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Nicolas PEYRAC - Neuvieme (1984)
Par MARCO STIVELL le 16 Janvier 2022          Consultée 841 fois

Après l'album noir, l'album blanc. Neuvième porte bien son nom, compte tenu de sa place dans la discographie de Nicolas PEYRAC. Certains autres artistes auraient plutôt fêté le septième, le dixième, le vingtième; Depuis dix ans qu'il est sur la scène, et même si plus trop devant déjà, certes, il a sans doute tenu à marquer le coup. C'eut été un tort de s'en priver car ce disque, en dépit de son manque de popularité, de ses parti-pris (sans parler d'une nouvelle fin de contrat qui pointe à l'horizon), est important pour PEYRAC? même si cela concerne un titre unique.

Neuvième est une oeuvre de petit comité. Quatre musiciens dont le chanteur lui-même, ainsi que son fidèle comparse Philippe Pelet, plutôt aux claviers qu'aux guitares ici, tout comme le principal intéressé; Les deux autres de la plus haute importance sont Guy Delacroix (ex-MAGMA et l'un des principaux collaborateurs de Jean-Jacques GOLDMAN en studio), bassiste virtuose et bidouilleur de synthé génial, ainsi que Denys Lable, tout simplement un des meilleurs guitaristes français et pas seulement d'accompagnement, Francis CABREL étant particulièrement concerné.

Un album bon marché car? outre les guitares électriques flamboyantes de Lable et quelques notes de 4-cordes slapées métalliques de Delacroix, tout ici est très synthétique, programmé sur des séquenceurs, y compris les basses et la batterie. Bien de son époque, cet ensemble enregistré au studio personnel de PEYRAC, l'Amanda, n'a pas à rougir face à d'autres efforts du même style. Il s'écoute agréablement, même si le format de huit chansons au total, court en quelque sorte, donne parfois l'impression d'avoir dû être meublé.

"From Argentina to South Africa", malgré les sonorités anglaises de son titre, est écrite en français, et c'est bien, en tête de file, 'la' chanson de ce disque, si importante pour le chanteur, pour ceux qui s'en souviennent. PEYRAC a souvent employé le pronom 'elle', mais on comprend vite qu'il s'agit ici de liberté, un peu comme sur la chanson "D'où venez-vous ?" de son premier album en 1975.

La liberté, croyance ferme de l'artiste, "violée, torturée, crucifiée" comme certaines femmes martyres dans des pays comme l'Afrique du Sud ; liberté qui manque à certains peuples encore sous le joug de dictatures à l'époque comme en Amérique du Sud. Cette belle chanson, faite d'élégance, aux percussions chaleureuses et aux nappes de cordes, en outre la seule guitare acoustique du disque superbement jouée par Philippe Pelet (solo compris), rejoint par la suite la liste des chansons que notre trouvère moderne joue en concert, pour ne plus la quitter.

Le reste des thèmes choisis est moins large, mais avec par exemple "On danse tout seul" et "J'voulais qu'on joue encore", PEYRAC écrit quelques paroles désabusées avec la musique en toile de fond. La deuxième surtout se distingue, notamment en qualité, par le fait de parler à la fois en nostalgie (évocation du rock anglophone avec les DOORS, BOWIE) et d'adresser une pensée à tous les musiciens qui, avant les déceptions, ont un jour espéré percer, rêvé d'une vie de succès.

"Anomalie" et "Changement d'adresse" sont de menues réussites, d'abord sur le plan musical, avec des ambiances urbaines et modernes. Les guitares de Denys Lable ressortent en écho et en harmonie séduisantes sur la seconde, tandis qu'à "Anomalie", Patrick Bourgoin (que l'on a croisé pas mal sur l'album de 1983) apporte un joli solo de sax aussi mélodique que finement rugueux. Une intervention similaire est tout à la gloire de Michel Gaucher sur "J'chantais, j'chantais", et ce sont bien les seules extérieures pour ce disque. Difficile de faire plus connoté 80's !

Dans un registre plus personnel, "J'oublie pas (à Guillaume)" évoque une amitié gâchée, sans doute pour un amour qui n'en valait pas la peine, et les regrets qui s'ensuivent. Outre une musique blues-funk inspirée et un solo de Lable bourré de feeling, il y est fait mention du film L'Affaire Thomas Crown (1968) de Norman Jewison, avec Steve McQueen et Faye Dunaway. Preuve que, près de dix ans après, Nicolas PEYRAC n'oublie heureusement pas les belles références cinématographiques.

Difficile de comprendre le sens réel de "Neuvième", où il reprend l'idée de 'talk-over'/parlé-chanté comme sur "Flashback" l'année précédente. Quel rapport entre la position du disque dans la carrière du chanteur et ce titre débordant d'images sombres au petit matin, très éloquentes au demeurant, sur les nouvelles inquiétantes du monde, le quotidien morose, l'amour enfin redevenu lumineux ?

Mis à part l'expérimentation, on saisit mieux les paroles de "J'chantais, j'chantais", chanson autobiographique où PEYRAC revient sur ses années de dilemme entre études de médecine et envie de se lancer dans la chanson, sur l'écriture de "So Far Away From L.A." et le succès dès 1975 qui a fait taire les médisances de son entourage. En somme, un disque pas formidable, mais constitué de petits bouts de choses plus ou moins convaincantes.

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   MARCO STIVELL

 
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- Nicolas Peyrac (chant, claviers, programmations, séquenceurs)
- Philippe Pelet (programmations, claviers, guitare acoustique)
- Denys Lable (guitares électriques)
- Guy Delacroix (basses)
- Michel Gaucher, Patrick Bourgoin (saxophone alto)


1. From Argentina To South Africa
2. Anomalie
3. Changement D'adresse
4. J'oublie Pas (à Guillaume)
5. Neuvième
6. On Danse Tout Seul
7. Cette Année-là Quand J'y Pense
8. J'chantais, J'chantais
9. J'voulais Qu'on Joue Encore



             



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