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REPRISES IRLANDAISES  |  STUDIO

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RENAUD - Molly Malone - Balade Irlandaise (2009)
Par RAMON PEREZ le 15 Octobre 2018          Consultée 753 fois

RENAUD et moi, depuis l’an 2000, c’est surtout une histoire de concerts. Je n’ai pas réussi avec ses albums à créer d’intimité comparable à celle qui me rattache aux disques plus anciens. A l’exception de sa progéniture la plus décriée, que le chanteur a lui-même fini par renier, le bâtard à la sale gueule pour lequel j’ai une sincère affection. L’essentiel des critiques portait sur un point : la voix de l’interprète. J’ai des oreilles, je ne vais pas nier l’évidence. Mais j’étais là à la tournée de 99 et c’est quelque chose qui ne me surprend plus et ne m’atteint pas non plus. De ce côté-là, je prends ce qu’il a à donner, tant pis si ce n’est pas grand-chose. Et je porte mon attention sur autre chose. A l’époque du disque, j’avais lu un papier dans lequel le rédacteur disait que des chanteurs à voix il y en avait des wagons et qu’il était plus intéressant de se demander combien savaient utiliser l’imparfait du subjonctif, comme notre voix-cassée le fait ici.

D’autre part, je trouve que cette voix cassée s’accorde finalement très bien au fond de l’album. Il y est beaucoup question d’exil, de labeur, de lutte militante ou quotidienne. Autant de choses bien fatigantes, qui laissent des traces quand le crin blanchit. Quand la plupart des artistes mettent en avant la crise de la cinquantaine ou une cinquantaine flamboyante, RENAUD évoque quelque chose de bien plus ordinaire, et peut-être de bien plus intéressant : la cinquantaine usée. Il me plaît que sa voix porte alors le poids de sa propre fatigue pour chanter ça.

Bien sûr, il y a quelques fautes de goût. L’usage de l’autotune est inqualifiable, en plus d’être inutile. Molly Malone devenue fleuriste plutôt que poissonnière parce que c’est plus poétique, ça c’est à la limite du ridicule. La redite de « La ballade nord-irlandaise » fait tâche. Mais c’est bien peu par rapport à ce que j’apprécie dans ce disque : sa modestie. Rouge Sang sentait la facilité et la vantardise. RENAUD prend le contre-pied avec ces chansons bien moins tape à l’œil, mais finalement bien plus consistantes. Evidemment, il a largement été cadré par les textes d’origine. Certains titres sont des traductions fidèles, d’autres sont plus libres et les dernières sont complètement revues. Mais il a pourtant su trouver dans ce cadre de très jolies tournures, quelques traits évidents ou poétiques qui manquaient aux deux albums précédents. Le fond humaniste de ces chansons, avec quelques vrais messages forts (notamment autour du pacifisme), passe bien mieux sous cette forme que dans le démonstratif un peu lourd entendu précédemment.

En outre, Renaud a le mérite de s’essayer à de nouveaux genres, en particulier à la marche funèbre avec « Willie McBride ». J’écoutais l’autre jour la version des DROPKICK MURPHYS (« The green fields of France »), très différente évidemment. Le chant y est beaucoup plus fort et met en avant une sorte de rage. Avec sa voix déglinguée, RENAUD en fait quelque chose de beaucoup plus désabusé. Quand il dit « j’ai marché bien des heures pour arriver jusqu’à toi », on peut croire qu’il l’a vraiment fait. J’y sens une autre profondeur, celle des années qui font de cette guerre une histoire ancienne, dérisoire et d’autant plus terrible.

Pour finir, « L’incendie » est pour moi une très grande chanson, digne de figurer dans les Best of du chanteur. On y mettrait aussi « Deuxième génération » et on s’imaginerait retrouver Slimane 25 ans plus tard, s’étant intégré on ne sait trop comment, regardant son paternel vivre sa vie de « putain d’immigrant ». C’est là que le côté modeste fait des merveilles. Aucun discours grandiloquent ici, juste un homme qui boit son café et va jouer au billard. Suffisant pour constituer un texte qui en dit long sur l’immigration et, en creux, la xénophobie. Qu’elle concerne les Irlandais aux Etats-Unis ou les Maghrébins en France, les jeunes ou les vieux. Il est peut-être là le vrai tour de force de RENAUD : être allé chercher dans un genre et une culture bien particuliers de quoi faire son disque le plus universel.

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   RAMON PEREZ

 
   (2 chroniques)



- Renaud (chant)
- Terry Woods (guitare)
- Paul Harrigan (cornemuse)
- Emer Mayock (violon, flûte)
- Robbie Harris (percussions)
- Geoffrey Richardson (viole)


1. Vagabonds
2. Belfast Mill
3. Johnston's Motor Car
4. Je Reviendrai
5. Adieu à Rhondda
6. La Fille De Cavan
7. Te Marie Pas, Mary !
8. A Carlingford
9. La Ballade Nord-irlandaise
10. Dubliners
11. Willie Mcbride
12. Incendie
13. Molly Malone



             



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