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- Membre : Alan Simon

ZUCCHERO - D.o.c (2019)
Par MARCO STIVELL le 11 Novembre 2019          Consultée 1709 fois

ZUCCHERO revient avec D.O.C., album qui lui permet de fêter un bel anniversaire : les 30 ans de Oro, Incenso & Birra, disque italien et original de chansons le plus vendu au monde. Une réédition de ce dernier en version deluxe a été publiée au mois de juin. Pour la tournée 2020, outre 10 concerts programmés dans un de ses lieux favoris (les Arènes de Vérone), notre Emilien arpentera les scènes du Royaume-Uni, d'Allemagne, d'Autriche, de Slovénie, de Croatie, des Pays-Bas, et même celles de France pour quelques jours. Preuve que la flamme n'est pas prête de s'éteindre !

C'est aussi le ressenti que l'on a en écoutant D.O.C, dont la pochette est la seconde, après celle du best-seller trentenaire, à ne pas dévoiler le chanteur même si le chapeau, son principal artifice, reste bien présent. Enregistré et mixé en Californie avec l'équipe habituelle, Don Was (production), Max Marcolini (instrumentation et production depuis vingt ans) et autres, il rejoint la qualité musicale de Black Cat (2016) et le ton global.

Si le son blues était déjà revenu, il est entretenu ici par une production au goût du jour, avec des synthétiseurs bien présents dès les trois premiers morceaux. "Spirito nel buio" est un gospel moderne, les choeurs traditionnels côtoient la rythmique massive, à moitié factice, et le lick de clavier qui peut sembler un brin facile en lead/"chant" mais qui passe très bien sur les couplets. Il faut dire qu'on reconnaît l'école blues, les descentes d'accords rondement menées.

Et puisqu'on parle de chant, ce n'est point dénaturé avec la voix de ZUCCHERO, toujours magistrale, dans le tempo enlevé comme l'accalmie sur fond d'orgue. Même constat pour "Soul Mama", carrément taillé pour le dancefloor, avec son piano-basse conducteur et ses cuivres sales. Ce dernier est le plus léger de tous, dans un ton de frustration textuel et posté en second comme "Nice che dice" en 1989, alors que "Spirito nel buio" sonne comme un nouveau "Overdose d'amore". Un peu plus loin, les accords blues lumineux et les guitares slide aériennes de "Testa o croce", posés sur une marche lente, le solo de guitare strident comme un orgue, évoquent fortement "Madre dolcissima". C'est grandiose, mais la notion d'anniversaire s'arrête là !

Le somptueux duo en compagnie de Frida SUNDEMO, "Cosa che già sai", nous prend à la gorge. Pour rendre hommage aux origines suédoises de la chanteuse, dont le timbre enfantin se marie à merveille avec celui du Patron, le ton de ce slow est plus froid (complainte amoureuse, envie de s'accrocher quand tout semble fini). Cette même froideur est le thème des paroles de l'excellent "Vittime del cool" (personnification de cette société actuelle où tout est dans le détachement, le paraître...), et en contradiction avec le duo précité, ZUCCHERO balance le rageur "Freedom", sur le besoin de s'émanciper après avoir souffert.

Un morceau entêtant, grâce aux cuivres solennels, à la batterie tranchante, et surtout à la mélodie éperdue, au songwriting de ZUCCHERO dont l'interprétation garde tout ce qu'il y a de plus fort, de personnel. L'Emilien a modernisé son blues et sa soul, mais pour le meilleur. Pour employer les moyens de maintenant, flirter avec la pop qui marche mais en la rendant vivante, tout sauf lisse, il faut de la bouteille, de grandes oeuvres passées et lui n'en manque pas, même s'il est bien aidé. Il dit qu'il n'aime pas les productions où tout passe par l'ordinateur, sans feeling musical, sans instrument(iste)s... Forcément, D.O.C. y gagne.

Toutes les chansons ne sont peut-être pas du même tonneau (étape suivante après la bouteille). "La canzone che se ne va", ballade avec cordes est un peu en deçà mais la belle énergie revient d'une part sur le torride "Badaboom (bel paese)" et d'autre part sur les splendides "Tempo al tempo" et "Nella tempesta", folk diurne pour l'un et nocturne pour l'autre, remplis de guitares, de claviers, de grands espaces... On goûte aux harpes, aux cordes même programmées, à la voix suave du Patron. Dans les notes du livret, on voit apparaître le nom de Corrado Rustici en conseiller artistique, il n'y a pas de secret. En tout cas, si on aime ZUCCHERO, difficile de s'y tromper !

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   MARCO STIVELL

 
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- Zucchero (chant, guitares, piano, orgue hammond)
- Max Marcolini (guitares, basse, synthétiseurs, programmatio)
- Matt Chamberlain, Jay Bellerose (batterie)
- Nicolas Rebscher (programmations)
- Mark Jackson, Ian Brendon Scott (guitares additionnelles)
- Steve Robson (orgue hammond, programmations, claviers)
- John Hopkins (piano)
- Joel Humlén (instrumentation sur 3)
- Gary Grant (trompette)
- Bill Reichenbach (trombone)
- Daniel Higgins (saxophone)
- Larry Williams (saxophone, direction des cuivres)
- Federico Biagietti (dobro)
- Regina Mccrary (tambourin)
- Sol Antonio, Alvin Chea (choeurs)
- Darryl Phinnessee (choeurs)
- Dorian Holley (choeurs, direction de chorale)
- New Orlean's Style Gospel Choir
- Frida Sundemo (chant sur 3)


1. Spirito Nel Buio
2. Soul Mama
3. Cose Che Già Sai
4. Testa O Croce
5. Freedom
6. Vittime Del Cool
7. Sarebbe Questo Il Mondo
8. La Canzone Che Se Ne Va
9. Badaboom (bel Paese)
10. Tempo Al Tempo
11. Nella Tempesta



             



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