Versant toujours du côté éclectique de la musique, CAN mute tout de même vers un groupe de world music. Il s'y plonge même, bien qu'encore partiellement, en 1975 avec Landed, qui dépasse déjà les frontières du rock.

Landed, c'est d'abord une face A bourrée de bons moments. Le premier d'entre eux, "Half Past One", est une danse vénéneuse, où Michael Karoli hypnotise avec son violon et ses paroles sensuelles (les paroles, hein, pas le chant !), et sur "Vernal Equinox", lui et ses compères se déchainent dans le moment le plus rock de l'album, à la limite du hard concernant la guitare. "Hunters and Collectors" possède un chant contestable, mais au niveau instrumental et structurel, il se défend admirablement. Et puis, en face B, "Red Hot Indians" est un excellent moyen d'initier une danse, même si l'on regrettera l'apport au final famélique du saxophone.
Carton rouge en revanche pour le morceau final, le trop bien nommé "Unfinished". Il s'agit ni plus ni moins que d'un ramassis de morceaux et mélodies pris et mélangés ensemble, sans souci de progressivité ou de cohérence. C'est d'autant plus frustrant qu'un tel amalgame dure 13 minutes – mais qu'on se le dise, on n'est pas aussi bas que la face B d'Atom Heart Mother, faut pas déconner.

CAN n'est pas mort, et Landed se dresse fièrement pour en témoigner. La fusion des genres peut donner de très belles choses, en témoigne donc ce disque. Toutefois, si CAN continue par la suite dans cette voie, il n'en demeure pas moins que le talent commencera sérieusement à s'étioler, pour le meilleur comme le pire. Surtout le pire.