Je trouve pour ma part des plus heureux que The City n'ait pas vraiment continué dans la veine du discutable Direct. Oui, vraiment, je préfère largement quand VANGELIS essaye de faire de la musique sérieuse plutôt que de se transformer en auteur de pop commerciale. The City est assez facile à écouter mais nettement plus ambiant que son prédécesseur avec lequel il ne partage finalement que l'harmonie et une partie des sons électroniques. Ici, on trouve un concept, l'album dépeint en effet une journée dans la ville, au travers de huit vignettes en moyenne très réussies.

L'ouverture "Dawn" nous plonge d'emblée dans une superbe lenteur, une mélodie jouée avec un son de type 'trompette' transperçant les nappes diffuses comme le soleil traverse une brume matinale. Ensuite, le courant de la journée est relativement rythmé. Dans "Morning Papers", un genre de xylophone évolue sur une rythme un peu jazzy, tandis que "Nerve Center" est un très beau rock lent, une description presque héroïque de la vie dans les grandes avenues de la ville, et peut-être le dernier passage vraiment progressif de VANGELIS. "Side Streets" complète ce tableau diurne de façon plus quelconque.

Ensuite, le soir tombe dans "Good to See You", l'heure où les gens rentrent du travail. La mélodie n'est pas très marquante mais j'aime la manière de combiner une ambiance paisible avec un rythme assez rapide. "Twilight", le crépuscule, est le pendant de "Dawn" avec lequel il partage le caractère diffus, la mélodie étant cette fois un son de cordes qu'on retrouvera dans la B.O. de 1492. Ce qui est amusant, c'est que l'album rebondit ensuite, car une ville vit également la nuit. "Red Lights" semble dépeindre ce qui se passe dans une rue chaude, c'est en tout cas le numéro le plus agressif de l'ensemble, c'est également le plus proche de Direct. Enfin, la 'procession', je n'ai jamais très bien compris ce qu'elle fait là mais elle est superbe. On imagine sans peine une longue file de personnes portant chacune une bougie et avançant dans la nuit vers on ne sait quel lieu saint.

La seule chose qui me semble manquer à The City, c'est un peu de passion. Tout semble froid et pas assez vivant, mais c'est sans doute une sensation très personnelle. Cet album fait manifestement partie des grandes réalisations de VANGELIS.