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Elton JOHN - Sleeping With The Past (1989)
Par MARCO STIVELL le 22 Décembre 2012          Consultée 6166 fois

Finalement, c'est peut-être lorsque Elton JOHN et Bernie Taupin se retournent vers leur propre expérience de la vie qu'ils arrivent à fournir le meilleur d'eux-mêmes. Après avoir traversé le désert au niveau artistique pendant la deuxième moitié des années 80, ils décident de consacrer un nouvel album à leur jeunesse, non pas en parlant d'événements mais simplement de musique, cette musique des années 60/70 qui les a beaucoup influencés. Sleeping With the Past, comme l'indique le titre, leur permet de se reposer et de quitter cette décennie fragile en se retournant vers le passé. Un voyage salvateur et qui leur permettra de côtoyer à nouveau dignement les charts, en grande partie grâce à la chanson « Sacrifice ».

Sleeping With the Past est donc dédié principalement aux chanteurs et chanteuses de la vague rhythm'n'blues-soul de ces années-là, et on le sent dès le premier titre, « Durban Deep ». Ca sent bon le r'n'b jusque dans la production rétro, encore que très marquée par la froideur eighties. Tubesque et garni d'un solo railleur de Davey Johnstone, ce titre va nous saisir d'entrée. Non pas qu'il « casse la baraque » comme on dit vulgairement dans notre jargon d'amateurs, mais il se révèle indéniablement plus efficace que tout Leather Jackets et Reg Strikes Back réunis... Et l'on ne pourra que constater ce progrès à travers tout le reste de l'album.

« Healing Hands » est directement inspirée du célébrissime « Reach Out (I'll Be There » jusque dans son refrain (« Reach out for the healing hands »). Pourtant, ce morceau ne souffre pas de la comparaison et bien que moins mémorable, conserve une certaine complexité dans son choix d'harmonisation. La petite envolée de piano, simpliste mais superbe est dans une autre tonalité que celles des couplets et des refrains, déjà différentes entre elles. C'est réellement l'un des titres les plus classieux de l'album avec ce magnifique « Blue Avenue » de conclusion, où la batterie ne rentre qu'après le deuxième refrain, comme pour mieux apprécier la quiétude de ce moment.

Dans cet album, le son est encore très eighties, avec force batterie triggée en avant, sonnant presque parfois comme un beat électronique, mais aussi beaucoup, beaucoup de claviers. Et pour cause, ils sont trois à les tenir : Elton, Fred Mandel dont c'est la dernière participation à un album du Maître, et Gus Babylon dont c'est le début d'une longue collaboration. Les sonorités sont donc d'époque, avec on le remarque, et c'est logique pour cette musique quand on n'en a pas choisi des vrais, beaucoup de cuivres joués au synthés, ou parfois une trompette seule. On peut les entendre à loisir sur « Sleeping With the Past », « I Never Knew Her Name » et « Blue Avenue ». Le saxophone de « Club at the End of the Street » est lui en revanche, bien vrai et loin d'être dégueulasse. Quant à Davey Johnstone, il est encore à l'honneur sur ce disque et délivre des soli d'une efficacité dont il a le secret, les plus beaux restants ceux de « Stone Throw From Hurtin » et « Amazes Me », puis « Blue Avenue » à la classique sans oublier bien sûr le fameux riff de « Sacrifice ».

Rhythm'n'blues et soul se côtoient donc pour un résultat fort honorable, à l'image du joli « Whispers » aux sonorités cristallines, de « Stone's Throw From Hurtin » où Elton chante en voix de tête (très bizarre par rapport à sa nouvelle voix, mais amusant), de « I Never Knew Her Name » et son pont au gros orgue, ou encore de l'exotique « Club at the End of the Street ». Même « Sleeping With the Past » au riff bien sale et le slow langoureux « Amazes Me » ne détonnent pas, et chaque titre est garni des choeurs soul féminins fort à-propos. Mais le meilleur reste bien entendu « Sacrifice »... Cela faisait bien longtemps que Elton ne nous avait pas offert un tube de ce calibre et pour le coup, c'est vraiment l'un de ses plus beaux comme quoi, même au bout de plus de vingt albums, l'inspiration peut toujours révéler des éclairs de génie. Cette ballade au rythme chaloupé, aux sonorités de claviers splendides et à la mélodie enivrante reste passionnante même sur sa version studio étirée.

Je n'ai pas envie une seconde de dévaluer cet album qui, bien que n'étant pas un chef-d'oeuvre, a su redorer le blason de l'artiste auprès des fans. Cette appréciation reste personnelle dans le sens où c'est le premier album d'Elton que j'ai connu, alors que je marchais à quatre pattes, et ma mère n'ayant pas besoin que je la prie pour qu'elle mette « Sacrifice » en boucle, au grand désespoir de mon père... C'était y a bien longtemps mon gars !

Note réelle : 3,5

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   MARCO STIVELL

 
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- Elton John (chant, piano, claviers, choeurs)
- Guy Babylon (claviers)
- Davey Johnstone (guitares, choeurs)
- Fred Mandel (guitares, claviers, orgue)
- Romeo Williams (basse)
- Jonathan Moffett (batterie)
- Vince Denham (saxophone)
- Marlena Jeter (choeurs)
- Natalie Jackson (choeurs)
- Mortonette Jenkins (choeurs)
- Peter Iversen (programmations synthétiseurs fairlight et audiofil)


1. Durban Deep
2. Healing Hands
3. Whispers
4. Club At The End Of The Street
5. Sleeping With The Past
6. Stones Throw From Hurtin'
7. Sacrifice
8. I Never Knew Her Name
9. Amazes Me
10. Blue Avenue



             



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