Et ce qui devait arriver arriva : CAN sort son premier mauvais disque. Ce n'est même pas à un album plus faible ou plus contestable auquel on a affaire avec Flow Motion, mais vraiment un disque qui fait tâche dans la discographie du groupe. Sorti après un Landed de bonne facture, Flow Motion déçoit, et pas qu'un peu.

La recette semblait pourtant prometteuse. CAN qui se la joue définitivement world music (reggae ici), ça aurait pu totalement le faire. Le quatuor était sur la bonne voie pour sortir un album qui ferait honneur au genre, mais non. Non, Flow Motion est un recueil de morceaux tous aussi fades et ennuyeux les uns que les autres (voire paresseux, comme le dit Oncle Viande). "Cascade Waltz" s'écoute de manière négligée, comme n'importe quelle chanson hawaïenne de cliché, "Babylonian Pearl" stagne, et si le morceau-titre développe des idées intéressantes, il finit trop vite par tourner en rond, pendant 10 minutes.

Alors pourquoi pas la note minimale ? Deux raisons majeures se posent. La première, c'est "I Want More". Ouvrant l'album avec énergie, c'est tout simplement le premier (et dernier) grand tube de CAN. Plus encore que "Spoon", dont le succès a été d'abord marginal, "I Want More" a percé au Billboard (bon, pas beaucoup, certes), grâce à un rythme rapide et efficace, des effets sonores bien pensés et des mélodies catchy. Le tout est bien ficelé, de sorte que sur un plan strictement artistique, "I Want More" séduit encore. Autre temps fort de Flow Motion, "Smoke" est une incartade dans une jungle sauvage et virulente, une transe inquiétante, qui ne laisse pas de marbre.

Grosse déception tout de même, que ce Flow Motion. CAN patine, hésite, et tourne en rond, ce qui n'est jamais bon. Le spectre de la déchéance arrive à grands pas, même si l'album suivant repoussera l'échéance.