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VARIÉTÉ FRANÇAISE  |  STUDIO

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Nicolas PEYRAC - D'ici Et D'ailleurs (2024)
Par MARCO STIVELL le 27 Avril 2024          Consultée 969 fois

D'Ici et d'Ailleurs, ultime album de Nicolas PEYRAC ? Un souhait émis et relaté, à voir sur le long terme comme toujours, mais ce qui est certain, c'est que c'est l'album d'une boucle bouclée, sans doute l'une des plus grandes pour un artiste. Celui-ci, qui a enjambé allègrement la mauvaise période 2020-2022, déclare avoir voulu enregistrer cet album bien avant ceux qu'on lui a connu en premier au milieu des années 70. C'est en fait depuis la fin des années 60 et l'arrivée très 'progressive' des albums-concepts dans la pop-rock, notamment le classique Days of Future Passed des MOODY BLUES (1967), alternant chansons et plages orchestrales, que PEYRAC avait envie de créer le sien.

D'Ici et d'Ailleurs nait grâce à une collaboration des plus fourmillantes en compagnie de Philippe Lefèvre, bassiste issu du jazz qui a travaillé avec Pia – fille de Georges – MOUSTAKI ainsi que le barde breton MYRDHIN (notamment au sein du trio RÚN) sachant qu'il réside tout comme lui dans la région de Dinan, PEYRAC n'étant pas très loin donc dans le nord de l'Ille-et-Vilaine. Lefèvre programme de nombreux claviers et échantillonne moult instruments qu'il possède mais dont il n'est pas virtuose, comme l'oud ou l'ehru (violon chinois), ce qui donne sa couleur particulière à cet album-concept, notamment pour les instrumentaux de deux minutes chacun en moyenne et portant tous le nom d'une couleur. Pour le reste, Bruno Dupont au son ; quelques habitués intervenants comme les frères Gratien, Eric Paque, Marc Davidovits, et le plus vétéran de tous, Bruce Gaitsch.

L'album est donc structuré par cela et un lien certain entre les chansons, même si de base moins homogène que dans le brillant précédent Suffit Que Tu Oses (2018). PEYRAC veut mettre des mots chaleureux là où il y a de l'inquiétude, de la colère et de la tristesse, en écologie, en discriminations et autres sujets importants... Après un "Blanc" ample, ballade sans paroles aux sons planants évoquant les grands espaces avec mélancolie, touches de violon et oud incluses, "L'Air Qu'on Respire", bien que plaintif, adopte un ton moralisateur plutôt premier degré dans une belle ambiance pop-folk sixties. Un peu après, sur "Comme Jamais Avant", beau slow prenant où le chanteur équilibre son propos en parlant des catastrophistes.

Les titres, chantés ou non, s'enchaînent avec l'envie de faire voyager au gré des idées plutôt que de relier clairement celles-ci entre elles, autrement que par le montage. Certes, l'exotisme de "Orange" déteint sur sa suiveuse à paroles, "J'ai Pas Choisi J'ai Pris", très beau texte au féminin d'ailleurs et assez isolé de fait, mais la sensation de hachure peut parfois gagner l'auditeur. Le résultat global sonne uni et disparate, en plus de durer une bonne heure, durée peut-être légèrement excessive. À l'inverse, on constate une trop grande brièveté anecdotique dans l'envie de faire venir, pour des récitations, une ou deux personnalités amies (deux François comédiens : Berléand et Morel) et les femmes de la famille (mesdames Tazartez, Pascale, Sarah et Amanda, ces deux dernières étant les filles de Jean-Jacques Tazartez alias Nicolas PEYRAC).

Malgré la beauté faite d'élégance asiatique de plusieurs instrumentaux 'world', la petite récréation jazz de "Vert" ou encore l'arpège piano sensible de "Turquoise" sur fond de musique hindoue, seul le dernier, "Noir", parvient à se démarquer d'un point de vue qualité. Quant aux chansons, il y a toujours du beau et du fort dans la simplicité, une envie de 'repêcher' certaines chansons plus ou moins oubliées comme "Les Eaux du Mékong" de l'album de 1983 (version sublimée ici) et surtout "Nos Chamailles" sur celui qui l'avait précédé en 82. Parfois, la voix de notre Nicolas PEYRAC au cœur hippie, un tantinet plus rauque du haut des 74 ans, ainsi qu'une guitare acoustique suffisent.

D'un autre côté, on peut se délecter de la chanson de tolérance "On Est d'Ici et d'Ailleurs", dont la réalisation comme la mélodie caressante évoquent plutôt l'album de 89, des "Mots des Autres", consacrée aux religions sur rythme chaloupé et saupoudrée d'un très bel orgue Hammond, ou encore "Tu Leur Diras", à l'esprit testamentaire et la boîte à rythmes type Roland TR-808 reconnaissable. "On les Regarde", chanson hommage aux migrants, "Métro Goldwyn Meilleur" et son mixage étrange s'ancrent moins en tête. De même, factuellement, pour cet album vis-à-vis d'autres, alors que l'effort et la trame restent tout à l'honneur d'un tel artiste. Pour le succès en revanche, hélas, c'est autre chose. Moins d'une semaine après la sortie, JUL écoule l'ensemble de ses places de concert en quelques dizaines de minutes.

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   MARCO STIVELL

 
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- Nicolas Peyrac (chant, claviers, guitares acoustiques, progra)
- Philippe Lefèvre (claviers et programmations)
- Bruce Gaitch, Éric Paque (guitares)
- Christophe Gratien (batterie)
- Fabrice Gratien (bugles, orgue hammond b3, choeurs)
- Marc Davidovits (basse)
- Bruno Dupont (choeurs)


1. Blanc
2. L'air Qu'on Respire
3. Jaune
4. Comme Jamais Avant
5. Orange
6. J'ai Pas Choisi J'ai Pris
7. Nos Chamailles
8. Rouge
9. Les Eaux Du Mékong
10. Marron
11. On Est Ici Et D'ailleurs
12. Vert
13. Métro Goldwyn Meilleur
14. Turquoise
15. Les Mots Des Autres
16. Bleu
17. On Les Regarde
18. Violet
19. Vanille Et Café
20. Noir
21. Tu Leur Diras
22. Arc-en-ciel



             



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