1988, première salve de pop-rock indochinoise. Au programme : un tube éternel ("L'aventurier"), une reprise à  l'orientale d'une chanson de Jacques Dutronc ("L'opportuniste") et cinq titres plus ou moins consistants, surtout rehaussés par le chant drôle et déjanté de Nicola Sirkis. Aussi par des guitares à  l'orientation chinoise dépaysante et une batterie électronique restée dans les mémoires pour ses "pfu, pfu, tilidou" complètement synthétiques.
Le plus important ne réside donc pas dans la musique : malgré la grandeur surannée de "L'aventurier" et la hargne joviale de "Dizzidence Politik", les autres morceaux dressent certes de beaux décors sonores (le très bel air de "Leila") mais lassent vite par leur répétitivité (surtout "Indochine, les 7 jours de Pékin"). Non, le plus intéressant dans ce premier opus d'Indochine, c'est la liberté vocale de son chanteur. Fausses notes fragiles sur "L'opportuniste", onomatopées amusantes sur "Docteur Love", grand n'importe quoi sur "Indochine, les 7 jours de Pékin". Sans oublier les célèbres accentuations aiguës de Nicola Sirkis à chaque fin de phrase ou presque, tout au long de l'album.
Bref, un produit que l'on pourrait qualifier d'immature, mais qui annonce déjà  l'univers et l'optimisme de l'opus suivant, "Le péril jaune", pour le coup sublime.
Cette première galette d'Indochine, moins indispensable que le reste de la discographie du groupe, restera donc uniquement dans les annales pour son titre éponyme. Et c'est bien là l'essentiel.