C’est comme à chaque fois, un beau jour vous prenez conscience du fait que tel ou tel groupe n’est pas représenté dans vos colonnes… Pire vous constatez que l’œuvre n’est même pas disponible chez les collègues de NIME ou à peine… Une cata non ? Alors il faut tacher de réparer les dégâts, comme on peut ! Sascha Konietzko a crée son projet avant-gardiste il y a 38 ans déjà… ouais, une paille ! Groupe teuton majeur de la scène industrielle, je vous ferai l’histoire peu à peu comme il se doit, Sacha joue depuis longtemps avec son épouse Lucia et quelques sbires que je vous présenterai. Sascha aka "KäptnK" crée une musique qu’on qualifiera de metal industriel mais dont l’identité reste très originale, car intégrant une bonne portion de tous les genres pratiqués en Allemagne. Et pour ceux qui ne connaîtraient pas encore : Sascha s’autoproclame "Parrain de l’indus" et KFMDM signifie à peu près "Pas de pitié pour la majorité"… Sympa non comme début ? La pochette cartoonesque est réussie, dans la lignée de ce que fait le groupe, c’est son image.

Les voix de Sascha et de Lucia se mélent pour introduire le très direct "All 4 1", refrain efficace et gros sequencer, l’"ultra heavy beat" est en place. Guitares light ou grasse, drum machine en cavalcade, on est en terre germanique, pas de doute ! Et voyez donc l’éponyme "Hyena", de la new wave de superbe extraction avec synthés percussions et chant à l’avenant. Bien froide comme il se doit, une belle cavalcade… Bien sur dès que le groupe accélère et balance la sauce on passe direct dans un espace temps industriel, les grattes sont destructrices même si la voix de Sascha reste le plus souvent très audible et maîtresse d’elle même. L’ensemble sonne new wave cela dit, un vrai petit bonbon pour les oreilles des eighties.

Mais avec ce diable de Sascha, est-ce vraiment surprenant ? On passe en plein hardcore sur la tronçonnante "Blindface", un morceau dans la tronche sans la moindre compromission, et un étrange solo d’orgue précédant une gratte métallique. On rentre dans une techno très "in your face" avec "AllWrong-But Alright",ou seules des percussions émargent et une basse à la Youth se fait entendre, monolithique même si on déplore un certain manque de fond. "Deluded desperate Dangerous & Dumb" est une petite étrangeté qui mixe des éléments cowboy à la PUSCIFER, des cuivres et du yodel, des grattes punky surf… ouais un vrai bordel l’esprit de notre Sascha ! Impossible de classer ce truc… Punk ? Votre opinion messieurs dames ? Quand au beat lourd et répétitif de "Liquor Fish & Cigarettes", il débouche sur un refrain bien sympa .

Et comme toujours avec le groupe teuton, le dub est à l’honneur, il faut signaler le rootsy "In Dub We Trust", qui risque d’étonner tous les fans d’Indus qui ne connaissent pas encore Sascha et son projet cinglé. Ouais c’est du Reggae avec gratte sous hallucinogènes et basse doumdoumdoum, sympa et avec un cône ça le fait. La courte "Deja Vu" est prétexte à repositionner le genre au centre des débats, gros cuivres rebondis sur des extraits parlés. C’est toujours bluffant d’entendre de telles digressions dans un album d’indus et KMFDM s'est toujours fait le champion de ce genre de causes.

Un titre me semble très au dessus du lot, il s’agit de la lente "Immortaly Yours" chantée par Lucia avec la charge sensuelle qu’on lui connaît. Cette fusion improbable nous ramène à du FRONT 242 et du KILLING JOKE… Aux glorieuses heures du début des eighties... cette basse vibrante n’y est pas pour rien. Etonnant d’entendre de la cold wave en 2022 ? Le résultat est en tout cas une petite merveille, et cette gratte dissonante et claire… on en mangerait. Nous avons un riff hard et du flow sur sur "Rock’n’roll Monster", qui nous montre plus avant encore toutes les capacités du groupe à dérouter l’auditeur, guitare funky et basse à la KORN. Ca s’écoute bien sans sourciller. Rock’n’roll sous amphétamines, "Black Hole" voit Lucia agressive et déterminée, sur une ambiance bien rock entretenue par des cuivres presque déplacés.

Véritable monstre de la musique industrielle, KFMDM n’est pourtant qu’un hydre à une seule tête et son leader Sascha Konietzko entretient une légende aujourd’hui vicace et dynamique. La musique est souvent déroutante et finalement rarement ou o l’attend, une des marques de fabrique du combo made in Hambourg. Cette livraison ne démérite pas le moins du monde et j’abjure au contraire les masses mélomanes a ne pas rater le magnifique "Immortaly Yours" qui dépote son pesant de caramels mous. La note est légèrement au dessus du 3, dont acte.