1995 marque le retour en grâce de Bruce SPRINGSTEEN après la séparation du E Street Band et la parution des albums jumeaux Human Touch et Lucky Town, honnis de la critique. La chanson « Streets of Philadelphia » pour le film « Philadelphia », sorti l’année précédente, sonnait déjà la fin d’une (relative) traversée du désert. Et pour compléter le tout, 1995 voit la réconciliation entre le Boss et l’intégralité du E Street Band, et l’enregistrement de quelques morceaux avec le groupe reformé.

Voilà des signes qui ne trompent pas la maison de disque, il est temps de sortir un best of ! La première compilation officielle du Boss après quand même plus de 20 ans de carrière. Mais résumer tant d’années sur une galette, c’est un peu complexe. Alors ne réunir que les plus gros tubes de SPRINGSTEEN, c’est déjà plus pratique.

Greatest Hits retrace donc les plus grand succès du Boss, et affiche un panorama assez réducteur de sa carrière. Construite chronologiquement, la tracklist commence par un « Born To Run » percutant, mettant d’office au placard les deux premiers opus de SPRINGSTEEN. Pour faire simple, on a deux chansons pour les albums Born to Run, The River, et même quatre pour Born in the USA (l’album de tous les records) ! Les autres albums n’ont droit qu’à un extrait, de Darkness on the Edge of Town à Lucky Town. Treize morceaux pour retracer la discographie de 1975 à 1992, c’est un peu court, mais bon, c’est le principe d’un Greatest Hits …

Mais le plus intéressant dans ce disque, c’est les cinq derniers morceaux. D’une part, c’est le premier vrai disque du Boss à posséder « Streets of Philadelphia », chanson d’une simplicité et d’une beauté déconcertante, un petit joyaux qui valu à son auteur deux Grammy Awards, en plus d’avoir été un hit planétaire.

Ensuite nous avons quatre chansons enregistrées avec le E Street Band fraîchement reformé. Ces chansons étaient prévues pour un album original qui ne verra jamais le jour. « Secret Garden » est une ballade d’une infinie douceur comme SPRINGSTEEN sait si bien en faire, avec un beau final de saxo par le fidèle « Big Man » Clarence Clemons. « Murder Incorporated » est un bon morceaux bien rock digne de la belle époque Darkness on the Edge of Town, et qui prendra une allure épique en live. Dans une veine plus folk avec harmonica à l’appui, la superbe « Blood Brothers » remplit à merveille son rôle. Idem pour « This Hard Land », plus énergique. D’ailleurs, ce titre n’est pas tout neuf, et la version originale inédite paraîtra sur l’imposant coffret Tracks en 1998.

Si Greatest Hits est une entrée en matière un peu limitée dans l’œuvre du Boss (ses plus grand succès font rarement partie des mes chansons préférées …), les inédits qu’il comporte (en plus de « Streets of Philadelphia ») sont vraiment de très bonne facture, et valent d’y coller une oreille. De plus, Greatest Hits fête clairement la reformation du E Street Band. Mais pour une compilation, je lui préfère largement le The Essential de 2003, pour le coup vraiment indispensable.

2,5 pour le Best Of, que j’arrondis à 4 grâce à la présence de ces inédits.