Et vous, quel est votre premier album de rock progressif ?

Moi, c’était Foxtrot. J’avais entendu parler de GENESIS comme l’ancien groupe de Phil Collins, et donc, j’ai emprunté l’album à la médiathèque du coin au milieu des années 2000, plein d’espoir à la découverte d’un genre nouveau. Une rencontre décisive, qui allait conditionner mon rapport au prog, m’orienter vers les hautes cimes...

Et bah putain, heureusement que non !

En termes d’opinion non populaire, il est aisé d’imaginer qu’une diatribe contre Foxtrot frappera fort. Ce n’est pas faute de faire des efforts depuis des années pour comprendre pourquoi cet album serait génial, en quoi il vaut plus que son prédécesseur et autant que son successeur. Affaire de goûts personnels, manque de culture, incompréhension de GENESIS ? La question se pose encore.

En attendant, Foxtrot, c’est un album qui a mal vieilli, et cela se ressent dès les premières notes de "Watcher of the Skies", pourtant le meilleur morceau de l’album. Admettons cependant que ce soit un faux bon argument ; alors, qu’est-ce qui cloche ? Le talent des interprètes ? Non : si personne ne se transcende ni n’offre le meilleur de son jeu, tout est ici joué avec maestria. Les compositions ? Bien entendu : si "Watcher of the Skies" est une brillante ouverture, qui prend son temps pour mettre les choses en place avant une solide cavalcade rock, le reste est... peu marquant, pour rester de bonne foi. Allez, "Get’em out by Friday" est intéressant pour ses parties vocales intenses et témoignant d’une certaine urgence ; mais sérieusement, qui prend encore au sérieux "Time Table" ou "Can-utility and the Coastliners" ?

Forcément, qui dit Foxtrot dit "Supper’s Ready", le célébrissime pavé de GENESIS. C’est sûr qu’il en jette, avec ses développements partant dans tous les sens en 23 minutes. Je me suis même surpris à adhérer à un thème par-ci, un thème par-là, mais l’évidence est nette : "Supper’s Ready" est bancal. Rien de grave là, ce n’est pas si évident, même pour des formations ultra-douées (GENESIS en est une) de tenir aussi autant sans se prendre les pieds dans le tapis. Reconnaissons au moins une chose : "Supper’s Ready" n’est pas chiant.

Alors, Foxtrot, mauvais album, album mineur, erreur de parcours ? Rien de tout cela. Malgré tout ce que je lui reproche et forme donc mon aversion envers ce disque, il n’en reste pas moins une oeuvre essentielle dans la discographie de GENESIS, et a minima un album de rock progressif instructif et immersif pour qui s’y frotterait. Autrement dit : foncez dessus, mais ne paniquez pas si vous le détestez.