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- Membre : The Velvet Underground , John Cale , Lou Reed And John Cale , Metallica, Antony And The Johnsons, Reed / Anderson / Zorn

Lou REED - Growing Up In Public (1980)
Par LE BARON le 6 Juillet 2016          Consultée 2216 fois

Tout comme The Bells, Growing Up In Public fait partie des albums mal-aimés de Lou REED. Et effectivement, les amateurs du Lou REED teigneux et sous speed doivent désormais en prendre leur parti : Lou a changé d'addiction, est passé du Dilaudid au whisky. Cela est socialement plus acceptable et ne va sans doute pas sans modifier quelque peu son entourage, et du coup les sujets de ses chansons : finis les travestis, finis les freaks se défonçant entre deux séjours en hôpital psychiatrique, moins de violence, de sexe. Lou REED s'embourgeoise.

Growing Up In Public » est un album dont le sujet principal est la famille. Lou REED ayant toujours écrit sur son entourage et sa vie, il faut en dire un mot : à l'époque de l'enregistrement, Lou boit, vit avec une femme (une strip-teaseuse, sa réputation est sauve !), et entame une analyse. Est-ce pour cela que l'album parle tant du cercle familial ? Lou, enfin le narrateur des chansons, parle de son père, de sa mère, de son enfance, et bien sûr du fait de grandir « en public », c'est-à-dire sous le regard des autres. Dans le cas de Lou REED, ce regard est bien évidemment fort peu bienveillant.

Musicalement, on retrouve la bande de Fonfara qui l'accompagne depuis plusieurs années. Et contrairement à ce qui est souvent dit, le groupe est parfois inspiré. Le premier morceau, par exemple, « How Do You Speak To An Angel », surprend pas ses variations : on s'approche parfois du rock progressif (rendez-vous à 1'49''). Le texte ne fait pas forcément partie des meilleurs de Lou REED, mais sa sincérité rend la chanson touchante. Et le reste est à l'envi : sans génie, certes, mais la musique n'est pas non plus le point le plus intéressant de la carrière de Lou REED, il faut juste qu'elle s'articule correctement avec le texte.

Parlons des textes, justement. Dans « My Old Man », chanson sur son père, Lou nous narre les différentes étapes qu'il traverse dans ses relations avec son vieux : de l'admiration enfantine au rejet du jeune adulte. Chemin classique, encore qu'aucun pardon ne semble pouvoir être envisagé. La chanson se termine en effet sur un Lou très en colère nous racontant comment son père lui dit un jour : « Pourquoi est-ce que tu n'agis pas simplement comme un homme, comme ton père ? », le tout sur fond de violences conjugales. Le texte, selon les dires de son auteur, transpose la réalité. Mr REED ne battait pas Mrs REED. Mais rappelons toutefois que Lou a été « soigné » par ses parents à coups d'électrochocs. S'il n'a jamais vraiment expliqué pourquoi, en tous cas à ma connaissance, on peut tout de même supposer que l'homosexualité fait partie des « travers » qu'il convenait de redresser. Des parents qui acceptent de balancer du courant électrique dans le corps de leur enfant doivent sans doute s'attendre à un minimum de rancœur de leur rejeton.

Dans « Standing On Ceremony », Lou imagine sa mère mourante et les proches, imperméables à son chagrin, le reprenant sur ses manières, son manque supposé de respect. Peu importe les sentiments, c'est le vernis social qui compte. Le narrateur doit s'isoler pour pleurer en écoutant de la musique triste. Si dans The Bells, Lou nous cassait les oreilles au sujet de sa mère, cette fois il fait mouche. Et franchement, vous connaissez beaucoup de rockeurs qui aient abordé de tels sujets ?

« So Alone » est une vraie réussite. Lou raconte la rencontre entre un homme et une femme qui parleront toute la journée, et toute la nuit. Ils finiront par dormir sagement l'un à côté de l'autre. Le dialogue entre les deux est une merveille. Comme dans ses textes les plus réussis, Lou n'explique rien, mais fait parler ses protagonistes. Il ne s'agit que d'un long dialogue qui renseigne davantage sur eux, leurs désirs et leurs tabous personnels, qu'une simple description. Ajoutons qu'il y a beaucoup d'humour, et même un pont particulièrement hilarant, faussement disco, qui permet à Lou de chanter un « Shake Your Booty, Mama » extrêmement décalé, une petite merveille !

Alors bien sûr, il y a également des faiblesses. « Love is Here To Stay », lourdingue et mal écrit. « Smile » un peu fade. « The Power Of Positive Drinking », censée être drôle, tombe à plat. D'autres encore. Sur la deuxième partie de l'album, on sauvera juste « Think It Over », pas pour le texte, mais pour la voix, grave, distanciée, sérieuse. Lou REED l'a trouvée, la voix qu'il cherche depuis des années.

La mue entamée avec The Bells continue. Elle est touchante, voire réussie. Rien de honteux là-dedans, n'en déplaise aux nombreux spécialistes. Il suffit d'écouter pour s'en rendre compte.

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   LE BARON

 
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- Lou Reed (guitare, voix)
- Michael Fonfara (claviers, guitare)
- Chuck Hammer (guitare, guitare-synthétiseur)
- Michael Suchorsky (batterie)
- Ellard 'moose' Boles (basse, chœurs)
- Stuart Heinrich (guitare, chœurs)


- growing Up In Public
1. How Do You Speak To An Angel?
2. My Old Man
3. Keep Away
4. Growing Up In Public
5. Standing On Ceremony
6. So Alone
7. Love Is Here To Stay
8. The Power Of Positive Drinking
9. Smiles
10. Think It Over
11. Teach The Gifted Children



             



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