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VARIÉTÉ FRANÇAISE  |  STUDIO

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Nicolas PEYRAC - Laissez-moi Rever (1986)
Par MARCO STIVELL le 25 Janvier 2022          Consultée 610 fois

La période dorée chez CBS a été de courte durée pour Nicolas PEYRAC. Une fois ses meilleurs alliés partis, il se retrouve comme orphelin (c'est le lot de nombreux artistes) et préfère quitter les lieux à son tour, d'autant qu'une autre belle opportunité se profile derrière. Il s'agit de Warner/WEA, avec qui toutefois il ne réalise qu'un seul album, durée encore plus courte en somme.

Le chanteur anciennement folkeux – il convient de le dire ainsi en ce milieu d'années 80 d'une tout autre inspiration – peut toujours compter sur ses soutiens habituels, à savoir Philippe Pelet, Patrick Bourgoin etc., mais ce disque de 1986 est celui d'une rencontre pour le moins importante : Sebastian Santa Maria, Chilien de 26 ans ayant fui le régime de Pinochet à la fin des années 70 pour s'installer en Suisse, claviériste-compositeur énergique.

Très célèbre dans le milieu du jazz au milieu des années 80, il connaît lui aussi dès 1986 une période dorée mais de cinq ans grâce à ses collaborations avec des 'ténors' de la chanson : Catherine LARA ("Nuit magique"), Bernard LAVILLIERS (l'album If), Claude NOUGARO (l'album Nougayork). Malgré l'amitié sincère, ce travail (ces travaux même, en comptant l'album suivant) avec Nicolas PEYRAC n'est pas son plus connu, mais la qualité demeure bien présente. De plus, Santa Maria convie son ami guitariste John Woolloff – ah, cette époque où il pouvait y avoir deux voire trois claviéristes sur scène et un seul guitariste, parfois Woolloff lui-même !

L'influence hispanique n'est pas autant présente qu'en 1980 dans les mots lorsque PEYRAC chantait "Sebastien" (drôle de coïncidence !), mais l'importance de "From Argentina to South Africa", publié deux ans plus tôt, donne envie au chanteur de creuser et de fournir deux nouveaux titres antiracisme : "Plus j'avance" et "Laissez-moi rêver". La première est une pop aérienne aux boîtes à rythmes et synthés fort présents, un peu dans le style de ce que propose Etienne DAHO au même moment. À la voix du chanteur, entre tristesse et nervosité, se joint le sax rugueux de Patrick Bourgoin.

On le retrouve plus doux sur le joli "Laissez-moi rêver" aux arrangements splendides de Philippe Pelet, davantage orienté rumba, voix cajoleuse et sons clairs ; une ambiance agréable un peu à la SADE et son "Smooth Operator" pour le coup. Outre le racisme, une fois de plus le chanteur gentil combat la morosité du quotidien, avec l'envie de s'évader.

Plus loin, "Et toujours cette nana" propose une jazz-bossa (toujours pas de Chili, d'Andes à l'horizon !), avec trompette-synthé, solo de piano adapté du jeune prodige, tout pour l'absence d'une femme, difficile à oublier. À ce titre, les paroles de "Y a des nuits comme ça" semblent dédiées à Maman, au réconfort maternel qui manque particulièrement aux heures d'insomnie et qui plonge un adulte dans la nostalgie. Encore une belle musique où la voix frêle de PEYRAC fait preuve de chaleur, tandis que Bourgoin jongle avec les idées en passant au sax soprano, autre timbre que son ténor chéri.

De nouveau, c'est un petit nombre de chansons mais on les devine sélectionnées avec soin et l'ensemble tient la route. Dans cet album réussi, où le traitement 80's se révèle parfois meilleur que deux ans plus tôt, on trouve un slow fait de sentiments contraires et d'images américaines ("Love You quand même", arrangé par Santa Maria et son digital piano en vogue). Puis, un funk brumeux et élégant où les guitares rythmiques de Woolloff soulignent joliment les percussions programmées et autres effets de clavier. Nicolas PEYRAC, lui, décrit la quiétude d'une fille qui 's'endort', loin des guerres, au paradis... Superbe refrain final, épique !

Point trop de refrains massifs typiquement eighties dans ce disque, mais celui de "Mélodies mélo" marque à bon escient. Une chanson où les cultures musicales des années 60 et de la présente décennie sont confrontées, hippies pour l'une et plus 'bourrine' pour l'autre, même si quelques slows émergent, ou alors - il faut bien le dire -, une belle délicatesse chaloupée et soft comme ici. Le folk toujours si lointain revient à l'occasion du dernier titre, souvenir d'une romance à Montréal et qui n'a pas donné suite, même au moment du rappel. Comme souvent, Nicolas PEYRAC trouve ici une belle formule en quelques arpèges, mots et mélodies simples, pour nous convaincre.

Note réelle : 3,5

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   MARCO STIVELL

 
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- Nicolas Peyrac (chant, claviers, guitares, programmations)
- Philippe Pelet (guitares, basse, claviers, programmations)
- Sebastian Santa Maria (claviers, programmations, choeurs)
- John Woolloff (guitares, basse)
- Jean-louis Bianchina (batteries)
- Patrick Bourgoin (saxophones)


1. Plus J'avance
2. Love You Quand Même
3. Mélodies Mélo
4. Laissez-moi Rêver
5. Quand Elle Dort
6. Y A Des Nuits Comme ça
7. Et Toujours Cette Nana
8. Montréal Janvier, Toute Première Fois



             



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