Nous sommes en l'an 2000. Nous sommes MOTÖRHEAD, nous avons 25 ans. Nous jouons du rock'n'roll, et nous sommes nés pour vous botter le cul.

Voici en quelque sorte le message adressé par Lemmy, Campbell et Mikkey à leurs fans (ainsi qu'au reste de l'Univers) avec cet album du millénaire.
En nommant Nous sommes Motörhead son album de l'an 2000, MOTÖRHEAD nous pond en quelque sorte son deuxième album éponyme (après celui de 1977), ce qui semble riche de sens de prime abord. Avec un tel titre, on est en droit d'attendre une sorte de 'bilan', d'album-somme synthétisant l'ensemble de la carrière du groupe britannique depuis ses débuts dans les années 1970 et abordant toutes les facettes de cette formation culte, alors que l'année 2000 constitue son 25ème anniversaire. La réalité des faits, cependant, c'est que cet album n'est pas vraiment cela.
Si des aspects 'old school' et 'hommage au passé' peuvent être relevés à quelques fugaces moments, ne le nions pas, We Are Motörhead est quand même avant tout l'album de la continuité et de l'évolution.

C'est d'ailleurs un MOTÖRHEAD éminemment speed metal et plus brutal que jamais qui entame les hostilités avec le morceau d'ouverture, "See Me Burning", sorte de brûlot hyper-puissant et viril à souhait. Il semblerait même que MOTÖRHEAD n'ait jamais joué aussi vite. On n'est d'ailleurs pas bien loin du tonnerre apocalyptique du Painkiller de JUDAS PRIEST. Même délire sur "Stay Out of Jail" qui continue dans cette veine speed sans concessions avec des refrains puissamment heavy.
"Wake The Dead" s'avère largement plus surprenante : la double pédale de Mikkey Dee, comme structure même du morceau, demeure omniprésente sur ce titre fort réussi aux ambiances changeantes.

Cet album est celui sur lequel la modernisation du son MOTÖRHEAD est probablement la plus évidente comparativement à ce que le groupe nous a pondu durant toute la décennie passée. Ainsi ,"Slow Dance", aux riffs power/groove mis au service d'une compo qui demeure quand même rock'n'roll, en est le parfait exemple. Idem avec "Stagefright/Crash & Burn", morceau groove'n'roll à la production éminemment grasse et moderne.
Les quelques aspects 'retro" sont donc au final fort discrets, et le titre de l'album se révèle en définitive trompeur. En termes d'aspects retro, on note par exemple la reprise assez sympa des SEX PISTOLS ("God Save The Queen"), qui rend hommage aux années glorieuses durant lesquelles Lemmy était l'ami de Sid Vicious, ainsi que le morceau éponyme clôturant l'album, qui relève autant de l'auto-parodie que du manifeste. "Out To Lunch" nous présente pour sa part un MOTÖRHEAD sans prise de risque, qui fait du speed rock'n'roll comme à l'accoutumée. La traditionnelle ballade est évidemment présente, il s'agit de "One More Fucking Time", un titre délicat où la voix de Lemmy se fait doucereuse et raffinée, à l'instar des plus beaux moments d'Overnight Sensation. Encore un exercice réussi.

Evidemment, malgré beaucoup d'aspects convenus et prévisibles, cet album est largement meilleur que le tout juste correct Snake Bite Love, et We Are Motörhead est en définitive un véritable opus coup de poing. Plutôt qu'un album-bilan, Lemmy et ses copains guerilleros nous livrent en réalité un nouvel album-manifeste, destiné à rétablir enfin l'Empereur du Speed au sommet du metal mondial après des années 1990 quelque peu hésitantes, en dépit de quelques opus fort réussis. Et, franchement, on ne va pas s'en plaindre.

La suite des années 2000 se montre cependant plus linéaire pour les Anglais : Lemmy et sa bande réalisent régulièrement de bons albums durant la période à venir, mais si l'on excepte l'enthousiasmant Inferno de 2004, une certaine routine voit le jour du côté de chez MOTÖRHEAD. Bien que les albums produits durant cette décennie soient tous très intéressants, plus aucun ne réussit à se hisser au niveau de ce que le groupe pouvait faire dans les années 1980.

WE ARE MOTÖRHEAD, BORN TO KICK YOUR ASS !!!!!!