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- Membre : The Velvet Underground , John Cale , Lou Reed And John Cale , Metallica, Antony And The Johnsons, Reed / Anderson / Zorn

Lou REED - Lou Reed (1972)
Par LE BARON le 6 Mai 2016          Consultée 3553 fois

En 1971, Lou Reed a 29 ans. L'expérience du Velvet Underground est derrière lui. Après avoir claqué la porte du groupe, il est retourné vivre chez ses parents. Il travaille, se marie, semble prendre moins de drogues, écrit des poèmes. Il rompt ainsi avec des années pour le moins agitées. Pas forcément pour longtemps.

Un producteur, Richard Robinson, le convainc d'enregistrer de nouveau. Ce sera cet album éponyme, enregistré à Londres. Si Lou a déjà rencontré David Bowie, ils ne travaillent pas encore ensemble.

A-t'il envisagé d'arrêter de chanter ? On peut le penser puisque l'album est avant tout composé de chansons déjà enregistrées avec Le Velvet. Six sur dix. Elles ne sont toutefois pas sorties en disque et ne le seront que dans les années 80 lorsque le Velvet Underground refera surface. Il est en effet tout à fait obscur à l'époque et rien ne peut laisser penser qu'il accédera au statut d'icône.

Disons un mot du Velvet. On en parle aujourd'hui comme d'un immense groupe (à l'heure ou j'écris, il y a même une exposition qui lui est consacrée à la Philharmonie de Paris. Avec reconstitution d'un vrai morceau de Factory dedans. Si, si.).
Soyons sérieux : la musique du Velvet a énormément vieilli, même s'il est de bon ton aujourd'hui de la déclarer formidable. Franchement, qui peut se passionner pour l'alto de John Cale ou les tambours de Moe Tucker ?
Ce sont les textes qui perdurent et conservent leur intensité de diamant brut.

Lou Reed fut novateur avec le Velvet, puis en solo. Par les sujets évoqués d'abord : il y a de quoi être fasciné par la collection de personnages qu'il dévoile, la drogue, la violence, le sexe sous différentes formes.
Mais l'innovation est également stylistique. Lou Reed est de formation littéraire et son écriture s'en ressent. Très américaine, elle peut parfois sembler presque sèche. Il n'utilise que quelques mots pour installer une situation, un climat. Il finit à peine ses phrases, ce qui oblige l'auditeur à compléter. Et c'est là tout son talent. Il s'agit d'une écriture ouverte, réalisée avec quelques traits de crayon qui suffisent à rendre l'ensemble. Il ne juge pas, n'écrit pas forcément la fin de l'histoire, reste dans le présent. L'exemple le plus connu de cette écriture si particulière est bien sûr « Walk On The Wild Side », qui paraîtra sur « Transformer » : une suite de portraits, de quatre vers seulement, brossant toute une histoire.

Les chansons de ce premier album sonnent donc comme du Lou Reed, même celles enregistrées avec le Velvet.
On y retrouve des thèmes et des formes qui resteront tout au long de sa carrière.

Prenons « Wild Child », par exemple.
Un couplet de 4 vers, un deuxième de 5, puis le refrain. Reed commence par décrire sa conversation avec un personnage plutôt haut en couleur (Chuck, son costume de Genghis Khan, son chapeau de sorcier). De quoi parlent-ils ?
Du nouveau film de Chuck, de sa bande-son, des enfants, de différents types de savons, des suicides. Puis ils parlent de Lorraine. Ils reviennent toujours à Lorraine.
La forme de narrative de Lou Reed est là: des personnages qui parlent de tout et de rien, même s'ils ont une petite étrangeté. Et puis la phrase sur Lorraine, qui clôt chaque couplet. La « Wild Child », c'est elle. Plutôt que de nous expliquer qu'elle occupe toutes les conversations, Lou Reed a la finesse de nous le faire comprendre.
C'est une des bonnes chansons de l'album.

Il faut également mentionner la première version de « Berlin ». Lou Reed a toujours dit aimer les « Torch Songs(1) ». Dans la version qu'il chantera durant le concert de 1972 au Bataclan, il la présente ironiquement comme une chanson de Barbra Streisand. C'est en effet une très belle chanson d'amour, d'une écriture toujours minimaliste, mais non dénuée de lyrisme. Elle sera épurée dans « Berlin », l'album, Lou abandonnant une partie du texte. Heureusement, il conservera la mention du Dubonnet, le vermouth. Cela apporte une merveilleuse touche de suranné. « Torch song », on vous dit !.

On trouve d'autres belles chansons : « Lisa Says », autre répétition d'une figure de style Reedienne. "Ocean » (ou "The Ocean", selon les versions), plus sombre, presque menaçante.

C'est musicalement que l'album est plus faible. Les musiciens sont bons (deux d'entre eux, Steve Howe et Rick Wakeman rejoindront Yes, drôle de mélange), mais il manque une véritable direction artistique et, sans doute, un arrangeur de talent. Ce seront Mick Ronson et David Bowie sur « Transformer », ils aideront Lou Reed à prendre de la hauteur.
La voix est pourtant déjà là : ironique parfois, avec une sorte de nonchalance. Lou Reed chante encore, le talk-over est à venir.
Cet album ne pèche que par manque d'ambition musicale. Toutes les qualités de Lou Reed sont présentes, mais il donne l'impression de n'avoir pas encore pris la mesure de son propre talent.
Cela viendra avec « Transformer », puis « Berlin », et bien d'autres encore.
Cela reste un album plein de promesses, qui seront tenues peu de temps après.

1 Chanson d'amour contrarié. Le moment où Frank Sinatra desserre sa cravate et larmoie, pour paraphraser Lou Reed lui-même.

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   LE BARON

 
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- Lou Reed (vocals)
- Clem Cattini (percussion)
- Helene Francois (harmony vocals)
- Kay Garner (harmony vocals)
- Steve Howe (guitar)
- Les Hurdle (bass)
- Paul Keogh (guitar, acoustic guitar)
- Brian Odgers (bass)
- Caleb Quaye (guitar, acoustic guitar, piano)
- Rick Wakeman (piano, keyboards)


- Lou Reed
1. I Can't Stand It
2. Going Down
3. Walk And Talk It
4. Lisa Says
5. Berlin
6. I Love You
7. Wild Child
8. Love Maes You Feel
9. Ride Into The Sun
10. Ocean



             



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