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Nicolas PEYRAC - Fait Beau Chez Toi (1980)
Par MARCO STIVELL le 5 Décembre 2021          Consultée 981 fois

En 1979, Nicolas PEYRAC travaille avec Roland Romanelli (accordéoniste, claviériste et arrangeur depuis ses premiers disques) sur une bande originale de film, Les 7 Jours de Janvier. Une réalisation de Juan Antonio Bardem (oncle de Javier Bardem, un des meilleurs acteurs internationaux de notre époque) qui s'inspire du célèbre attentat anti-communiste de 1977 à Madrid par des sympathisants d'extrême-droite, alors que l'Espagne se trouve en pleine transition post franquiste. Après la mort du Caudillo, Bardem devait se sentir plus libre d'exercer son art, et Nicolas PEYRAC, dont le nom d'origine est Tazartez pour rappel, s'est vu offrir une opportunité. Toutefois, cette B.O sombre comme on l'imagine est aussi très synthétique, débordante de boucles martiales et de textures oppressantes, très étonnantes pour qui voudrait découvrir une autre facette de l'artiste, même si on retrouve également une part de son écriture et de sa sensibilité.

Les choses ne sont plus tout à fait les mêmes pour lui dès ce moment-là, car il sort d'une période intense et doit conjuguer son succès le plus grand au passé. Son contrat avec Pathé Marconi est sur le point de se terminer (la maison de disques, en plein redressement, devient par la suite EMI France), et si Romanelli participe à l'élaboration du nouvel album (sans crédits pour le confirmer, une fois de plus), on n'y entend guère d'accordéon. Quant à la touche hispanique, elle subsiste dans certaines influences et notamment les paroles de chansons comme "Sebastien" et "Je vis pour elle – Exit on Sepúlveda". Cette dernière est un étrange et pourtant onctueux mélange de slow classique et passionné avec des références au célèbre auteur chilien Luis Sepúlveda, à la fois militant politique et écologiste, emprisonné sous Pinochet entre 1975 et 77. Comme souvent avec PEYRAC, on doit se laisser porter, et c'est avec bonheur, même d'un point de vue mélodique, les couplets en mineur contrastant avec les refrains 'éclatants' en majeur.

Les trois premiers morceaux sont liés par des choix d'écriture et de production. "Le boulevard où tu m'attends", sur une romance passée et un souvenir doux-amer, fait le tour de New York avant de partir faire celui du monde des îles, avant de se terminer en Bretagne. Le tout sur une musique folk en picking bien servie en arrangements très fins de synthétiseurs. "Sebastien" reprend l'idée du picking mais transposé au piano et dans une ambiance plus exotique. Une adolescente rebelle contre ses parents, l'âge avançant, l'école veut fuguer, et elle rencontre un bel 'hombre' jeune qui l'exhorte à sortir du moule et fuir autour du monde avec lui. Autobiographique ou non, "16 ans, je vis en Bretagne" parle lui aussi de rébellion adolescente (même de la découverte de 'bouquins cochons' !) et de Bretagne, au début du moins. Puis le temps passe et, à 30 ans, la nouvelle vie en ménage aux abords de Paris semble meilleure ; pour l'heure !

Des chansons plaisantes, à défaut d'être des chef-d'oeuvres. Ce sixième album (hors B.O) de Nicolas PEYRAC est remarquable pour son retour à l'homogénéité et une production léchée, lui permettant d'honorer son contrat avec Pathé Marconi jusqu'au bout dans la qualité. "Fait beau chez toi" et l'entêtante "Ça prend du temps, c'est difficile" (à propos des découvertes scientifiques, de la médecine) figurent parmi la variété de marque avec très souvent des tempos funk ou au moins une basse fretless goulue et porteuse. Si l'accordéon est absent, l'entrée dans les années 80 est en revanche marquée en grande pompe par la présence forte du saxophone, un peu trop d'ailleurs, sur trois morceaux dont "Sebastien", avec un tiers final réservé au solo sans que ce soit justifié ni réellement appréciable. Idem de "Qu'est-ce que tu connais à la samba", malgré un nouvel effort en diversité et une écriture contestataire ciselée (il y a le Brésil des favelas et celui des cartes postales).

En fin d'album, "L'imbécile heureux" fait partie des trésors cachés de la carrière de Nicolas PEYRAC, avec un tempo folk-rock sudiste à l'avenant, guitares slide comprises, tandis que le chanteur exprime les regrets de celui qui a trop profité de sa liberté. Les ballades classiques sont de belle facture elles aussi, notamment "Je t'attendais plus", énième description de vies séparées mais avec l'envie de se retrouver qui pointe, et dans une ambiance blues-variété inédite. Cet album peut sembler mineur, mais garde du potentiel grâce à des mélodies superbes et, comme la production, en parfait accord avec la voix et l'esprit du chanteur, même si la présence de sa guitare nous manque.

Note réelle : 3,5

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   MARCO STIVELL

 
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1. Le Boulevard Où Tu M'attends
2. Sebastien
3. 16 Ans, Je Vis En Bretagne
4. Ça Prend Du Temps, C'est Difficile
5. Je Vis Pour Elle – Exit On Sepulveda
6. Fait Beau Chez Toi
7. J'voudrais Pas Qu'on S'abîme
8. Qu'est-ce Que Tu Connais à La Samba
9. L'imbécile Heureux
10. Je T'attendais Plus



             



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