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POP-SOUL ITALIENNE  |  STUDIO

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- Membre : Alan Simon

ZUCCHERO - Oro, Incenso & Birra (1989)
Par MARCO STIVELL le 7 Avril 2017          Consultée 2810 fois

Avec près de 2 millions de copies vendues seulement en Italie et 8 millions de plus à échelle internationale, le cinquième album de ZUCCHERO est resté la plus grosse vente de musique hors-classique de la péninsule pendant longtemps, avant d'être détrôné par Romanza d'Andrea BOCELLI dix ans plus tard. Sauf que, malgré tout le respect que l'on doit au ténor toscan aveugle, il s'agit d'une compilation, alors que là on parle d'un véritable album... qui a tout d'une compilation !

Un disque bourré de tubes, le genre que vous ou vos parents avez forcément acheté à l'époque et dont vous vous souvenez de la moindre note au moment de le réécouter, des années plus tard. Une madeleine de Proust, un putain de pied, voilà ce qu'est Oro Incenso & Birra. Le titre comme la pochette ont un caractère sacré : l'or, l'encens et la myrrhe sont les cadeaux des Rois mages destinés à l'enfant Jésus. ZUCCHERO, rockeur bonhomme, remplace la myrrhe ("mirra") par la bière ("birra"). Musicalement, c'est un festin des dieux, LE truc évident de bout en bout et qui ne pouvait que cartonner. Logiquement, il constitue 60 à 75 % des futurs best-of de l'artiste.

Enregistré à Modene, Memphis, New York et en Angleterre aux studios Real World, ceux de Peter GABRIEL, "produit et arrangé par Corrado Rustici", et qu'il soit canonisé, San/Saint Corrado. Que de prouesses sur neuf titres, l'aboutissement de Blue's (1987) et des autres ! (Re)découvrons ces merveilles en rendant grâce au son riche de l'ensemble. L'ajout de "Senza Una Donna" avec Paul YOUNG sur CD est équivalent à un morceau de chocolat blanc sur un gâteau... au chocolat !

D'abord, "Overdose (d'Amore)", avec son ouverture gospel, puisque c'est la marque ZUCCHERO, les cuivres des Memphis Horns comme sur Blue's, l'orgue Hammond virtuose du jazzman Jimmy SMITH et la rythmique de Polo Jones et Giorgio Francis qui s'installe pour tout le disque. "Nice Che Dice", ou comment mêler Nietzsche (Nice) et frustration d'homme célibataire sur le plan sexuel. Un joyeux bordel avec une prod' très PRINCE/Michael JACKSON, ZUCCHERO délirant au niveau vocal et plein de guitares par San Corrado. Le refrain "Single man desperado..." est génial.

Cela monte crescendo jusqu'au troisième morceau débordant de sex-appeal, avec un nouveau titre marathonien comme le meilleur rapport menant à l'orgasme. "Il Mare Impetuoso al Tramonto Sali Sulla Luna e Dietro una Tendina di Stelle...", "Au coucher de soleil, le rouleau de la mer monta chevaucher la lune et, derrière un rideau d'étoiles..." Si besoin de précision, la fin nous dit ce qu'il se passe là-haut, après une bombe torride ambiance striptease. Meilleur que Joe COCKER. Il y a tout : l'italien funky, le chœur adventiste, les guitares grasses, l'orgue qui rugit, le sax transpirant de Clarence "Big Man" Clemons, les ponts entre musique tribale malienne et pop du 7ème ciel.

Après le coucher de soleil et les ébats célestes, la nuit tombe. Tel son maître Robert JOHNSON, ZUCCHERO, fatigué et sans doute un peu ivre, se trouve ce soir-là sur la rive droite du Pô, côté Emilie et au milieu de nulle part, personne en vue, pas un bruit. C'est là que le Diable l'accoste et l'incite à faire un pacte avec lui. Le chanteur résiste. "Madre Dolcissima" est un morceau exceptionnel, inspiré par cette lutte fictive. La batterie est sèche, les claviers de David Sancious ont quelque chose du vaudou, les Memphis Horns menacent en arrière-plan, et San Corrado plane autour avec son arpège miraculeux. Le refrain prend une tournure sacrée, "MAMMA ! Salvami l'anima !" "Maman, sauve mon âme !". Quelle voix bon sang ! Inspiré par Al GREEN et son "Jesus Is Breaking" (cité au moment du solo), ce blues italien nous envoûte jusque dans son final étiré mené par la choriste Lisa Hunt.

Le Diable est plus fort cependant. Après une transition instrumentale courte et orchestrale offerte par Ennio MORRICONE, respiration fort bienvenue, c'est "Diavolo in Me". Le Malin au corps, l'Emilien et Corrado explosent les ventes avec ce groove énormissime où dominent bien sûr la voix et les choeurs, mais aussi la basse ronflante de Polo Jones et le piano-farfadet de David Sancious. "Iruben Me" ensuite (ce serait le nom d'une jeune danoise rencontrée dans un moment de désespoir), un slow atmosphérique qui va crescendo, est tout à l'honneur de ZUCCHERO.

Eric CLAPTON vient jouer le solo du sublime "A Wonderful World", pop song californienne an texte pourtant très sombre, narrateur au bord du suicide, joli contraste et chant polyvalent, hanté. On termine avec le merveilleux "Diamante", autre slow d'inspiration folk à la mélodie aérienne porteuse sur laquelle la voix de ZUCCHERO se pose comme une caresse. Couplets aux accords jazzy et refrains lumineux avec choeur gospel, à en tirer des larmes. San Corrado rajoute un solo de Synthaxe inattendu, Sancious joue de la harpe au synthétiseur... L'émotion pure, et toujours de la création à travers une musique pop déjà bien consistante.

Avec cette production fourmillante, luxueuse, ces tubes en pagaille ou classiques en or 24 carats, ce nombre incroyable de musiciens talentueux, et last but not least (dernier mais pas le moindre), ce chanteur versatile et émouvant, on retient une œuvre qui fait du bien, et toujours le même effet lorsque l'on y revient. Poussez à plein volume, les voisins ou autres conducteurs vous remercieront !

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   MARCO STIVELL

 
  N/A



- Zucchero (chant, orgue hammond)
- Corrado Rustici (guitares, sitar, programmations fairlight)
- Polo Jones (basse)
- Giorgio Francis (batterie)
- David Sancious (claviers, syntharp)
- James Taylor (orgue hammond)
- Jimmy Smith (orgue hammond)
- Rosario Jermano (percussions)
- Rufus Thomas, Amelia Monari (voix)
- Lisa Hunt, Simona Pirone, James Thompson (choeurs)
- Arthur Miles (choeurs, sermon)
- Andrew Love (saxophone)
- Wayne Jackson (trompette, trombone)
- Fantani Touré, Mory Thioune (choeurs swahili, percussions)
- Ruby Wilson, Jay Blackfoot (choeur gospel)
- Clarence 'big Man' Clemons (saxophone ténor solo)
- Eric Clapton (guitare solo)
- Ennio Morricone (orchestration)
- Choeur Gospel Du Studio Ardent
- Choeur De L'église Adventiste Du Septièm


1. Overdose (d'amore)
2. Nice Che Dice
3. Il Mare...
4. Madre Dolcissima
5. Libera L'amore
6. Diavolo In Me
7. Iruben Me
8. A Wonderful World
9. Diamante
10. Senza Una Donna (avec Paul Young, Bonus)



             



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