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1977 In Color
1979 At Budokan
  Dream Police
1980 All Shook Up
1982 One On One
2006 Rockford
2021 In Another World
 

- Style : The Beatles , The Move , Electric Light Orchestra, Jellyfish, Enuff Z'nuff
- Membre : Bun E. Carlos
- Style + Membre : Robin Zander

CHEAP TRICK - Next Position Please (1983)
Par JASPER LEE POP le 4 Juillet 2016          Consultée 2089 fois

Ou plutôt Next Producer, Please puisque la valse des producteurs continue. Après l'insatisfaisante collaboration avec Tom Werman (pourtant fructueuse) et les tentatives non couronnées de succès avec les anglais George Martin et Roy Thomas Baker, les Tricksters se tournent vers Todd RUNDGREN, l’éclectique multi-instrumentiste/producteur de talent à la carrière ô combien prolifique. Ce choix-là n'est pas si surprenant que ça, d'abord parce que c'est une sorte de retour aux sources pour Rick Nielsen qui avait croisé sa route au sein de NAZZ le bébé de Rundgren et ni plus ni moins l'incubateur de CHEAP TRICK avec ses différentes incarnations (FUSE, Sick Men of Europe) ensuite parce que le songwriter semble mieux à même de comprendre les aspirations du gang de Rockford qu'un producteur ordinaire suite aux égarements des albums précédents. Rundgren, pourtant pas le premier nom qui vient à l'esprit quand on pense à une production épurée, a en effet déclaré avoir voulu débarrasser CHEAP TRICK des gimmicks, des dizaines de pistes de guitares, des effets pompeux sur les voix et retourner à l'essentiel : les chansons. Dans mes bras, Todd ! Mais le producteur a-t-il réussi sa mission et le groupe avait-il des vraies compositions dans sa besace cette fois-ci ?

« I Can't Take It » donne le ton général de l'album et nous rassure d'entrée de jeu. La chanson est une belle réussite qui trouve sa place dans le répertoire d'inspiration Beatlesque du groupe. Bien sûr, on notera tout de suite que les guitares manquent cruellement de mordant. Au revoir la saturation, les papes du Power Pop font ici strictement dans la Pop. Mais peu importent les arrangements, la chanson signée Robin Zander (malgré une mini-polémique lancée par le bassiste éconduit Pete Comita qui en revendique partiellement la paternité) est joliment troussée. Zander nous la joue crooner à la Roy ORBISON comme il aime souvent le faire sur « Borderline ». Les quelques saillies en guitare saturée sont traitées de façon synthétique pour arrondir les angles (Nielsen a craqué comme beaucoup à la même époque pour le Rockman), la couleur pop de l'album se faisant de plus en plus évidente et ce n'est pas « I Don't Love Here Anymore » qui changera la donne. C'est là aussi bien écrit et les harmonies vocales sont bien sympathiques mais la chanson est quand même sérieusement déconseillée aux diabétiques tant la production ne lésine pas sur la guimauve. On aurait adoré franchement plus de mordant encore sur la chanson-titre « Next Position Please » et une guitare moins castrée sur « Younger Girls » aux paroles vraiment limites mais les deux morceaux font mouche et n'auraient pas fait tâche sur In Color.

Le bilan à la mi-temps est plutôt bon et dès lors qu'on accepte l'orientation poppy des arrangements et de la prod, on ne peut que s'incliner devant un niveau de compos que le groupe n'avait plus atteint depuis un moment. Et puis arrive la catastrophe. Ça s'appelle « Dancing The Night Away », c'est une reprise des MOTORS, ça s'étire sur cinq longues minutes et misère, que c'est mauvais ! La version originale n'était certes pas une chanson d'anthologie mais l'énergie pub-rock de la bande à Nick Garvey était contagieuse. Rien de tel ici avec des arrangement sirupeux pénibles. C'est bien simple, la chanson n'aurait pas déparu sur l'album ultérieur The Doctor (patience, on souffrira bien assez tôt avec celui-là). Il faut dire que le groupe n'a pas eu le choix et s'est vu imposer la chanson par la maison de disques qui entend les mener à la baguette depuis que Zander & co leur ont intenté un procès pour cause de mauvaise promotion. À croire que CHEAP TRICK a sciemment saboté l'exercice imposé (Rundgren lui a tout simplement refusé de produire le morceau). Le pire, c'est qu'Epic s'entêtera en choisissant cette infamie comme premier single !*

Allez, on oublie et on poursuit avec « 3D » qui fait partie de ces morceaux loufoques (dans la veine de High Priest of Ryhtmic Noise) prétextes à expérimentations sonores et pitreries au micro pour Nielsen. Ça peut saouler, moi j'aime bien. On peut passer sur « I Say Jump », une belle faute de goût. « Y.O.Y.O.Y. » (pour Why, Oh, Why, Oh, Why) fait dans la ballade acidulée. Je ne sais pas si c'est un plaisir coupable mais j'ai la faiblesse de croire qu'elle aurait pu cartonner sur les ondes américaines si Epic l'avait sortie en single. Le groupe convainc moins sur « Won't Take No For An Answer » qui part un peu dans tous les sens. « Heaven's Falling » est une pièce montée avec des arrangements somptueux et des harmonies vocales luxueuses très AOR 80s qui ne ressemble pas du tout à du CHEAP TRICK, ce qui n'est pas étonnant puisque le morceau est signé Todd Rundgren. Fausse route pour moi. « Invaders of the Heart » commence par emprunter les premières mesures du « My Generation » des WHO pour continuer sur un rock bon enfant qui permet à Bun E. Carlos de se défouler un peu, il en avait certainement besoin.

Tout n'est pas bon dans Next Position Please avec sa pochette pastiche du Born To Run de SPRINGSTEEN et l'album aurait gagné à être plus court**. Si l'on n'est pas rebuté par le virage et la production pop assumées, on y retrouvera avec plaisir les talents de compositions du groupe. Zander certainement canalisé par un collègue chanteur en la personne de Rundgren y chante enfin plus posément et mieux que sur les deux précédents opus. On tient certainement là le meilleur disque du groupe de la décennie.

* Le morceau honteux sera relégué en fin d'album sur la version numérique ressortie en 2006 par Epic/Legacy intitulée Next Position Please (The Authorized Version). Cette version contient également les mauvais « Twisted Heart » et « Don't Hit Me With Your Love ». Au total 16 morceaux dont beaucoup trop de fillers, c'est dommage.

** Le vinyle comptait 12 titres. La cassette et le CD furent augmentés de 2 titres, le bref et décapant « You Talk Too Much » et le plus dispensable « Don't Make Our Love a Crime ».

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   JASPER LEE POP

 
  N/A



- Robin Zander (chant, guitare, claviers)
- Rick Nielsen (guitares)
- Jon Brant (basse)
- Bun E. Carlos (batterie)


1. I Can't Take It
2. Borderline
3. I Don't Love Here Anymore
4. Next Position Please
5. Younger Girls
6. Dancing The Night Away
7. 3d
8. You Say Jump
9. Y.o.y.o.y.
10. Won't Take No For An Answer
11. Heaven's Falling
12. Invaders Of The Heart



             



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