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INDOCHINE - Alice Et June (2005)
Par DARK PANDA le 26 Mai 2011          Consultée 7538 fois

Alice et June, ou le bal des indignations. Les uns adorent (surtout "Adora"), les autres s'ennuient (surtout sur "Morphine"). Il faut dire que cette galette est complexe à appréhender. Dans son histoire tout d'abord, puisqu'elle suit directement le sublime Paradize, résurrection s'il en est du groupe dans ses ventes et le cœur de son public. Difficile de faire mieux. Dans sa composition ensuite, puisqu'il poursuit un travail acharné de restructuration musicale : proche de Paradize sans véritablement l'être, Alice et June est plus sobre et moins électro que son prédécesseur, mais reprend néanmoins plusieurs de ses qualités : un chant hanté du début à la fin, une production incroyablement limpide et un rock ravageur, emporté par d'impressionnantes guitares électriques.
L'erreur d'INDOCHINE ne réside donc pas véritablement dans sa musique. Plutôt dans l'étirement qu'il lui a fait subir. Alice et June est un double-album alors qu'il aurait très bien pu, voire dû, n'être qu'un album simple.

Pourquoi, me demanderez-vous ? En clair, il y a dans les 21 titres d'Alice et June matière à réaliser un excellent album. Un seul. Dommage du coup d'avoir ajouté à cette sélection - certes subjective - une liste de morceaux dispensables.
Mais quelles que soient ces observations, l'album se doit d'être écouté. Derrière les contours policés de son style à la fois agressif et gracieux, profondément rock et merveilleusement glam, se cachent des titres époustouflants. Ce qu'INDOCHINE a pu faire de mieux durant sa carrière, parmi tant d'autres aboutissements musicaux.
"Adora", par exemple. Un des meilleurs tubes du groupe depuis longtemps. Tout y est : un début presque acoustique exécuté à la seule guitare électrique, un crescendo splendide (l'arrivée de la batterie et du chant) qui prend le temps de déployer une mélodie soyeuse, puis un torrent de riffs acerbes. Les strophes s'enchaînent ensuite sur ce même rythme assourdissant, parcouru d'ajouts électroniques. Tout n'est que nappes, vagues et flux sonores parfaitement maîtrisés, jusqu'à l'accalmie en milieu de morceau. Le chant reprend, céleste et envoûté, la batterie s'annonce lentement et le tumulte renaît pour une dernière charge rock, cette fois purement instrumentale.
La même grâce emporte le morceau qui suit, "Un homme dans la bouche". Rythme et mélodie sont livrés dès les premières notes, emportés par un flot de guitares électriques et une batterie monumentale. Le chant s'en éprend avec volupté, suivent les variations splendides des tambours et la distorsion surnaturelle des instruments à corde. Et une nouvelle fois, la réussite du morceau prend un tournant spectaculaire avec un répit musical, suivi d'un crescendo : quelques gouttes électroniques, un riff de guitare qui s'accentue avant d'exploser sur une décharge de batterie et le retour du chant, cristallin, de Nicolas Sirkis.
Ce qu'il faut bien comprendre à présent, c'est que ces deux titres sont exceptionnels. Le traitement limpide du son permet de goûter à toute l'efficacité, voire la délicatesse, des compositions qui constituent elles-mêmes des perles vocales et instrumentales. On y retrouve d'ailleurs l'alchimie particulière de Paradize qui savait déjà s'appuyer sur des mélodies fortes pour exacerber la capacité sensorielle des instruments et plonger l'auditeur au sein d'un univers propre.

Sans arriver au niveau des deux raretés "Adora" et "un homme dans la bouche", les autres titres d'Alice au pays des cauchemars, la première galette, s'avèrent généralement excellents. L'ambiance est satinée, les instrumentations impeccables, le chant égal à lui-même - génialement coincé entre grâce et adolescence, parfois même rejoint par des chœurs d'enfants. Et c'est souvent un rien qui permet à ces pièces de rejoindre l'extase : le piano lugubre de "Ladyboy", la distorsion empoisonnée d'une guitare électrique lors du refrain des "Portes du soir", ou encore une suite de notes incroyablement forte du même instrument à la fin de "Gang bang".
Ces pièces rejoignent les formidables qualités de Paradize, avec toutefois une légère mais patente différence : l'orchestration y est plus sobre, avec moins d'effets électroniques et une revalorisation des instruments purement rock, guitares électriques en tête. C'est simple, ces dernières sont omniprésentes, voire omnipotentes, et brillent à chaque fois ("Alice et June", "Ladyboy", "Black Page"). S'ajoute à ce regain d'authenticité une capacité musicale à la fantaisie et au voyage, cette fois largement héritée de Paradize.

Mais June au pays des merveilles, la seconde galette de ce double-album, semble loin de cet état des lieux. Sans pour autant être mauvais, le disque s'avère poussif, parfois même exaspérant. En clair, il ne parvient jamais à la hauteur de son acolyte.
Plusieurs titres déploient pourtant la même fougue rock et le semblable sens de la musique que ceux d'"Alice au pays des cauchemars". A l'image de "June" (son chant hanté), "Crash Me" (son riff de guitare éternel) et même "Belle et Sébastiane" (ses strophes vocalement irritantes, cependant sauvées par la beauté des cuivres de l'après refrain). A côté de ces pièces, surgissent malheureusement de véritables maladresses : "Aujourd'hui je pleure" avec Aqme est une débandade totale (où donc se trouve INDOCHINE au sein de cette musique assourdissante ?), "Harry Poppers" avec Didier Wampas, une belle initiative mais qui ne colle pas, à mon sens, avec la poésie offerte par Alice au pays des cauchemars.
En réalité, la force de June au pays des merveilles devait semble-t-il résider dans ses ballades, au nombre de quatre. Et si deux d'entre elles réservent en effet des instants flamboyants (les guitares pleurantes de "Sweet Dreams", la céleste chorale de "Starlight" - si toutefois on peut inclure ce titre dans les ballades), les autres ne valent réellement pas la peine (les airs un peu trop niais de "Talulla", la répétitive "Morphine").

Sans être une œuvre maladroite, Alice et June souffre d'une réelle hétérogénéité musicale. Pris à part, chaque album révèle pourtant une certaine cohérence : réussite pour Alice aux pays des cauchemars - si ce n'est l'évitable "Vibrator" et la fade "Pink Water III" -, manque d'inspiration pour June au pays des merveilles. Mises ensemble, les deux œuvres n'ont du coup presque rien à voir entre elles. Plus que déroutant, ce constat est triste. Si INDOCHINE avait décidé de ne pas s'aliéner vers d'autres artistes (Brian Molko sur "Pink Water III", Aqme sur "Aujourd'hui je pleure", Didier Wampas sur "Harry poppers", tous en très petite forme) et de ne pas étirer sa musique sur deux galettes (certains morceaux comme "Morphine" ou "Talulla" ne semblent exister que par garniture), le groupe aurait donné naissance à un album simple, mais totalement exceptionnel. Sûrement l'envie de faire mieux, plus grand que Paradize a-t-elle obnubilé les membres du collectif, au point d'avoir l'idée d'un double-album. On ne s'indignera pas de cette faute de goût, puisque la majorité des titres d'Alice et June se révèle à la hauteur d'INDOCHINE. Mais tout de même, le groupe doit comprendre qu'il n'est jamais aussi fort que lorsqu'il reste intègre. Lorsqu'il ne s'embête pas à diluer son art par l'intervention d'autres artistes. Lorsqu'il se borne à ne faire que du INDOCHINE. Car rien que ça, c'est bien assez grand.

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   DARK PANDA

 
   RICHARD

 
   (2 chroniques)



- Nicola Sirkis (chant, guitare)
- Oli De Sat (guitare)
- Boris Jardel (guitare)
- Marc Eliard (basse)
- François Soulier (batterie)
- François Matuszenski (synthétiseur, piano)


1. La Promesse
2. Les Portes Du Soir
3. Alice Et June
4. Gang Bang
5. Ladyboy
6. Black Page
7. Pink Water Iii - Avec Brian Molko
8. Adora
9. Un Homme Dans La Bouche
10. Vibrator
11. Ceremonia

1. Le Pacte
2. June
3. Sweet Dreams
4. Belle Et Sébastiane
5. Crash Me
6. Aujourd'hui Je Pleure - Avec Aqme
7. Harry Poppers - Avec Didier Wampas
8. Talulla
9. Morphine
10. Starlight - Avec La Chorale Scala & Kolacny Brothe
11. Pink Water Ii - Avec Biran Molko (piste Cachée)



             



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