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GENESIS - Inedits (1998)
Par MARCO STIVELL le 17 Septembre 2017          Consultée 5028 fois

CET ALBUM N'EXISTE PAS / THIS ALBUM DOESN'T EXIST !

La carrière de GENESIS est un long roman merveilleux qui n'a jamais su comment se terminer, ou comment l'être puisqu'il n'y a jamais eu de fin officielle. Lorsqu'un des membres s'exprime sur le sujet, que ce soit Peter Gabriel ou Phil Collins, il ment, c'est clair. Il se ment à lui-même, et nous ne voulons pas nous mentir, alors nous refusons que l'histoire se finisse.

Même dans des décennies, parmi les générations futures, ceux qui aiment ce groupe auront la sensation que l'histoire continue, même si plus rien n'est publié, car ainsi va la vie. Nos dieux seront véritablement installés dans l'Olympe ou le Tír Na nÓg. En tout cas, avec des allumés dans mon genre qui n'ont commencé à suivre le groupe qu'après l'an 2000, on peut dire que c'est bien parti !

Votre jobard de serviteur vous propose donc une chronique un peu spéciale concernant la période 1997-98, celle que Tony Banks et Mike Rutherford ont tant de mal à défendre, peut-être parce qu'eux-mêmes, ne sachant plus trop où aller, ont douté mieux que jamais. L'album Calling All Stations ne jouit que d'une estime sincère auprès d'une frange de passionnés, dont je fais partie.

Il est alors impensable que les inédits de cette période reviennent souvent sur les platines, et pourtant. Oui, pourtant, elles sont excellentes, même à l'état de démos ou de structures incomplètes, sachant que même de ce côté-là, il se dégage toujours une impression d'aboutissement et qu'il ne manque pas grand-chose pour compléter une œuvre. La plupart de ces inédits ont d'ailleurs été publiés en singles, faces B. L'idée ici est donc d'en parler, car il le faut.

Ce devait être le deuxième disque du pressenti double-album Calling All Stations, ou alors le subséquent album en compagnie de Nir Z et de Ray Wilson paru en 1999 ou 2000, ou du moins le quatrième CD du coffret Archive 2 : 1976-92, si les choses avaient bien été faites. Heureusement, avec la liberté que laisse GENESIS autour de son répertoire, on peut se permettre d'en parler librement, d'imaginer un disque véritable et à but non-lucratif sans se faire taper sur les doigts.

On pourrait commencer l'album des 'chansons perdues' avec "Papa He Said", morceau au riff bien blues façon GENESIS, partagé entre la guitare de Mike et les claviers de Tony qui s'immiscent pour un résultat âpre, mais bien adapté au leitmotiv chanté de Ray Wilson. La relation père-fils, énième variation de 'Tu seras un homme...' avec une bonne ambiance, sans aller plus loin.

Suivrait "Banjo Man" et son groove étonnant, partagé avec des influences folk, un 'faux' banjo évidemment. Le texte exprime à nouveau une forme de mélancolie et il se dégage une sensation à fleur de peau du personnage, communiquée à l'auditeur. Celui-ci doit aller au-delà du caractère inhabituel de la chanson, alors il y trouvera peut-être un bijou. Ray Wilson chante un peu comme STING, mais ses ta ta ta la la doivent constituer la raison pour laquelle il déteste le morceau.

"Phret", premier instrumental, a tout de la chanson inachevée, cela se voit à la structure et aux arrangements. Les couplets banksiens sont très jolis avec un son de synthé 'pur', une fois n'est pas coutume, et une mélodie douce, avenante comme une berceuse. Le 'refrain' est plus en demi-teinte à cause du son de la basse programmée, malgré une bonne montée d'accords.

L'album pourrait se finir avec "Nowhere Else to Turn", seul morceau achevé que GENESIS n'a jamais publié sur disque et resté totalement inédit pendant longtemps, ce qui l'a amené bien sûr à être disponible autrement mais sans résistance aucune, ce n'est plus un secret pour personne. Sans doute Mike l'avait-il écrit pour MIKE & THE MECHANICS, tout porte à le croire. Guitare funky, synthés aériens et mélodie porteuse qui nous font demander justement pourquoi elle est restée dans l'ombre.

C'est alors qu'on peut parler du meilleur de la sélection. "Run Out of Time" retrouve le côté âpre de "Papa He Said". Une ballade de Tony très complexe et encore une fois inhabituelle par sa progression, ses sons de cuivres et même de saxo-synthé. Terriblement sensuelle, elle demande à ce qu'on y revienne, d'abord pour être saisie. Parlons de son opposé, "Sign Your Life Away", un rock puissant et direct, avec Ray Wilson au top, souligné par les claviers tandis que la guitare tonne comme sur le morceau "Calling All Stations". Tony et Mike, 50 ans bientôt, ont des leçons à donner aux p'tits jeunes. Excellent !

Le meilleur, enfin. "7/8", titre basique choisi à cause de la rythmique, qui d'ailleurs met Nir Z en valeur mieux qu'aucun autre ici. Cet instrumental pop-progressif est fabuleux, même s'il y manque des choses, notamment lors des 'couplets'. L'arrivée du refrain et celui-ci même, glorieux avec le piano de Tony, d'une simplicité enfantine, me donne immanquablement des frissons et des larmes, de même que le pont et la reprise finale. Waouh, le rêve ! Quand on vous dit qu'on ne veut pas que l'histoire s'arrête.

Et ce n'est pas tout. Mike et Tony font de drôles de choix décidément. Comment ! "Anything Now" est restée une face B ? Elle a manqué d'être un tube ? Jamais jouée en concert ? Non, vraiment, là... D'accord, le solo de Tony est un peu trop étiré pour le manque de finition, mais enfin quoi, ces refrains avec Ray qui se dédouble et chante ce texte optimiste, sorte d'écho lointain à "Afterglow" et qui incite à continuer de vivre malgré les aléas, le manque de confiance en soi.

Il y a des trésors là-dedans, il ne faut pas s'arrêter à la note qui prend en compte l'aspect global des morceaux et le fait que cette chronique reste une initiative personnelle et particulière. Mine de rien, cela fait quand même 40 à 45 minutes de musique, un format vinyle sympa et quand on parle de GENESIS, ce n'est pas négligeable du tout !

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   MARCO STIVELL

 
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- Tony Banks (claviers)
- Ray Wilson (chant)
- Mike Rutherford (guitares, basse)
- Niz Zidkyahu (batterie, percussions)


1. Papa He Said
2. Banjo Man
3. Phret
4. Anything Now
5. Sign Your Life Away
6. Run Out Of Time
7. 7/8
8. Nowhere Else To Turn



             



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