Rouge Sang est, comme son prédécesseur, très représentatif du RENAUD de son époque. Après la détresse noyée dans l'alcool et les clopes, le chanteur semble enfin jouir du bonheur retrouvé grâce à l'arrivée dans sa vie de Romane Serda, et il a besoin de le chanter ("RS & RS", "Ma Blonde", "Jusqu'à la Fin du Monde"). Pour cela, pas un mais deux disques, un vrai double, son premier si l'on excepte les live !
Rien de conceptuel ici cependant, RENAUD évolue dans les trois styles de chansons qu'on lui a toujours connu : les engagées, les délires et les tendres. Les engagées représentent sans doute le point faible de l'opus, car construites sur des séries de rimes semblant un peu trop "faciles" et sur des musiques peu passionnantes : "Elle Est Facho" et "J'ai Retrouvé mon Flingue" en particulier. "Leonard's Song" elle s'en sort mieux grâce à son contexte et sa musique. Pour la gouaille, peu de représentantes ici, si ce n'est "Danser à Rome", suite d'anagrammes autour de Romane Serda sur fond de mandoline.
C'est surtout dans les tendres que RENAUD s'en sort le mieux, j'aurais presque envie de dire "comme d'habitude". "Je m'Appelle Galilée" (tentative de texte érotique), "Elsa", "Jusqu'à la Fin du Monde", "Pas de Dimanches", et bien sûr le "Dans la Jungle" dédié à Ingrid Betancourt, elles ne manquent pas. Mon petit coup de coeur personnel : l'acoustique "RS & RS" (initiales de Renaud Séchan et Romane Serda) avec une ambiance évoquant les sublimes Marchand de Cailloux et A la Belle de Mai.
Retenons encore "Rouge Sang" (nouvelle critique de la corrida), "A la Téloche", ainsi que "Les Bobos", plus efficace qu'un "Docteur Renaud, Mister Renard".