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- Membre : Alan Simon

ZUCCHERO - Miserere (1992)
Par MARCO STIVELL le 20 Mai 2017          Consultée 2706 fois

ZUCCHERO menait jusque là sa carrière avec un train d'enfer, un album tous les ans ou deux maximum. Le début des années 90, pour lui, en plus d'une période de doute relative au changement d'époque, est marquée par le succès, le divorce et la dépression. Il doit jongler entre la vie de famille "décomposée" et une forme de repos troublé chez ses parents. Le bonheur en plénitude, il le trouve dans la solitude, avec juste un chien, un peu d'alcool, la nature et de la musique. Près d'une rivière à Pontremoli, au nord-ouest de la Toscane, il construit son "chez lui".

L'ermitage et le combat contre la dépression forment la trame de son sixième album, Miserere (inspiré du nom du psaume de la Miséricorde dans la religion catholique), sans qu'on le remarque franchement. La pop blues-soul du "cantautore" ne perd rien en style, peut-être en efficacité dans le sens où il y a moins de tubes ici, ce qui n'empêche pas l'album d'être un franc succès partout, notamment grâce au duo du morceau-titre avec l'illustre Luciano PAVAROTTI. ZUCCHERO le chante aussi à l'époque avec un autre ténor et jeune inconnu : Andrea BOCELLI.

La grande qualité de cet album, c'est, en gardant les recettes habituelles, de laisser Bono de U2 écrire en partie le morceau-titre et de faire venir PAVAROTTI sans que ce soit ridicule. Notre Emilien favori s'ancre mieux dans son pays natal, depuis l'intro symphonique par monsieur Michael KAMEN (The Wall...) jusqu'aux quelques mots prononcés par un certain Léo FERRÉ. L'extrait de "La Solitude" en italien et prononcé a-cappella à la fin de "L'urlo" serait le dernier enregistrement réalisé et paru de son vivant. Miserere sort en octobre 1992, Léo l'anar s'en va en juillet 1993.

Il est amusant de faire ce constat d'éléments sacrés, presque monastiques en opposition avec la pochette délirante et l'exubérance musicale affichée dès ce fameux "hurlement" (traduction de "urlo"), dont le texte a été écrit aux Saintes-Maries-de-la-Mer. Bien sûr, ZUCCHERO fait appel à Corrado Rustici pour la production, les guitares etc, mais pour nous surprendre, il laisse la batterie en grande partie sur ce disque à Michael Shrieve, prodige de Woodstock et membre du mythique SANTANA BAND lors des années psychédéliques.

Quitte à s'offrir Shrieve et son talent, pourquoi ne pas convier les percussionnistes actuels de Carlos, señors Raul Rekow et Karl Perazzo, pour une fiesta jam blues latina ? "L'urlo" est un dérivé de "Everybody's Everything" (album Santana III, 1971), lui-même déjà repris aux EMPERORS ("Karate"), mais sans cuivres et avec ZUCCHERO au chant. C'est super marrant, et pour un hommage, ça mérite toute la reconnaissance du guitariste mexicain !

En dehors de cette récréation, Shrieve forme une belle rythmique avec le fidèle Polo Jones, tandis que les claviers sont assurés majoritairement par Peter-John Vettese, soliste à l'orgue Hammond, pour une toute autre approche que les albums les plus controversés de JETHRO TULL auxquels il a participé auparavant. Corrado donne un son très début 90's à Miserere, plus sec avec beaucoup de programmations. Il distille quelques soli magiques, y compris au Synthaxe sur le créatif "Anna Solatia...", mais en accord avec un ZUCCHERO introspectif, il débranche souvent les guitares.

On a les titres pop-soul habituels, "Un'Orgia d'Anime Perse" permet aux cuivres Memphis Horns de revenir brièvement ; on apprécie "Povero Cristo" pour ce mélange texte dépressif/gospel éclatant avec les choeurs féminins classieux. "Brick" a une identité blues-rock des plus intéressantes, et ZUCCHERO co-écrit "Miss Mary" avec Elvis COSTELLO. "Pene" reprend, comme "Anna Solatia..." les choses là où "Dune Mosse" et "Iruben Me" les avait laissées. Belle ambiance !

Cependant, la partie émotion est encore plus présente grâce aux titres empreints de folk, échos à "A Wonderful World" dans un contexte établi. "Come Back the Sun" et "Gone Fishing" sont pleins de fraîcheur. "Personne n'est avec moi sur mon bateau, je n'ai qu'une demie cruche de vin et un filet plein d'espoir". Paul Buchanan du groupe BLUE NILE participe à l'écriture de "It's Alright (la Promessa)", une merveille de pop à l'américaine comme on en faisait au début des 90's, avec des guitares slide jouées par Corrado. Bref, l'italien et l'anglais se mêlent avec bonheur sur un disque à nouveau rempli de bonnes idées, et qui s'inscrit dans les années à succès de l'Emilien ZUCCHERO.

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   MARCO STIVELL

 
  N/A



- Zucchero (chant)
- Corrado Rustici (guitares, claviers, programmations, choeurs)
- Michael Shrieve (batterie)
- Polo Jones (basse)
- Peter-john Vettese (claviers, orgue hammond)
- David Sancious (claviers)
- Martin Beedle (batterie)
- Rosario Jermano (percussions)
- Raul Rekow, Karl Perazzo (percussions)
- Wayne Jackson (trompette)
- Andrew Love (saxophone)
- Andy Forest (harmonica)
- Michael Kamen (arrangements des cordes)
- Antonella Pepe, Giorgia Todrani (choeurs)
- Tessa Niles, Linda Taylor, Carol Kenyon (choeurs)
- Luciano Pavarotti (chant lyrique)


1. Miserere (overture)
2. L'urlo
3. It's All Right (la Promessa)
4. Brick
5. Miss Mary
6. Anna Solatia...
7. Un'orgia Di Anime Perse
8. Pene
9. Come Back The Sun
10. Povero Cristo
11. Gone Fishing
12. Miserere



             



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