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- Membre : The Velvet Underground , John Cale , Lou Reed And John Cale , Metallica, Antony And The Johnsons, Reed / Anderson / Zorn

Lou REED - Berlin: Live At St. Ann's Warehouse (2008)
Par LE BARON le 27 Avril 2017          Consultée 2251 fois

Berlin : Live At St. Ann’s Wharehouse est d’abord un concert filmé par Julian Schnabel, édité en DVD. Les musiciens étaient accompagnés par une projection d’images censées illustrer les textes. A part la curiosité d’y croiser Emmanuelle Seigner dans le rôle de Caroline, cela n’a pas forcément un grand intérêt. La musique se suffit à elle-même, d’où l’idée de proposer également un CD.

Ce disque pose une une question récurrente pour moi : à quoi bon rejouer un album studio en concert, et qui plus est en respectant quasi note par note l’enregistrement initial ? Lou REED l’a déjà fait, au moins pour Magic And Loss, mais il s’agissait à l’époque de la tournée suivant immédiatement la sortie de l’album studio. Enregistré en 2006, Berlin : Live At St. Ann’s Wharehouse reprend un album de 1973 ! On peut craindre le pire, c’est-à-dire une démarche purement commerciale visant à engranger des dollars sur le dos de grands benêts de 40 à 80 ans, tout heureux de venir vibrer en retrouvant la passion et l’enthousiasme de leur jeunesse.

Berlin est un album sombre, dense, sur lequel tout a été dit. Rappelons cependant qu’il lui a fallu des années pour devenir culte, après avoir été très mal reçu par la critique comme le grand public : trop noir, trop cru, même pour du Lou REED. Cette incompréhension n’est sans doute pas sans importance dans la suite de la carrière de REED. Si Berlin avait eu du succès, il est fort possible que le personnage de Rock'n'Roll Animal, qui apparaît juste après cet échec, eût évité quelques excès, musicaux ou autres. Quoiqu’il en soit, Berlin a fini par être reconnu à sa juste valeur : une merveilleuse monstruosité.

Et c’est en cela que ce disque sonne davantage comme un besoin de reconnaissance, fut-elle tardive, que comme une démarche commerciale. Lou REED a en effet conservé une certaine amertume – et pas mal de rancœur à l’encontre des journalistes, qui en paieront souvent le prix lors de mémorables interviews - envers ceux qui ne l’ont pas encensé à l’époque de Berlin. Rejouer cet album en 2006 est devenu sans risque : les auditeurs sont acquis à sa cause, l’album est culte, Lou REED est une icône. Alors est-ce une facilité ? Peut-être, mais on s’y laisse prendre.

D’abord parce que Berlin reste un très grand album, une hallucinante descente aux enfers qui n’a – à mes oreilles – jamais été égalée. Ensuite parce que REED, et c’est une preuve supplémentaire du sérieux de sa démarche, convoque rien moins que 11 musiciens, 2 choristes, 1 chœur d’enfants. Il aurait pu se contenter d’aligner les titres avec son groupe, en version rock, s’il ne s’agissait que d’alimenter son compte en banque, mais il se lance dans l’aventure avec sincérité, et un excellent orchestre.

Fernando Saunders (basse) et Tony « Thunder » Smith (batterie) constituent sa section rythmique depuis longtemps. REED complète le combo par des musiciens issus des LOUNGE LIZARDS (Steven Bernstein, Curtis Fowlkes, Jane Scarpantoni), ou même de SECRET CHIEFS 3 (Eyvind Kang). Il faut également mentionner les choristes : Antony HEGARTHY et Sharon JONES, eh oui ! Lou REED n’a jamais caché son goût pour la soul et ses grandes voix. Enfin, deux revenants, deux piliers du Berlin de 1973 sont également présents : Steve Hunter à la guitare, qu’on ne présente plus, mais aussi et surtout Bob Ezrin qui retrouve son rôle initial de producteur. Du très beau monde, donc, et qui permet de donner une version de Berlin aussi précise que possible, même dans ses parties les plus complexes. Je pense par exemple au chœur d’enfant qui clôt « The Bed » qui, s’il est imparfait, reste convaincant avec ses inflexions à la LIGETI.

Cela sonne donc juste, puissant, précis et la prise de son est impeccable. L’interprétation de Lou REED est sobre, et cela pourra en dérouter certains. En 1973, il tenait davantage du chat écorché.

Je retourne donc à ma question initiale : à quoi bon publier un album live reprenant un album studio dans son intégralité ? Répondons ainsi : Lou REED a un côté revanchard. Il le satisfait en se faisant applaudir là où il s’était fait huer. Comme on se fiche un peu de ses états d’âme, on se dit que l’album n’est pas indispensable. Mais il n’est pas mauvais, loin de là, d’abord parce qu’il est tiré de ce qui reste un chef d’œuvre, mais aussi parce que son interprétation est excellente. C’est donc un bon live*, mais qui pêche – forcément ! - par manque d’originalité. Cela s’écoute avec plaisir, mais sans surprise. Autant revenir à l’original.

*Je n’ai pas mentionné les 3 morceaux qui complètent le disque : Candy Says, Rock Minuet, Sweet Jane. Ils me font le même effet que Berlin : très bien joués, mais déjà connus.

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   LE BARON

 
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- Lou Reed (voix, guitare)
- Steve Hunter (guitare)
- Fernando Saunders (basse, synthétiseur, guitare, voix)
- Tony 'thunder' Smith (batterie, percussions, voix)
- Rupert Christie (claviers, voix)
- Rob Wasserman (basses)
- Sharon Jones (voix)
- Antony Hegarty (voix)
- Steven Bernstein (bugle, trompette)
- Curtis Fowlkes (trombone)
- Paul Shapiro (saxophone, flûte)
- Doug Wieselman (clarinette basse, clarinette)
- David Gold (alto)
- Eyvind Kang (alto)
- Jane Scarpantoni (violoncelle)
- Brooklyn Youth Chorus (choeurs)


- berlin: Live At St. Ann's Warehouse
1. Intro
2. Berlin
3. Lady Day
4. Men Of Good Fortune
5. Caroline Says, Pt. I
6. How Do You Think It Feels?
7. Oh, Jim
8. Caroline Says, Pt. Ii
9. The Kids
10. The Bed
11. Sad Song
12. Candy Says
13. Rock Minuet
14. Sweet Jane



             



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