Nous voici de nouveau face à une couverture d’album de Brute, pour les besoins de la cause industrielle germanique ! Et voilà une Iroquoise poursuivie par un avion qui la canarde alors qu’elle tente de monter dans un train en marche. On sent que la survie est ici à l’oeuvre, espérons que cela ne soit pas le cas, artistiquement parlant ! Sascha Kosnietzko et son épouse Lucia sont en tout cas prêts au sprint sur la ligne de départ, prêts à en découdre. Il s’agit déjà du 23ème opus du géant industriel d’outre-Rhin, une sacrée discographie qu’il convient de prendre le temps de découvrir, croyez-moi, d’autant qu’à 63 ans notre leader préféré n’en a peut-être plus pour longtemps à vouloir jouer les cyberpunks au quotidien.

Sascha enfonce bien le clou décrit par sa pochette racoleuse dès le titre d’ouverture "Let Go" où les grattes et les synthés se donnent la réplique. On s’y éclate bien, même si on n’atteint pas les sublimes standards du groupe. On a d'emblée envie de courir, ce qui est généralement bon signe avec KMFDM. Une vidéo a été tournée pour les besoins du single du coin, "Airhead", que notre sexy Lucia chante avec beaucoup de talent. L’ensemble bien que très lourd sonne mainstream et veut taper dans les billboards. La mélodie est simple mais efficace. "Erlkönig" présente un superbe beat de synthé et une identité qui rappellent immédiatement les potes de RAMMSTEIN. Il faut dire que la langue de Goethe en impose lorsqu’on fait de l’industriel. Le résultat est donc à la hauteur, avec une gratte à la Brian MAY par fugaces moments. Oui, c’est un grand écart !

"Push !" est introduit par une scène stressante où un mec tente visiblement de survivre face à... ? On ne sait, mais Lucia est au commandes de ce titre très synthétisé et manquant un brin de ritournelle à mon sens. Toujours très synth mais nanti d’une batterie lourde à souhait, "Next Move" présente le même genre d’ambiance, un brin comme si la techno était soudainement devenue vocale. Le bridge est quasiment new wave : étonnant mais pas très convaincant. J’avoue ensuite ne pas trop percuter aux nombreux effets spéciaux de "Totem E. Eggs".

"Turn The Light On" voit Sascha entonner un 'spoken word'. La gratte en est agréable mais l’ensemble sonne un brin kitsch par instant. Les interludes de Kaptain K ne me semblent pas bien judicieux et ce titre ne m’emballe guère. "Touch" est ensuite drivé par une Lucia enrobée de synthétiseurs typés eighties et d’effets pyrotechniques en tous genres. Une belle rythmique rampante et des synthés pompiers lancent "WW 2023". Il y a du vieil Indus là-dessous. Cette petite vibe rocksteady n’est évidemment pas pour me déplaire, même si elle sonne un brin déplacée au milieu d’une gratte nucléaire. On retient le refrain bien démonté de "When The Bell Tolls" où Lucia s’arrache franchement les tripes. Enfin, la conclusion est un peu courte sur "Filet Manchego Claret & Bow".

Hormis les trois premiers titres cités qui évoluent dans un bon niveau digne de KMFDM, le reste ne me convainc pas des masses. Il me semble entendre pas mal de filler ou, pire, de vieilles idées remises au goût du jour pour les besoins de la nouvelle galette. Je ne suis donc pas trop enthousiaste sur cette galette, j’attendais bien mieux d’un groupe dont j’aime généralement la démarche artistique. Je suis fort marri de rester sur un médiocre 2 étoiles pour cette livraison 2024.