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Elton JOHN - Ice On Fire (1985)
Par MARCO STIVELL le 10 Juillet 2012          Consultée 5602 fois

C'était à craindre, Elton se sépare donc de sa précieuse section rythmique Murray / Olsson après deux albums de facture plus qu'honorable. Quant à savoir pourquoi Johnstone, lui, a été gardé, c'est difficile et il vaut mieux ne pas se poser de questions. Seul Dieu, s'il existe, peut savoir ce qu'il se passe dans la tête d'Elton à ce moment, car dans le même temps il rappelle son ancien producteur Gus Dudgeon, l'alchimiste de ses plus grands albums. Curieux choix, surtout quand on sait combien Ice on Fire est éloigné de Captain Fantastic and the Brown Dirt Cowboy, d'un point de vue sonoristique. Dix ans de différence, ce n'est pas négligeable...

Elton essaie par tous les artifices de combler le manque d'un tel groupe. On en revient aux grandes configurations d'instrumentistes, les choeurs et les cuivres en particulier sont de nouveau au goût du jour. On relèvera aussi la liste conséquente d'invités, précisément les personnes plus ou moins prestigieuses de Nik Kershaw ou George Michael, la section rythmique de Queen (Roger Taylor et John Deacon)... Autant d'éléments qui ne suffiront pas à faire réellement de Ice on Fire un coup de maître dans ces années où Elton semble de plus en plus "s'américaniser".

Si les albums précédents, notamment Too Low for Zero arrivaient à garder une production limite "classique" par moments, celle de ce nouveau disque est entièrement dévolue à la vague eighties qui consiste à mettre froideur de la réverbération et instruments modernes en avant. Si beaucoup de fans qui arrivaient encore à suivre jusque là ont fini par décrocher à ce moment, ce n'est pas pour rien. Et bien qu'Elton se fasse plus américain, les States eux-mêmes ont boudé cet album malgré la présence du tube "Nikita".

A croire que nos chers amis étasuniens ont fondu pour cette ritournelle, à laquelle Bernie Taupin a fixé un texte centré sur la Guerre Froide mais au ton plus fleur bleue que sur "Restless" en l'occurrence, puisqu'il traite de l'amour impossible entre un allemand de la RFA et une douanière de la RDA. Le tout servi par une sorte de mixture eigthies/exotique, la biguine antillaise pointe le bout de son nez dans un mur de claviers et de réverb'. Ajoutez à cela les choeurs soul de George Michael et surtout le solo de synthé-trompette, vous avez le type même de tube atypique que seul Elton pouvait écrire. Mais c'est un Elton juste sympathique, pas de quoi crier au génie non plus... Un peu comme pour tout le reste d'Ice on Fire.

Le début de l'album mise sur une bonne décharge de black music où les cuivres sont à l'avenant. "Soul Glove" porte bien son nom, mais c'est surtout "This Town" qui retient notre attention. Porté par un rythme funky, orné de basses-synthé et de choeurs féminins, ponctué de soli ronflants de sax alto, nous avons là une vraie fiesta musicale et par la même occasion un titre très efficace, à la fin fiévreuse. Cela laissait augurer du meilleur, tout comme dans un style antinomique, "Cry to Heaven" au piano sur nappes de synthés et interprétée par Elton d'une voix grave et profonde. C'est une nouvelle ballade passionnée et de bonne facture.

Au milieu du disque, nous rencontrons d'abord "Too Young", un autre low-tempo et un slow qui se veut rêveur, avec plein de choeurs et de synthés. Il y a ce "Wrap Her Up" élancé, pour lequel tous les musiciens principaux (dont Johnstone) ont mis la main à la pâte quant à la composition, en duo avec George Michael, très typé et garni de force voix de tête. Le solo de guitare clean est amusant, mais le tout est trop répétitif, saisissant l'occasion d'une grande énumération de noms de femmes artistes (including Kiki "Don't Go Breaking My Heart" Dee qui figure parmi les choeurs). "Satellite", soutenu par différentes batteries, vaut surtout pour son avalanche de sons d'époque. "Tell Me What the Papers Say" est une nouvelle escapade soul où les cuivres sont joués au synthé, où la basse est très en avant et qui reste appréciable pour sa guitare et ses choeurs. Reste la fin, de meilleur acabit. "Candy By the Pound" renoue avec les vrais cuivres et un esprit plus jazz. Pour une bluette, c'en est une ! Quant à "Shoot Down the Moon", c'est la ballade de fin au piano, prolongeant le rêve à sa façon et qui demeure plutôt inspirée, tout en ne figurant pas parmi les plus grandes réussites du Maître non plus.

En dépit de la sévérité qu'on peut lui infliger, Ice on Fire s'écoute gentiment et trois ou quatre titres se détachent vraiment du lot. Ce n'est pas le type d'album que l'on regarde de haut, sauf bien sûr pour le comparer aux gloires passées. Mais grâce à des "This Town", "Candy By the Pound", "Cry to Heaven" et "Shoot Down the Moon", la source n'est pas encore tarie !

Note réelle : 2,5

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   MARCO STIVELL

 
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- Elton John (chant, pianos, synthétiseurs, choeurs)
- Davey Johnstone (guitares, guitare-synthé, choeurs)
- Fred Mandel (guitare électriques, claviers, séquenceurs)
- Charlie Morgan (batterie)
- Gus Dudgeon (batterie électronique simmons)
- Mel Gaynor (batterie)
- Dave Mattacks (batterie)
- Roger Taylor (batterie)
- Paul Westwood (basse)
- Deon Estus (basse)
- John Deacon (basse)
- Pino Palladino (basse)
- David Paton (basse)
- George Michael (choeurs)
- James Newton-howard (arrangements des cordes)
- Frank Ricotti (percussions)
- David Bitelli (saxophones ténor et baryton)
- Raul D'oliveira (trompettes)
- Paul Spong (trompettes)
- Rick Taylor (trombone)
- Pete Thomas (saxophone alto)


1. This Town
2. Cry To Heaven
3. Soul Glove
4. Nikita
5. Too Young
6. Wrap Her Up
7. Satellite
8. Tell Me What The Papers Say
9. Candy By The Pound
10. Shoot Down The Moon



             



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