Comme beaucoup ici et ailleurs, j’ai découvert POPOL VUH grâce aux films de Werner Herzog et plus précisément grâce au tragique et halluciné Aguirre, Der Zorn Gottes.

Et cet étrange et parfaitement réussi Sei Still, Wisse Ich Bin me renvoie à la gueule magnifique que faisait Klaus Kinski, singe en main et seul au monde sur son radeau jonché de cadavres, avant que de mourir lui aussi le long de ce fleuve censé mener à l’Eldorado, c'est-à-dire à l’Atlantide.

Dés le premier souffle de la sépulcrale et majestueuse « Wehe Khorazin » le ton est donné : nous allons nous faire vaporeusement transporter des larges plaines arides de la mystique Nazca aux radieux champs de tulipes hollandaises d’où s’élèvent de douces mélopées à la gloire du Soleil. L’aisance avec laquelle POPOL VUH passe de la solennité du culte à la douceur d’un dimanche après-midi à la campagne est d’ailleurs la principale caractéristique de cette attachante musique.

La deuxième partie de « Lass Los » est le moment le plus intense et charnel du disque. Chaud et vital comme le gros sein d’une Mère universelle. Pur mouvement d’osmose.

Nous sommes ici comme les enfants d’un nouveau monde, balancés parmi les flots d’une utopie hippie voire new-age et qui, exceptionnellement, aurait réussie.

Un disque fondamentalement bienveillant.