Grosse activité pour ZUCCHERO en cette deuxième moitié d'années 2000 : un album (splendide), un best-of (All the Best), une tournée pour chacun et un témoignage luxueux pour accompagner. Live in Italy est un quadruple disque, CD et DVD allant par paires, enregistré sur les dates du 23 septembre 2007 à l'Arena de Vérone (tournée Fly) et le 14 juin 2008 au Stade Giuseppe Meazza de Milan. La première prestation est en entier, et la seconde (à partir de « Tutti I Colori Della Mia Vita ») une sélection.

Parmi les musiciens qui l'entourent (2 guitares, 1 basse, 1 batterie, 1 clavier, 2 choeurs, 3 cuivres), on apprécie de voir aux côtés de ZUCCHERO les anciens compères Polo Jones, David Sancious et James Thompson, quelques vingt ans après les premières fois où c'est arrivé. Il y a aussi une perle de musicienne, Kat Dyson, qui a accompagné PRINCE entre autres, et qui fait les choeurs en plus des guitares solistes. On regrette d'ailleurs que la sélection CD, pourtant bien fournie déjà, occulte un « Madre Dolcissima » superbe, où Dyson (qui « chante » son solo en même temps qu'elle le joue) et la choriste Sara Grimaldi sont particulièrement brillantes.

Le début du concert de Vérone, après un « Dune Mosse » fort réussi où plane le fantôme de Miles DAVIS, fait la part belle aux chansons de Fly, avec un beau rendu dans l'ensemble, que ce soit « Cuba Libre », « Occhi » ou « Bacco Perbacco ». Sur ce dernier d'ailleurs, à côté du tandem Dyson/Grimaldi, choristes merveilleuses, le public se fait mieux entendre qu'ailleurs encore.

Parce que le public de Vérone qui vient voir ZUCCHERO est un des plus beaux qui soient ! Il est omniprésent, même durant les passages où le groupe joue le plus fort, et sans jamais paraître envahissant. On est aussi content que lui dans les moments de liesse, et il peut être crédité aux côtés du chanteur et des musiciens pour la belle ambiance ! Celui de Milan, à côté, paraît bien pâlichon.

Profitons-en pour dire que Live in Italy, c'est avant tout le concert de Vérone. À Milan, « Miserere » et « Menta e Rosmarino » sont fantastiques (pour la première, PAVAROTTI, décédé entretemps, est seulement « présent »), tout comme cette version de « Wonderful Life », le tube de BLACK, avec force arpèges et sensibilité dans le chant de ZUCCHERO. Ce dernier rend hommage à sa défunte mère grâce au titre inédit « Una Carezza », qu'il a destiné à sa propre fille Irene (devenue chanteuse) à l'origine et réécrit pour l'occasion. Belle émotion...

À Vérone, le début est très « ballades », jusqu'à un « Diamante » porté majestueusement et « Il Volo » (public qui atteint les cimes sur le pont), sans Mellotron mais aux claviers tout aussi célestes gérés par Monsieur Sancious, avec un grand « M ». La suite est plus musclée, avec un Sancious cette fois très enflammé à l'orgue Hammond sur « Overdose (d'Amore) », des « Solo une Sana... » et « Il Mare... » débordants de fièvre, un « Diavolo in Me » plus dance et ouvert de façon idéale par Polo Jones, pasteur d'un soir, aidé par les dames choristes.

Cette remontée forte de la batterie d'Adriano Molinari sur la fin de « Con le Mani », et puis cet hommage à SANTANA sur « L'urlo », à l'énergie diablesse et aux cuivres qui rappellent la chanson d'origine (« Everybody's Everything ») !... Même « Baila (Sexy Thing) » atteint un sommet grâce à la prestation de Sara Grimaldi. Bref, difficile de critiquer ce live sur sa musicalité, en revanche peut-être plus sur sa sélection de morceaux, parfois trop orientée reprises.

Néanmoins, il reste une belle pierre à ajouter à sa collection. Une messe pop, blues et soul par un chanteur hors-pair et ses disciples, équivalent incontestable à ce que fait Bruce SPRINGSTEEN en live, mais sur le sol italien !