Hudson River Wind Meditation est le dernier album solo de Lou REED en studio. Il est situé entre le pénible The Raven et Lulu, le pompeux mais amusant opus réalisé avec les copains de METALLICA.

Hudson River Wind Meditations est le négatif de Metal Machine Music. Les deux albums partagent le fait d’être purement instrumentaux, ce qui reste une entreprise plutôt risquée pour un songwriter assez faible musicien. Mais là où Metal Machine Music, en dehors de son côté provocateur, distillait une vraie tension, insupportable pour certains, passionnante pour d’autres, Hudson River Wind Meditations ne nous offre à entendre que des ambiances éthérées. Il faut préciser qu’il s’agit d’une musique utilitaire, un fond sonore à des fins, dixit Lou REED, de relaxation du corps, de l’esprit, en accompagnement d’exercices de Tai Chi. Haha ! Elle est bien bonne ! Le Rock’N’Roll Animal s’est mis au Tai Chi et à la méditation ! C’est plutôt marrant, cette idée, mais passé un légitime moment d’amusement, il faut bien reconnaître que l’on s’en fiche un peu, de ce que peut faire Lou REED de sa vie personnelle. Nous, ce qui nous intéresse, c’est qu’il nous raconte des histoires, sombres si possible, avec des personnages flamboyants et paumés. Mais ici point d’histoires. Lou le prétentieux semble au contraire vouloir nous donner quelques leçons de vie, en nous dévoilant une part de la sienne. Or, croire que sa vie propre est devenu aussi passionnante qu’une création relève de la bêtise et/ou d’une grande vanité. Ce n’est pas Lou REED que l’on aime, mais ses chansons.

Alors, on plonge dans cet album, chroniqueur consciencieux, pour tenter d’en tirer quelque chose. Mais on a beau faire, rien ne sort. Tout est vain, ennuyeux, dénué d’intérêt. Les deux premiers morceaux durent une demi-heure chacun. Pourquoi une demi-heure ? Pourquoi pas davantage, mais surtout, pourquoi pas moins ? Le premier, « Move Your Heart », n’est qu’une boucle de sons électroniques avec quelques variations de texture. Le second, « Find Your Note » a beau lorgner du côté du larsen, cela reste très pépère, tranquille, pas dérangeant pour deux ronds, le négatif, encore une fois, de Metal Machine Music. Restent deux autres morceaux qui ont le mérite d’être courts, à défaut d’être intéressants.

Hudson River Wind Meditations est la triste preuve que Lou REED n’a plus rien à dire. Si l’on pourra toujours lui reconnaître une volonté de se renouveler et un constant refus de rester figé dans ses succès passés, cela ne suffit malheureusement pas. Dans The Raven, Lou REED masquait son manque d’inspiration en allant pomper des textes de Poe. Dans Hudson River Wind Meditations, il brasse du vent (oui, je sais, c’est facile). N’ayant sorti aucune bonne chanson depuis Ecstasy, en 2000, Lou REED est désormais vide, asséché. Le problème est qu’il ne le sait pas. Mais c’est le moindre de ses travers, au fond, de n’avoir jamais vraiment su à quoi il était bon. Et c’est sans doute ce qui fait qu’il restera connu pour deux ou trois disques seulement, et que son succès, s’il lui a permis de durer, ne l’aura jamais amené au niveau d’un David BOWIE. Trop excessif dans ses choix, capable du meilleur et du pire sans aucun discernement, Lou REED nous propose un dernier album studio extrêmement faible, que même les fans auront du mal à défendre. D’ailleurs, essayez pour voir : Hudson River Wind Meditations reste étrangement méconnu. Il suffit de l’écouter pour comprendre pourquoi.