une forme de dureté légère qui ne dépareille pas avec ses jeunes confrères, pour faire un ultime parallèle, et (hélas) devenus plus célèbres que lui.

Le son fortement réverbéré n'est toutefois pas celui des sons criards, pas même les envolées un peu 'hard-rock' de certains soli de guitare, comme celui du très bon "Pas d'quoi écrire à Libé" (malgré le titre, c'est une chanson de rupture amoureuse, une de plus !). Au contraire, une superbe clarté règne et donne corps à des intros planantes qui envoûtent, idéalement taillées pour la basse et les nappes ou le Digital piano (pour les slows), les quelques éléments de musiques traditionnelles, ainsi que le saxophone soprano de Finn Martin si éloigné des sonorités de l'instrument sur les précédents albums et pour deux titres. On voit combien "Englisman in New York" de STING a pu faire des émules, en particulier sur "Qu'est-ce que t'as fait" ! Adjoint à une certaine délicatesse jazzy et loin d'être autant bien gérée de la sorte partout ailleurs à l'époque, cela fait vraiment la force de ce disque sans tube, à l'image de l'album Ultra Moderne Solitude d'Alain SOUCHON, un an plus tôt.

Rien que pour cela, et même si encore une fois on parle d'une écriture très directe pour Nicolas PEYRAC qui nous avait habitués à d'autres choses, ce disque n'est pas à bouder, loin de là ! Il n'a de toute évidence pas eu le succès qu'il méritait. Réussi d'un bout à l'autre, autant que pouvait l'être l'album de 1982, il rapproche la pop-rock américaine de "J'irai jusqu'au bout" (pour l'ado rebelle qui s'accroche à ses rêves musicaux) et l'efficacité ensoleillée de "Et même", la sombre "Loin" où chaque note, chaque voix même programmée semble pesée, la ballade acoustique "Et tous ces matins sans elle" au piano caressant, aux mots faits de manque et de craintes face au temps qui passe. Ces paroles-là me hantent particulièrement comme, plus encore même, celles du morceau-titre "J't'Aimerai Trop, J't'Aimerai Tellement", mieux choisi qu'on ne le pense d'abord. Une chanson poignante, déclaration d'amour lointain enflammée, à sens unique, qui survivra à tout, le temps et le reste.

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   MARCO STIVELL

 
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- Nicolas Peyrac (chant, guitares acoustiques, claviers, prog)
- Sebastian Santa Maria (claviers, choeurs, piano, programmatio)
- Bernard Paganotti (basse)
- Philippe Chauveau (batterie, percussions)
- Bruce Gaitsch (guitares)
- Michel Devaux, Eric Bono (programmations, claviers)
- Finn Martin (saxophone soprano)
- Philippe Valdès, Olivier Kowalski (voix)


1. Vivre Ici
2. Si Elle Veut
3. J't'aimerai Trop, J't'aimerai Tellement
4. Pas D'quoi écrire à Libé
5. J'l'aime Quand Elle S'en Va
6. Et Même
7. Loin
8. J'irai Jusqu'au Bout
9. Qu'est-ce Que T'as Fait
10. Et Tous Ces Matins Sans Elle



             



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