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Nicolas PEYRAC - Du Golden Gate A Monterey (2011)
Par MARCO STIVELL le 21 Décembre 2023          Consultée 283 fois

Depuis dix ans, voire plus, Nicolas PEYRAC sait s'entourer de musiciens fidèles avec qui il aime créer, simplement, en pure osmose : les frères Gratien (dont un réalisateur), Davidovits, Pâque et l'ami Gaitsch, le 'vétéran', pour un soutien occasionnel mais aussi solide. C'est cette alliance magique qu'illustre la parution, en 2011, du projet Du Golden Gate à Monterey, pour le moins généreux puisqu'il offre un double CD, partagé entre chansons originales d'un côté et auto-reprises/rétrospective de l'autre, avec un DVD documentaire de 40 minutes au milieu.

Avec ce titre choisi, on pourrait penser à un instantané, même pris entre deux destinations relativement proches et des studios d'enregistrement mythiques, mais il n'en est rien. Tout comme les albums précédents, Du Golden Gate à Monterey est 'capturé' au Bras d'Or à Boulogne-Sur-Mer. Le verbe a son importance car, si Vice Versa (2006) comme Case Départ (2009) révélaient un certain charme direct nourri de la cohésion entre musiciens, ici on entend mieux que jamais le son 'live', sans overdub/rajouts. Les chansons sont (ré)enregistrées avec trois fois rien.

On le voit dans le DVD, interview biographique de 40 minutes dans un bar appelé L'Absinthe, très intéressante et ponctuée d'extraits studio, principalement axés sur les reprises d'anciennes chansons. Toutefois, même pour un non-fan qui aurait ce disque entre les mains, la première partie, celles des nouveautés, n'est pas à bouder, loin de là. À noter que si l'entièreté du mastering est réalisée au studio DPMS à Paris, Nicolas PEYRAC s'autorise encore un menu plaisir tout à fait bienvenu, en faisant en sorte que le titre "Monterey" soit finalisé dans la légendaire Abbey Road, Londres.

Cette chanson, d'ailleurs, presque comme un nouveau "So Far Away From L.A." mais sur un ton pop-folk égayante, dévoile une nostalgie voire des regrets à travers des faits d'époque, à la fin des années 60, un festival de musique que beaucoup ont jugé plus important que Woodstock. Elle est suivie de près par "J'dirais", très belle chansons amoureuse parfumée au 'si c'était à refaire malgré tout, je dirais oui', saupoudrée de bugle et de piano Fender Rhodes. Rien ne change par rapport à la beauté des albums précédents, il y a juste moins de travail en apparence car plus de spontanéité.

Si "Vis Ta Vie" en mode country avec guitare électrique à l'avant, s'écoute plutôt gentiment et à l'image d'un artiste comme PEYRAC que l'on suit volontiers, si "Fanny" se pose en complainte pop-rock répétitive, évoquant une vieille fille désabusée que l'auteur tient à rassurer, les grandes chansons sont à rechercher plutôt du côté de "Anna" (subtile dénonciation des guerres de religion avec mélodie paisible), "La Soustraction" (allégorie mathématique de la séparation en slow ternaire) ou encore "Faudrait Jamais" (piano-voix sur les rapports difficiles).

Nicolas PEYRAC en profite pour s'essayer à des choses nouvelles telles "Comme Si", ballade 'variété à l'ancienne' au Rhodes où le son passant d'une fanfare vient nous surprendre, "On Dit" et son caractère manouche, texte sur tout ce que peut cacher le paraître et l'assurance avec des rimes excellentes. On apprécie tout autant la liberté laissée aux musiciens sur la chanson "Souvenirs", évocation de la mémoire sélective. Et toujours cette féminité si inspirante pour l'artiste : "C'est Elle", en belle douceur sur les photographies elles aussi trompeuses et le rêve si présent de la starisation, "Lola S'en Va", voyageuse en esprit piano valsé et guitare/cabine Leslie, "Une Petite Fille Qui T'Aime Comme Ça", à l'arrangement très simple mandoline-guitare acoustique.

Au rayon des reprises, sur le deuxième CD, on trouve forcément les tubes, du moins trois d'entre eux, ceux qui ont installé PEYRAC au panthéon de la chanson française, parmi ces rares discrets qui n'ont jamais arrêté. Dans le documentaire, il dit lui-même qu'il rêvait de cette version de "Et Mon Père" depuis toujours, elle aussi dans un timbre manouche très plaisant du coup, avec un piano couleur jazz. S'il évite soigneusement "Le Vin Me Saoule", plutôt concession qu'autre chose à l'époque (1977), du même album il favorise "Les Vocalises de Brel", l'importance du chanteur belge sur sa musique, avec moins de densité musicale qu'alors, ici en piano-voix et bugle.

Si la liberté et le plaisir des musiciens demeurent communicatifs, du piano roulant très Bruce HORNSBY de "From Argentina to South Africa" (album Neuvième, 1984) à la basse de "Et Même" (bel hommage à l'album trop oublié de 1989, celui de la rencontre symbolique avec Bruce Gaitsch), toutes les reprises ne s'apprécient pas non plus de la même manière. Une belle lumière vient à la fin de "Nos Chamailles" (PEYRAC défend mieux, à juste titre, son album de 1982 que ceux des années d'avant) elle aussi tout en bugle et guitare arpégée. "Ne Me Parlez Pas de Couleurs", datant de 2006, donc plus récente, prend une tournure rock tribale (marimba etc.) encore meilleure.

Surtout, ce qu'il tient à montrer, entre ce disque et le premier garni de nouvelles chansons, également par rapport à toutes celles qui ont précédé durant sa carrière, quel que soit le son et comme il le dit durant l'interview, c'est que c'est leur écriture et l'envie de les chanter qui les relient toutes. Ce sentiment d'homogénéité est encore développé par la fausse parenthèse temporelle que constitue "So Far Away From L.A.", avec laquelle tout a commencé. Interprétée moins proprement qu'en 1975 mais gardant toute sa sève (à l'exception d'un piano jazz pour remplacer les cordes), elle montre combien rien n'a bougé, pas même la voix (limitée il est vrai, mais quand même) d'un bon vieux copain en musique.

Note réelle : 3,5

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   MARCO STIVELL

 
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- Nicolas Peyrac (chant, guitare acoustique, piano)
- Fabrice Gratien (piano, claviers, bugle, trompette, choeurs)
- Eric Pâque (guitares, mandoline)
- Marc Davidovits (basses, choeurs)
- Christophe Gratien (batterie, percussions)
- Bruce Gaitsch (guitares additionnelles)


1. Fanny
2. C'est Elle
3. Vis Ta Vie
4. Faudrait Jamais
5. Monterey
6. Anna
7. J'dirais
8. Une Petite Fille Qui T'aime Comme Ça
9. Souvenirs
10. La Soustraction
11. On Dit
12. Lola S'en Va
13. Reste Encore De La Place
14. Comme Si

1. From Argentina To South Africa
2. So Far Away From L.a.
3. Les Vocalises De Brel
4. Et Mon Père
5. Elle Disait
6. Ne Me Parlez Pas De Couleurs
7. Nos Chamailles
8. Et Même
9. Une Peau Que T'as Pas
10. Je Pars



             



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